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même, de démêler & de fuivre les nuances de fes progrès. Telle rime, tel mot, tel tour de phrase se trouvent employés par ce Poëte en 1600, qui font condamnés & profcrits en 1604. C'eft, pour ainsi dire, l'hiftorique de la révolution qu'il a produite dans notre langue & dans notre Poëfie. Le Difcours fur les obligations, &c, tend au même but, comme vous l'avez vû, & mérite d'autant plus d'attention que Malherbe y parle lui-même. Enfin, la Table Raifonnée qui termine ce beau volume, achève de remplir le projet de l'Editeur. Elle offre dans un choix de Variantes les preuves des efforts continuels que faifoit Malherbe pour atteindre le mieux. Elle renferme auffi quelques détails littéraires, un petit nombre de Remarques Hiftoriques & Critiques, & des Paffages d'Anciens & de Modernes, avec lesquels certains tours de notre Poëte ont de la reffemblance. L'Editeur doit la plûpart de ces paffages aux remarques de Chevreau fur les Euvres Poëtiques de Malherbe, & le reste aux Observations de Ménage, comme il l'avoue lui-même avec toute la fincérité d'un modefte & fçavant Compilateur.

Voilà, Monfieur, la jufte idée que vous devez avoir de cette nouvelle & magnifique Edition de Malherbe. Elle l'emporte à tous égards fur toutes celles qui ont paru. Nous la devons aux foins littéraires de M. de Saint-Marc, déja connu par ce genre de travail. Mais les autres Poëtes qu'il a commentés ne le font pas avec autant de foin, de précifion & de goût. Le fieur Barbou, rue Saint Jacques aux Cicognes, mérite les plus grands éloges par rapport à la partie Typographique. La beauté du caractere, le choix du papier, la propreté de l'exécution, ne laiffent rien à defirer. Il s'y eft gliffé deux ou trois fautes d'impreffion aifées à fuppléer. On en a tiré quelques exemplaires fur du papier de Hollande pour contenter les curieux. L'Editeur & le Libraire méritent toute la reconnoiffance du Public. Je leur dois en mon particulier des remercimens perfonnels. L'honneur que j'ai d'appartenir au grand Malherbe du côté de ma mère, me rend plus intéreffante & plus précieuse cette édition de fes Poëfies, que j'ai fçues par cœur dès mon enfance, & où j'ai appris à lire.

Vers à M. le Duc de Duras, Premier Gentilhomme de la Chambre du Rọi.

Melpomène & Thalie font particulièrement attentives, Monfieur, au choix que fait SA MAJESTÉ des premiers Gen-` tilshommes de fa Chambre, qui, parmi leurs fonctions honorables, comptent avec plaifir celle de veiller aux talens de la déclamation Dramatique, de recevoir & d'encourager les Acteurs & les Actrices qu'ils jugent capables de bien rendre ce que ces deux Mufes enfantent de plus fublime. Quelle a été leur fatisfaction, lorfqu'à la place vacante par la mort de M. le Duc de Gefvres le Roi a nommé M. le Duc de Duras, un de leurs amateurs & de leurs Micènes les plus ardens & les plus éclairés! M. Poinfinet le Jeune a célébré cet heureux événement dans ces vers agréables & faciles.

C'eft vers vous, digne objet des vœux de l'Ao

nie,

Que ma voix s'élève en ce jour:

Duc adoré, c'est vous dont la fage Uranie, Le Dieu des Arts, Mars, Minerve & l'Amour,

Ont

W

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Ont pris plaifir à former tour à tour

Les fentimens, le goût & le génie :

Vous, qu'entre cent rivaux Louis vient de choifir,

Vous, la fleur des François & l'amour de nos

Belles ;

Sous vos heureuses loix jaloux de s'affervir,
J'ai vu la Gloire & le Plaifir
Oublier près de vous leurs ailes.

Пlbrille enfin ce jour marqué par l'Equité,
Où du fort des François l'auguste & cher Ar-
bitre

Porte au plus beau des rangs votre jufte fierté.
Mais, quel que foit l'éclat de ce glorieux titre,
Duc, il vous fuffifoit de l'avoir mérité :
Oui, le mérite feul eft l'idole du Sage.
Laiflons un peuple aveugle encenfer la Gran-

deur;

Les vrais titres font dans le cœur;

Et, quand j'ofe en ce jour vous offrir mon hommage,

Je chante l'homme & non le grand Seigneur. J'ai laiffé près de vous courir l'ardente preffe ; J'ai vu des courti fans l'ambitieux fracas; J'ai vu de nos beautés la troupe enchantereffe, Se dépouiller de fleurs pour en couvrir vos pas: Dans tous les cœurs & dans tous les états J'ai vû briller les feux de l'allégreffe; An. 1757. Tome VII.

H

J'excepte les Flatteurs, vous n'en connoiffer

pas.

J'arrive le dernier, qu'aurois-je pû prétendre ?
Qui m'auroit diftingué parmi de tels rivaux ?
Quand du bruyant clairon les fons fe font en-
tendre,

Daigne-t-on écouter les foibles chalumeaux ?
Tant de fafte & d'éclat obfcurcit un Poëte.
Son fort eft d'imiter la tendre violette;
D'un parterre pompeux elle craint la fplen
deur;

Timide, elle se cache & fuit dans la prairie ; Mais, dès qu'il faut parer le beau sein d'E gérie,

Un fentiment de gloire anime fa couleur ;
Aux plus brillantes fleurs jaloufe d'être unie',
Elle répand comme elles fon odeur,
Et quelquefois elle eft chérie.

Je fuis, &c.

A Paris, ce 8 Novembre 1757.

L

LETTRE VIII.

y a

Des Tropes.

Ꮮ quelques mois, Monfieur;

qu'on nous a donné une nouvelle édition des Tropes ou des différens fens

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