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ment dues les vies de Henriette-Marie et de l'archevêque Laud. Les vies des derniers monarques, Charles II et Jacques II, et des deux filles de Jacques II sont dues au D' A. W. WARD. M. STEPHEN préfère s'occuper des grands écrivains, comme, par exemple, Dryden, Milton et Hobbes, mais sa vie du duc de Marlborough nous fait regretter qu'il ne se soit pas plus souvent essayé à des articles politiques. Dans cet article sur Marlborough et dans celui de M. J. M. RIGG sur Penn, les accusations de Macaulay contre ces deux personnages sont discutées, et, pour la plupart, réfutées. De semblables rectifications se trouvent dans la vie de Jacques II, par le Dr Ward, mais, dans la vie de John Graham, vicomte de Dundee, par M. T. F. Henderson, le verdict de l'auteur est au fond plus en accord avec les idées de Macaulay sur la carrière de Dundee qu'il ne s'accorde avec ceux qui le combattent. Il y a beaucoup d'autres articles qui méritent une mention spéciale. J'ai déjà parlé des séries de biographies maritimes du prof. Laughton, contribution de la plus grande valeur pour l'histoire maritime de la période. M. Osmund AIRY, le savant éditeur des lettres de Lauderdale, a fourni une excellente vie du duc de Lauderdale et aussi de Gilbert Burnet, sur lequel il prépare actuellement un travail très soigné. Parmi les biographies des savants, à nous en tenir toujours au XVIIe siècle, celles du Dr MOORE sur William Harvey et de M. GLAZEBROOK sur sir Isaac Newton sont les plus importantes. Une autre série d'articles, sur de grands hommes, se compose de biographies d'auteurs dramatiques. La vie de Ben Johnson, par le prof. HERFORD, celle de Fletcher, par M. BULLEU, et celle de Otway, par M. LEE, avec les nombreuses vies d'acteurs par M. Joseph KNIGHT, méritent une attention particulière. Il y a évidemment des erreurs de détail dans beaucoup d'articles, mais elles ne sont pas nombreuses. Il y a aussi de très consciencieux travaux qui décrivent la vie de personnes sans importance avec une excessive minutie, et une bonne proportion n'est pas toujours gardée dans la longueur relative des articles. Néanmoins, il est universellement reconnu par de bons juges que l'exécution de ce grand ouvrage n'a fait que s'améliorer en avançant.

C. H. FIRTH.

COMPTES-RENDUS CRITIQUES.

Paul WENDLAND. Die Therapeuten und die philonische Schrift vom beschaulichen Leben (Extrait du t. XXII supplémentaire des Jahrbücher für classische Philologie). Leipzig, Teubner, 1895. In-8°, 75 pages.

Le traité de la Vie contemplative, attribué à Philon, a de tout temps suscité de nombreuses controverses. C'est un fait si singulier que l'apparition dans le judaïsme, au rer siècle ap. J.-C., de cette institution monastique des Thérapeutes, décrite par Philon, qu'on a le plus souvent nié l'authenticité de ce traité pour le faire descendre à une époque beaucoup plus basse. Gratz y a vu l'œuvre d'un gnostique ou d'un montaniste du ire ou du me siècle; Lucius l'a mis au ive, et, en méconnaissant le caractère judaïque, il y a trouvé la glorification du monachisme et une imitation des apologistes chrétiens. Renan le croyait de l'école de Philon, d'un de ses disciples immédiats, mais le considérait comme une œuvre fictive, composée par un Juif, pour offrir un idéal de la vie ascétique sous la forme d'un tableau de fantaisie; il se déclarait cependant prêt à se rendre à une solide démonstration philologique qui eût restitué la Vie contemplative à Philon. C'est cette démonstration à la fois philologique et historique qu'a tentée M. W. avec talent et conviction, et aussi, du moins sur la question d'authenticité, avec succès.

Il a pris pour point de départ l'excellente étude de Conybeare sur les manuscrits de Philon (Philo about the contemplative Life. Oxford, 1895). Le traité de la Vie contemplative était sans doute dans le Corpus d'où viennent tous les manuscrits de Philon; il a été utilisé par Eusèbe, Lactance, Origène et très vraisemblablement aussi par Clément d'Alexandrie; il a donc été écrit avant le ive siècle; en second lieu, la parenté étroite qu'offre ce traité avec l'apologétique juive du premier siècle, la préface qui nous le montre comme la suite d'un autre ouvrage de Philon, la polémique qu'il soutient indirectement contre la théologie et la philosophie stoïciennes du er siècle, en particulier contre le philosophe stoïcien Chaeremon, nous obligent à placer la naissance du traité à la même époque. En troisième lieu, l'étude minutieuse de la langue et du style prouve qu'il est bien de Philon; un falsificateur n'aurait jamais pu imiter aussi exactement son modèle. M. W. nous paraît avoir pleinement démontré cette première partie de sa thèse. Mais que penser des Thérapeutes? Ont-ils réellement existé?

