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avec soin exposerait toutes les difficultés de l'entreprise proposée par l'Espagne. Les ambassadeurs de Hollande et d'Angleterre en pesèrent les termes et apposèrent leurs signatures à côté de celles des maréchaux de Villars et de Berwick. Spinola répondit par écrit aux objections formulées dans ce mémoire, et, sous prétexte que son séjour à Paris était sans utilité pour son maître, il demanda ses passeports. Fleury, qui ne voulait pas refuser toute espèce de satisfaction à la cour de Madrid, assembla de nouveau les ambassadeurs de Hollande et d'Angleterre avec les généraux Grovestein, Amstrong et les maréchaux Villars et Berwick. La réponse de Spinola fut discutée, et le cardinal demanda que les alliés prissent de concert des mesures tant pour faire exécuter le traité de Séville que pour mettre des bornes à l'insatiable ambition de la reine d'Espagne. Lord Arrington répondit froidement que, puisque l'on avait promis à l'Espagne d'attaquer la Sicile dans le cas où il ne serait pas possible d'aller à Naples, il fallait lui tenir parole, et il finit par avouer à Villars que, dans son opinion, la guerre deviendrait générale. « Pourquoi donc, lui répliqua Villars, puisque vous commencez une guerre générale et que vous êtes les maîtres d'attaquer par où vous voudrez, pourquoi débuter par l'entreprise la moins sage, puisque c'est la plus coûteuse et la plus difficile? » Après une discussion de trois heures, où les Hollandais et les Anglais laissèrent voir leur répugnance à recourir aux armes, il fut résolu que l'on poserait les bases d'un traité en vue d'une guerre générale, et que les hostilités cesseraient le jour où l'Empereur consentirait à

l'entrée de garnisons espagnoles dans les villes de Florence et de Parme, Le marquis de Spinola ayant reçu sur ces entrefaites une dépêche où le roi d'Espagne lui mandait qu'en cas qu'on ne voulût pas aller à Naples, il aimerait encore mieux qu'on attaquât la Sicile que de ne rien faire, Fleury convoqua de nouveau les représentants de la Hollande et de l'Angleterre. Il fut arrêté qu'on tenterait un dernier effort pour conjurer la guerre. Un ultimatum, envoyé à Vienne le 30 mai 1730, assura à l'Empereur que le traité de Séville n'avait pas la portée qu'il lui avait attribuée. La France, l'Angleterre et la Hollande, confirmant « la déclaration déjà faite à Sa Majesté Impériale des motifs qui les avaient déterminées, >> proposaient de nouveau d'expliquer « le sens de ce traité pour le restreindre au même effet et au même objet qu'avait toujours eus la stipulation des garnisons neutres,» persuadées que cette interprétation déterminerait << Sa Majesté Impériale à consentir à l'exécution d'un traité qui ne pouvait lui causer aucun préjudice. » Si, ajoutait l'ultimatum, « l'Empereur se portait, en consentant dès à présent à l'introduction des garnisons espagnoles, à terminer l'affaire d'Ostende, à régler avec les Allemands celle d'Ostfrise et de Mecklembourg, et à convenir que, lors de l'établissement des princesses ses filles, il ne serait rien fait qui pût être nuisible ou contraire à la balance nécessaire pour la tranquillité publique,... la France, l'Angleterre et les États-Généraux s'engageraient » à garantir par des articles secrets les arrangements de succession que l'Empereur pourrait faire pour ses États d'Italie, et les avantages qu'il assurerait, tou

jours en Italie, à l'aînée des archiduchesses ses filles. >> L'Empereur répondit à cet appel adressé à ses sentiments pacifiques, en retraçant les efforts qu'il avait faits pour affermir le repos de l'Europe. Il se plaignit de la conclusion du traité de Séville « à son insu et exclusion, » et soutint qu'introduire « des troupes espagnoles dans les places fortes de Toscane et de Parme, c'était contrevenir à un des plus importants points établis par un consentement unanime des principales puissances de l'Europe pour en fixer l'équilibre. » Il refusa donc d'accéder aux demandes des alliés, cependant comme il était, aussi bien que la reine d'Espagne, guidé dans sa conduite par les intérêts de sa famille il ajoutait : « Après des marques si éclatantes... du vrai désir que l'Empereur a d'entretenir une bonne intelligence,... il ne peut pas être difficile de s'entendre... Tout déterminé que l'Empereur est de ne pas se laisser lier les mains au sujet . de l'établissement de ses filles, il n'a néanmoins nulle répugnance de renouveler les assurances qu'il a tant de fois données ;... mais, après une offre si équitable et si avantageuse, il doit être en droit d'insister sur la garantie de l'ordre de la succession dans la même forme et généralité en laquelle il s'en est chargé en faveur des autres puissances. Comme il n'y a rien de douteux dans cet ordre de succession, il ne peut y avoir nulle difficulté de le garantir; il se trouve établi depuis un temps immémorial dans l'auguste maison d'Autriche... Il a paru à juste titre surprenant à l'Empereur » que, dans les propositions qui lui ont été faites, « on ait fait semblant de l'ignorer et même de supposer tout le contraire... Ce serait avoir des

