Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

avoit des marbres & quelques infcriptions. On y admiroit furtout un Mercure de pierre, d'un pied & demi de hauteur, parfaitement beau & très bien confervé; il avoit été trouvé dans le puits du village. On y voyoit auffi un tombeau très-ancien, & l'ichnographie que M. Foucault avoit fait tirer de tous les lieux qui avoient été découverts dans le temps de la fouille, tels que la place d'un gymnafe des anciens Romains & de leurs bains. Mais ces curiofités n'y reftèrent que jufqu'à fa mort arrivée en 1721; elles furent tranfportées à Paris, & on affure qu'une bonne partie paffa alors dans le cabinet de feu M. de Boze. Dans la même maison on a confervé par refpect, pour la mémoire de Madame Scudéry un arbre fous lequel elle étudioit, quoique cet arbre nuife beaucoup dans la place qu'il occupe. Cette maifon appartient préfentement à M. d'Avaugour.

Les Chanoines de Paris jouiffoient autrefois de la feigneurie de Creteil. Il en refte une preuve bien authentique dans ce qui arriva à Louis VII. Ce Prince allant à Paris fut furpris de la nuit, & fut obligé de loger dans ce village. Il y

foupa & les habitans fournirent la dépenfe. Dès le grand matin les Chanoínes en eurent avis, & en furent fort affligés. Ils fe dirent les uns aux autres: » C'en eft fait, les privilèges font per»dus; il faut que le Roi rende la dé

[ocr errors]

penfe, ou que l'office ceffe dans notre Eglife. Le Roi vint à la Cathédrale dès le même jour, suivant la coûtume où il étoit d'aller à la grande Eglife quelque temps qu'il fit. Trouvant la porte fermée, il en demanda la raison, difant que fi quelqu'un avoit offenfé cette Eglife, il vouloit la dédommager. On lui répondit: » Vraiment, Sire, c'eft vous » même qui, contre les coutumes & li»bertés facrées de cette fainte Eglife » avez foupé hier à Creteil, non à vos frais, mais à ceux des hommes de » cette Eglife. C'eft pour cela que l'of»fice a ceffé ici, & que la porte eft fer»mée, les Chanoines étant réfolus de: plutôt fouffrir toutes fortes de tour» mens, que de laiffer de leur temps enfreindre leur liberté. Le Roi frappé de ces paroles répondit: Ce qui eft » arrivé n'a point été fait de deffein prémédité. La nuit m'a retenu en ce: lieu, & je n'ai pû arriver à Paris com

[ocr errors]
[ocr errors]

» me je me l'étois propofé. C'eft fans force ni contrainte que les » Creteil ont fait de la dépense pour gens de moi. Je fuis fâché maintenant d'avoir accepté leurs offres. Que l'Evêque "Thibaud vienne avec le Doyen Clé »ment, que tous les Chanoines approchent, & furtout le Chanoine qui eft »Prévôt de ce village; fi je fuis en tort, je veux donner fatisfaction; fi je n'y » fuis pas, je veux m'en tenir à leur

avis Le Roi refta en prières devant la porte en attendant l'Evêque & les Chanoines. On ouvrit les portes ; il entra dans l'Eglife, y donna pour caution du dédommagement la perfonne de l'Evêque même. Le Prélat remit en gage aux Chanoines deux chandeliers d'ar gent; & le Roi, pour marquer par un acte extérieur qu'il vouloir fincerement: payer la dépenfe qu'il avoit caufée, mit de fa propre main une baguette fur l'autel. Toutes les parties convinrent de la faire conferver foigneufement, parce qu'on avoit écrit deflus qu'elle avoit été offerte en mémoire de la confervation des libertés de l'Eglife..

Voilà, Monfieur, ce que contiennent de moins ennuyeux les trojs derniers

volumes de cette hiftoire. Dans les divers articles qui la compofent, l'auteur recherche d'abord l'étymologie du nom de chaque lieu, fon origine, fon antiquité, les changemens, le nombre des habitans, &c. Il fait enfuite une affez ample description de l'Eglife de la Paroiffe, il en rapporte les titres, les épitaphes, les archives; il en fait connoître le Fondateur, le Deffervant, le Patron, les Fêtes, les Saints, les Reliques, & fi le village ou le bourg a produit: quelque homme de bien, quelque femme vertueufe, quelque perfonnage célè bre, quelque homme de Lettres, il në: manque jamais d'en inftruire fes Lecreurs. Il leur apprend auffi quels ont été en différens temps les Seigneurs de cha-que Paroiffe, ceux qui le font actuellement. Vous trouverez ces recherches1 plus utiles qu'agréables; mais M. l'Abbé le Beuf n'a pas prétendu faire un ou vrage d'agrément..

L'Hiftoire Confidérée vis-à vis de la Re ligion, de l'Etat & des Beaux Arts,· Difcours prononcé le 20 Mai 17577 par M. de Méhégan.

L

A l'exemple d'Athènes, il s'élève dér

tous côtés, Monfieur, dans notre ville de Paris des Portiques & des Lycées. M. de Méhégan avoit imaginé d'ouvrir une de ces Ecoles publiques fous le titre de Cours d'Etudes, où l'on enfeignera les langues Françoife, Italienne, Angloife, & Allemande, la Géographie, l'Hiftoire, la Littérature Françoife, & les Mathé matiques. Un pompeux Profpectus où tous les avantages de ce Cours étoient décrits avec emphase, fut diftribué dans le Public. M. de Bibiena devoit montrer 'Italien, M. Williams l'Anglois, M. Loeffler l'Allemand, M. de Brous, Ingénieur du Roi, les Mathématiques, enfin M. de Méhégan l'Hiftoire, la Géographie, la Littérature Françoife, & fans doute notre langue. Il s'étoit décidé pour l'Histoire par des Confidérations fur les Révolutions des Arts, par l'Origine des Guèbres, & quelques autres petits Romans. Il auroit pû donner auffi des leçons de Poëfie avec la même aifance & le même fuccès. Le bureau d'in fcription & d'adreffe étoit chez Brocas Libraire, rue S. Jacques, qui auroit indiqué les conditions; on avoit choifi pour le lieu d'affemblée une chambre garnie au quatrième étage dans l'Hô

« VorigeDoorgaan »