M. W., après nous avoir fait d'après Philon le tableau complet de la vie que menaient ces moines juifs sur les bords du lac Maréotis, en Égypte,

s'efforce de prouver que ce n'est pas là un roman inventé par Philon, mais un véritable fait historique. Les Thérapeutes ne sont pas, comme l'avait cru à tort Eusèbe, des chrétiens judaïsants, issus de la communauté fondée en Égypte par saint Marc; ce sont de véritables Juifs, mais des Juifs lettrés, voués à l'étude de l'Écriture et qui trouvent dans la vie monastique le moyen de réaliser leur idéal, l'observation et l'intelligence de la Loi. Le mosaïsme ne répugnait pas autant qu'on le croit généralement à l'institution monastique; les Juifs étaient très portés aux associations et il ne manquait pas autour d'eux de confréries saintes qu'ils pouvaient imiter, par exemple ces ermites du Serapéión de Memphis connus par des papyri et ces prêtres, analogues aux Thérapeutes, dont le stoïcien Chaeremon décrivait la vie. Si, d'autre part, on trouve dans les pratiques des Thérapeutes une ressemblance qui pourrait paraître suspecte, avec la philosophie de Philon, par exemple le dédain de la réalité sensible, la vision extatique de Dieu, c'est que Philon a interprété leurs idées, leurs cérémonies dans le sens de son propre système. Ces explications sont très ingénieuses et très habiles; elles n'entraînent cependant pas la conviction. Nous continuons à croire que Philon a justement imaginé, sur le modèle de ces confréries que signale M. W., une confrérie juive à laquelle il a prêté ses propres idées philosophiques. Ch. LÉCRIVAIN.

Dr Franz Hektor Ritter voN ARNETH. Das classische Heidenthum und die christliche Religion. Wien, C. Konegen, 1895. 2 vol. in-8°, xu-396 et VIII-332 pages.

L'auteur de cet ouvrage à titre vaguement austère nous prévient qu'il s'occupe depuis longtemps de la question, qui est d'expliquer pourquoi et comment le christianisme a si vite remplacé et absorbé le paganisme. Sauf quelques détails historiques, il ne veut rien exclure d'un sujet qui touche à tout, et il réclame le droit de faire de longues citations. Nous voilà prévenus et déjà inquiets. En général, les compilateurs ne font qu'embrouiller des problèmes de cette envergure.

Sur ce, M. d'A. aborde bravement « la religion en général, » et aussitôt voilà que le préhistorique s'éclaire à la lumière de l'actualité la plus présente guerre de Crimée, mahdisme, antisémitisme (p. 3). Pour prouver que, comme les sauvages, les esprits d'élite ont le sentiment religieux, c'est un défilé de témoignages empruntés à J.-J. Rousseau, Voltaire, H. Heine, Ch. Darwin, L. Ranke, Bismarck et Moltke. M. de Bismarck remplace sans désavantage, même pour nous, Napoléon Ier, dont les mots ont vraiment trop servi à nos curés de campagne. Puis viennent des citations de Du Bois-Reymond, Suess, Lubbock, A. Comte, Tyndall, Bastian, W. Bender, O. Peschel, Shakespeare, Goethe, etc. Chemin faisant, des notes, où figurent, par exemple, cinquante-huit vers d'Hésiode traduits en hexamètres allemands (p. 22-23), recueillent le

trop-plein des lectures. Tout cela, entremêlé d'indications bibliographiques qui encombrent et empâtent le texte, passe, à la façon d'un torrent chargé d'épaves, devant le critique ébahi, qui ose à peine faire observer que le mot fameux : Primus in orbe deos fecit timor n'est pas de Lucrèce (p. 30), mais de Stace (Theb., III, 661), et que Renan avait inventé le désert monothéiste avant O. Peschel (p. 31).

En fait de mythologie grecque, bien des gens ignoraient qu'Apollon et Aphrodite fussent dolichocéphales, et Zeus et Héraklès brachycéphales. J'en sais même d'assez obtus pour ne pas sentir toute la portée de la « belle remarque de Retzius » (p. 73) et pour ne pas prendre au sérieux la mesure du crâne des statues.

L'étude de l'influence morale de la religion hellénique entraine une revue des moralistes, des poètes et philosophes, d'abord jusqu'à Socrate (p. 102-119). La recherche de l'influence politique nous ramène aux Pélasges, Phéniciens, Doriens; elle se poursuit à travers la succession des formes politiques, royauté, aristocratie, tyrannie, démocratie, tout cela mis en rapport avec la poésie lyrique, la musique, les mystères, les oracles, enfin avec la doctrine de l'immortalité de l'âme (p. 119-144). Puis le défilé recommence : prosateurs, philosophes, poètes dramatiques, enfin Socrate et les socratiques; tous exprimant leur opinion sur les questions de religion et de morale (p. 144-242). Il va sans dire que tous ces petits résumés mis bout à bout ne constituent pas un raisonnement. On ne sait plus quelle part d'influence attribuer à la religion dans l'œuvre de ces esprits indépendants, qui sont presque tous émancipés de la foi populaire.