vues bien opposées au repos de l'Europe et à son équilibre... que de vouloir restreindre la garantie dont il s'agit aux seuls États que l'Empereur possède en Italie et à une seule de ses filles;... mais, supposé que la France, l'Angleterre et les États-Généraux des Provinces-Unies consentent aux justes désirs de l'Empereur, il sera aisé de terminer à l'amiable l'affaire du commerce d'Ostende... »

Irritation de la cour de

Madrid contre correspondance

la France,

du marquis

L'irritation des souverains espagnols fut extrême à la lecture de l'ultimatum envoyé à Vienne. Ils accusèrent Fleury d'abuser de la confiance qu'ils lui avaient témoignée, et la reine, apercevant l'ambassa- de Brancas. deur français, le marquis de Brancas, à la sortie du Conseil, lui dit avec vivacité : « Je ne veux point parler, crainte de n'être pas maîtresse de mes paroles. Parlez au marquis de La Paz. » Ce ministre lui exprima l'étonnement causé à ses maîtres par le manque de parole de la France, qui faisait échouer l'expédition préparée contre Naples. Philippe V, à l'appui des plaintes de son ministre, ajouta qu'il lui avait été assuré que la France traitait avec l'Empereur. Brancas, en mandant ces nouvelles à Versailles, fit observer que les dépenses de l'Espagne avaient été si considérables qu'il serait impossible de les renouveler, si la guerre était ajournée à l'année suivante. Cette situation financière, qui pouvait entraîner la cour de Madrid dans des partis violents, préoccupait beaucoup le gouvernement français, et Villars exprima plusieurs fois la crainte que l'Espagne ne s'entendît secrètement avec l'Empereur.

Les Anglais laissaient percer de plus en plus leur résolution de ne pas attaquer l'Empire, sans dissi

Abdication

du roi de Sardaigne Victor-Amédée.

muler d'ailleurs qu'une guerre entreprise par la France et l'Espagne contre l'Empereur ne leur serait pas désagréable. Le marquis de Spinola étant retourné en Espagne, où il avait été fort mal reçu à cause du peu de succès de sa mission, les réunions des généraux et des ambassadeurs continuèrent, malgré son absence, à Versailles. Il y fut décidé qu'avant d'entrer en campagne, il fallait s'entendre sur toutes les éventualités qui pourraient se présenter entre les alliés. Fleury donna avis de cette résolution au marquis de La Paz, qui se hâta de communiquer sa lettre aux ministres anglais. Ils nièrent que l'on fût convenu de n'agir qu'après l'adoption d'un plan de guerre générale, faisant retomber ainsi sur la France seule l'odieux d'une inaction qui mettait la cour de Madrid dans une grande colère. Les ambassadeurs d'Espagne eurent ordre d'exiger du cabinet de Versailles une réponse catégorique et de déclarer que, les lenteurs de l'Empereur ayant entraîné l'Espagne dans de grandes dépenses, elle ne pouvait plus se contenter de l'introduction de ses troupes dans les duchés, mais qu'elle réclamait la restitution de Naples et de la Sicile. Le marquis de Brancas, embarrassé du rôle qu'il jouait à Madrid, demanda son rappel, et le marquis de Castelar, ministre de la guerre en Espagne, vint à Paris pour essayer de faire écarter le cardinal Fleury du ministère et d'entraîner la France dans les projets de Philippe V.

Pressée de se créer des alliés, la cour de Madrid avait offert une partie du Milanais, puis le Milanais tout entier au roi de Sardaigne, à condition qu'il favoriserait ses desseins sur l'Italie. Victor-Amédée,

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