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tion par le zèle & l'attention des Intendans qui fe font fuccédés. C'eft ce que l'auteur fait voir dans cinq Chapitres, contenant des espèces de vies, éloges & généalogies des cinq premiers Intendans de Rochefort. M. de Terron fit bâtir la Corderie, les forges, le grand magazin, & conftruire un gros vaiffeau & deux galiottes. Il préparoit ainfi la fondation de Rochefort dont il faut placer l'époque à l'année 1666, felon la médaille qui fut frappée à ce fujet. On y voit d'un côté le bufte de Louis le Grand, & au revers le plan de la ville, du port & de l'arcenal'; Neptune y paroît fur fon char au milieu de la Charente. Ce fut cette même année que Louis XIV établir l'Académie des Sciences à Paris.

Il falloit, dit l'auteur, que ce Prince, pour agir fagement & conféquem»ment, fe comportât de la forte; la » fondation de Rochefort & l'Académie » des Sciences ont un rapport mutuel, puifque l'une fournit les vaiffeaux, & que l'autre enfeigne l'art de les bien conduire. » L'établiffement de Rochefort ne commença à prendre figure qu'en 1669. Le Roi l'érigea cette année en bourg fermé par Lettres-Patentes,

& accorda aux habitans la faculté de compofer un Corps de Ville, d'élire des Syndics, des Procureurs, &c. Après avoir pris les emplacemens néceffaires pour les édifices publics, l'Intendant abandonna le refte du terrein aux particuliers qui firent bâtir des maisons en fuivant le plan qu'on leur avoit tracé. L'ouvrage a été conduit felon toutes les règles de l'art, & offre à la vûe un des plus beaux fpectacles qui foit en ce genre, parce que c'eft un des plus réguliers. Cette ville eft fituée à une lieue & demie de l'embouchure de la Charente. Elle eft faite en forme de péninfule, parce que les replis tortueux de la rivière l'entourent prefque toute entière. Ses avenues font difficiles à caufe des marais qui l'environnent; elles ont été cependant rendues praticables par des ponts & des chauffées. La ville fut tracée par Blondel, Ingénieur. Elle a dans fa plus grande longueur environ douze cens toiles, & quatre cens quarantecinq de largeur. Elle eft compofée de foixante-fix ifles; chaque isfle est entourée de quatre rues fort larges. La grande large de dix toifes, eft plantée de deux rangées d'arbres; la place, qui eft

rue,

au centre de la ville, eft longue de cin quante toifes, & large de quarante. La ville eft renfermée d'une fimple enceinte, en partie revêtue de maçonnerie, & d'un retranchement de terre, flanqué de petits baftions & de redents dont les extrémités font appuyées fur les bords de la rivière. Au long de ces ouvrages regne un foffé & un rempart, le premier très - imparfait n'ayant que cinq à fix toifes de largeur, & quatre à cinq pieds de profondeur, le fecond planté de deux rangs d'arbres. Telle eft, Monfieur, la defcription générale de la ville de Rochefort; mais, pour en donner une connoiffance plus exacte, l'auteur entre dans le plus grand détail de tout ce qui s'eft fait pour la conduire au point de perfection où elle eft actuelle

ment.

M. de Terron, qui avoit fondé la ville de Rochefort en Romulus, la poliça en Numa; c'est pourquoi il fit venir des Capucins, & leur fit bâtir un Couvent. L'hiftoire de cet établiflement occupe ici une place diftinguée. M. Demuin, fucceffeur de M. de Terron, entra parfaitement dans toutes les vûes de fon prédéceffeur. Une grande partie des ha

bitans de la nouvelle ville y avoit cherché un afyle à leur mauvaise conduite, ou une reffource dans leur infortune. « Ces difpofitions, jointes à l'affoupiffe»ment de la Juftice qui n'étoit point > encore bien formée ni bien attentive, » les avoit rendus fort débauchés. Ils » n'eurent pas befoin, comme les Ro» mains, d'enlever des Sabines; une » multitude de femmes de mœurs dé

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réglées vint s'offrir à leur paffion. La » réforme de cette licence effrénée fut » le premier objet de la piété de M. » Demuin. Il employa d'abord contre ce déréglement la prédication & le

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zèle des Capucins; mais, comme un » autre Moyfe, voyant qu'il falloit des » remèdes plus violens contre les féduc» tions de ces filles de Moab, il donna » commiffion de les chaffer au Prévôt de » la Marine, qui y travailla avec un fuccès plus heureux. «

M. Demuin fut remplacé par M. Arnou. Ce dernier, ainfi que fes devanciers, s'intéreffa à tout ce qui devoit conduire Rochefort à fa perfection. Il s'attacha particulièrement à former les claffes des matelots, & il y établit un fi bel ordre, qu'il fervit de règle à tous les

ports du Royaume. On doit encore à fes foins & à fon habileté la conftruction des nouvelles Formes. On appelle ainfi un grand efpace fur les bords de l'eau pour la conftruction ou le radoub des vaiffeaux. La Forme eft ordinairement renfermée de murailles, pour empêcher que la marée n'y entre jufqu'à ce que la conftruction ou le radoub foient achevés. Alors on ouvre une éclufe ou des portes qui laiffent entrer l'eau dans la Forme, & mettant le vaisseau à flot, donnent le moyen de l'en faire fortir. Les connoiffeurs conviennent

que les nouvelles Formes de Rochefort font le plus bel ouvrage qu'on puifle voir dans ce genre; elles offrent à la vûe un fpectacle charmant qui retrace l'idée de ces magnifiques amphithéâtres fi célèbres chez les Romains. L'auteur en fait une ample defcription, ainfi que des autres édifices, tels que la Corderie, la Fonderie, le magafin des vivres, l'Arcenal, l'Hôpital de la Marine, &c, &c.

M. l'abbé Boutard a fait en vers Latins des infcriptions pour être mifes en François par l'auteur de cette hiftoire. Voici celle qui fe lit fur le frotifpice de la Corderie.

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