L'auteur, qui, pour avoir piétiné sur place, croit sans doute avoir fait beaucoup de chemin, reprend haleine dans un intermède consacré à l'ancienne religion romaine et à ses transformations» (p. 242-273). Encore un résumé de lectures rapides, avec des références étonnantes. Qui se fût avisé, par exemple, d'aller chercher l'inscription du tombeau des Scipions dans les Zeittafeln de Peter?

Enfin, une transition dépourvue d'artifice (p. 272) nous apprend que l'auteur, « comme pour prendre congé de l'antiquité, va traiter deux sujets d'importance majeure, déjà signalés dans la préface: les oracles et les sibylles. Je n'irai pas jusqu'à dire, de peur de paraître céder à quelque dépit secret, que M. d'A. fait ici preuve d'incompétence et n'a pas su se renseigner; il s'est promené, suivant son habitude, autour du sujet, au hasard de ses lectures, hasard qui lui a fait rencontrer, entre autres sources d'informations, un livre de Leo Taxil sur la francmaçonnerie (p. 318).

De la divination grecque, nous passons brusquement au judaïsme, étudié à la course, depuis Abraham jusqu'à la destruction du Temple, et à tous les points de vue, histoire politique, sociale, religieuse, captivité, dispersion, domination des Babyloniens, des Lagides et des Séleucides, sans oublier le prophétisme, l'ascétisme, le messianisme, etc. (p. 318-396). Les références sont, comme toujours, accrochées à un détail

quelconque, et nous renvoient tantôt à quelque Histoire universelle et tantôt à un manuel de géographie (p. 326).

En général, M. d'A. aurait bien pu, sans cesser d'être consciencieux et sans s'approprier le bien d'autrui, démarquer un peu plus ses lectures, diminuer le nombre des intermédiaires qui tantôt lui montrent et tantôt lui cachent les sources. Il est impatientant d'être renvoyé à Schlosser pour un texte très caractéristique de Tertullien (II, p. 83), tandis qu'une citation insignifiante de Démosthène (I, p. 305) traîne après elle ce lourd bagage In Midiam, p. 611, édit. Wolf. Frankf., 1604, fol., et que l'authenticité de quatre lignes de Renan est garantie par un renvoi à une traduction allemande, dont on indique soigneusement l'auteur, le lieu et la date de publication, une véritable annonce de librairie (p. 319). Ce n'est sans doute ni candeur, ni affectation, mais simplement caprice et absence de méthode. M. d'A. vide ses cartons et utilise telles quelles ses notes d'écolier.

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Je ne m'attarderai pas à allonger la liste des méprises auxquelles expose cette façon de travailler (cf. S. Reinach, Rev. critique, 3 févr. 1896, p. 72-75). L'incohérence, l'entassement de faits inutiles, l'oubli perpétuel du sujet, de la thèse à démontrer, suffisent à excuser le lecteur qui, après avoir parcouru le premier volume, se sentirait trop las pour aborder le second. Ici, c'est toute l'histoire du christianisme, intérieure et extérieure, depuis le Logos philonien - qui remorque une longue digression sur l'apothéose des empereurs (p. 8-34) jusqu'au règne de Justinien, le tout couronné par un xxIIe chapitre, absolument inattendu, sur les principaux sanctuaires païens, Dodone, Delphes, Olympie, le temple de Jupiter Capitolin et le Parthénon. Le Parthénon est placé en dernier lieu pour amener le mot de la fin, que M. d'A., modeste et impersonnel jusqu'au bout, emprunte à un article de M. Gaston Deschamps la Panaghia byzantine trônant dans le sanctuaire d'Athena. Ce hors-d'œuvre, qui aurait moins choqué sous le titre d'Appendice, fournit à l'auteur l'occasion de distribuer à la ronde quelques politesses. A propos des fouilles de Delphes, il aurait volontiers fait au savant qui les dirige le même honneur qu'à MM. Pomtow et Furtwängler, mais il faut croire qu'il n'a pas su le découvrir sous les initiales T. H. qu'il a rencontrées dans le Bull. de corr. hellénique. On ne peut s'empêcher de sourire en le voyant citer « notre informateur T. H. » (p. 305). Si discret que soit M. Th. Homolle, il ne se croyait sans doute pas si bien masqué. En somme, une fois prévenu contre la déception que l'on éprouverait à chercher dans ces deux volumes des idées neuves ou des considérations ordonnées et aboutissant à une conclusion, on peut compulser avec profit ces matériaux amassés par un amateur instruit, sérieux, consciencieux, d'esprit ouvert et libre, qui s'est cru trop facilement ou trop tôt en mesure d'aborder une tâche disproportionnée à ses forces.

A. Bouché-Leclercq.

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