Sur l'horison déjà d'épaiffes ombres, Du trifte hiver, nous préfage la nuit. Baiffant le ton, la Muse folitaire Conduit nos pas fous la jaune clairière, Et, vers la fin, nous montre la saison.
Il est encor des jours où la lumière, Embelliffant l'azur de l'horison, Verfè l'éclat fur la nature entière. Le do x ruiffeau qui femble friffonner, Demeure encor incertain dans fa course; Et le Soleil, déjà voifin de l'ourfe, Dans nos climats commence à décliner.
Ceux que conduit l'amour de la fageffe, Se dérobant à l'ennui des cités, Viennent alors à pas précipités, Loin du féjour qu'habite la mollesse, De la Nature admirer la beauté : Raffafliés des plaifrs de la Ville, Ils vont goûter dans un champêtre afyle, La paix du cœur & la tranquillité.
Puiffé-je ainfi, rêveur & solitaire, Erter fans guide au penchant des côteaux, Et parcourir ces bois où les oifeaux, Déjà muets, ne fe montrent plus guère..
Heureux encor fi quelque tourtereau Trifte, plaintif, & pleurant fa compagne, Que l'Oifeleur fit defcendre au tombeau, De fes regrets entretient la campagne, Et fe lamente au fommet d'un ormeau. Jufqu'au printems, privé de fon ramage, L'oifeau gémit; il cherche un doux ombrage Et n'apperçoit que des bois dépouillés : Il a perdu l'éclat de fon plumage,
Et ne rend plus que des fons embrouillés. Mais que le plomb des Chaffeurs intrépides, Refpecte encor ces peuplades timides, Dont les concerts animent le printems, Et que les rets des Oifeleurs perfides, N'accablent pas des chantres fi charmans!
Dans fon déclin, agréable & touchante, L'année infpire une plus douce humeur: Des triftes bois la dépouille bruyante, Voit dépéir fon éclat enchanteur,
Et tombe en proie au vent qui la tourmente. Dans les forêts les farouches autans, Vont affaifler la riante verdure: Déjà les prés languissent fans parure, Et l'hiver fombre enveloppe les champs. De ses trésors la branche dépouillée Perd fon éclat, & les bois languiffans
N'offrent à l'œil qu'une fcène ilblée.
Du fentiment c'eft alors la faifon; C'est le moment où la mélancolie cha Semble infpirer cet heureux abandon, Cet abandon que la Philofophie
Permet par fois à Paintère raifol..
Que ne peut point für une ame attendrie:"" Le fentiment? Par d'énergiques pleurs, Tantôt il peint les profondes douleurs Qu'excite en lui l'humanité féie Et gémiflant fous le poids des malheurs 5 Par le moyen de fa vive influence, Tantôt Fair rendre & les traits adoucis, Il charme l'ame, embrafe les efprits, Et dans le cœur verfe la bienfaisance.. L'oeil pénétrant du génie inventeur, Ouvre & déploie, au gré de fon ardeur, Des vérités les fources éternelles : Des paffions auffi fublimes qu'elles, Naiffent bien-tôt avec rapidité, Et des vertus les vives étincelles Élèvent l'ame à la Divinité.
Le tendre amour, l'amour de la Nature, Et le premier de tous nos fentimens, Nous enivrant d'une volupté pure, Produit en nous de généreux élans..
Le foin touchant d'écarter la misère De l'humble toit du timide indigent, De confoler le mérite fouffrant, Du Philofophe embellit la carrière, Er lui procure un plaifir ravissant. Dans fa retraite, il juge, il apprécie Ces hommes vains, orgueilleux & puiffans, Qui, des vertus ainfi que des talens, N'eurent jamais que la fuperficie, Et,s'enflammant au foyer du génie, Des paffions il affianchit fes fens. Préfent des Cieux! feu divin! pure effence! O fentiment! tu charmes l'amitié :
C'est avec toi que tout eft jouissance; Dans tes plaisirs le cœur eft de moitié, Et ton fourire annonce l'innocence!
Par M. Willemain d'Abancourt.
A un Légataire de Chapelain.
AUVRE Damon, tu t'abufes!
Réprime enfin tes ardeurs :
Eft-ce en violant les Muses,
Qu'on jouit de leurs faveurs ?
LE SAVETIER ET LE TEINTURIER.
Mrs bons amis, pour vous défennuyer,
Il faut que je vous fasse un Conte Touchant un Maître Savetier, Haigneux comme un roquet, plus fier qu'un Maltotier,
Et qui fe croyoit à fon compte,
Du Pape, comme on dit, le premier Moutardier. Il avoit paffé la Jurande,
Etoit Syndic pour la feconde fois,
Et Marguillier en charge, infcrit fur la légende ; Les premiers Dimanches du mois, En manteau court, il alloit à l'offrande. Ce perfonnage étoit bossu
Comme un Polichinel. La chronique rapporte Qu'il étoit tant foit peu . . . . ;
Je n'en fais rien, & peu m'importe. Chaque fois que ce Monfignor Alloit reporter de l'ouvrage Un Teinturier du voifinage, Des Teinturiers le Matador, Se rencontroit fur fon passage,
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