Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

voir la faftueufe & bifarre cérémonie du mariage du Doge avec la mer Adriatique. Ce fut là, Monfieur, qu'il fe fentit frappé du coup mortel. L'efpoir, le dernier de nos confolateurs, & la réputation du célèbre Docteur Cocchi le déterminèrent à aller paffer l'Eté à Florence; il n'étoit plus temps; la pulmonie & les causes d'une deftruction prochaine s'étoient déclarées. La fcience, l'eftime, & le tendre attachement de M. Cocchi furent inutiles; &, pour s'épar gner un fpectacle auquel il auroit été trop fenfible, il confeilla à fon jeune ami, déja prefque mourant, d'effayer les reffources de fon air natal. Il partit de Florence; il apperçut fa patrie du haut du Mont-Cenis; il fourit en la voyant; elle eut fon dernier foupir; il étoit à peine defcendu dans Saint Jean de Maurienne qu'il fut faifi d'une fueur froide qui ne ceffa qu'avec fa vie. Il eft mort dans cette ville le 20 Août de cette année, à l'âge de vingt-fept ans

& dix mois.

Monfieur Patu fçavoit le Latin, l'Anglois, l'Italien, & parloit toutes ces langues avec autant d'élégance & de

facilité que la maternelle. Il en connoiffoit tous les bons auteurs, les avoir lus avec goût, & en auroit approché par fes talens perfonnels, fi fa carrière eût été plus longue. Il avoit un défaut qu'il tenoit de la nature; c'étoit des diftrace tions fréquentes; mais, comme elles étoient involontaires & fans affectation, elles ne pouvoient être injurieufes.

J'ai compofé cet article, Monfieur, d'après ce que je fçavois moi-même de M. Patu, que j'ai connu particulièrement, & fur un Mémoire que m'a adreifé M. Yon, proche parent de ce jeune auteur. Comme Monfieur Patu a laiffé des manufcrits parmi lefquels il y a fûrement des morceaux ingénieux & agréables, j'invite M. Yon à obtenir de la famille qu'ils foient rendus publics. Je fuis, &c.

1

Lettre de M. Touffaint à M. Carle
Vanloo.

Cette Lettre a déja été imprimée ; mais elle ne fçauroit l'être trop pour la gloire de M. Vanloo & pour la juftifi sation de M. Touffaint, au fujet de la

tique du Sallon. Il ne faut que la lire pour voir en effet qu'il eft très-innocent.

MONSIEUR,

Je ne crains rien, ou crois ne devoir rien craindre de la part du Gouvernement. Mais, comme je fais profeffion d'être un galant homme, je n'en fuis pas moins défefpéré d'avoir fervi d'inf trument à la publication d'une Lettre, dont j'apprends que vous vous tenez pour offenfé; car, quoique je ne l'aie point faite moi-même, comme fans doute vous en êtes perfuadé, Monfieur, je fens bien que vous me pouvez rendre refponfable de quelques expreffions peu ménagées qui y font reftées, malgré le foin que j'ai pris d'en adoucir le ton. Comme je n'avois pas le deffein d'offenfer, je ne ferai point chiche de réparations. Il n'y en a pas à quoi je ne confente, pourvû que ce ne foit point une baffeffe. J'ai inféré une critique; j'inférerai une apologie, & ce ne fera point de ma part chanter la palinodie; car moi, je n'ai point de rôle là dedans.

Remarquez, s'il vous plaît, Mon

fieur, que je n'ai pas mis un mot de réfléxion pour mon compte. Voici le fait raconté très-fincèrement. Pour jetter quelque intérêt dans mon Journal, j'avois prié quelques uns de Meffieurs vos Confrères de m'efquifler une expofition raisonnée des tableaux du Sallon; je ne quêtai pas une critique. Quoiqu'il en foit, chacun s'en défendit, & ne me promit rien. Mais, à quelque jour defà, lorfque je ne m'y attendois plus & que j'avois même ébauché de mon crû une expofition telle quelle, il m'arriva un paquet cacheté, contenant la Lettre en question. Je la parcourus; j'y trouvai le ton d'un Ecrivain au fait de l'art, les expreffions feulement me parurent dures; je les adoucis beaucoup; mais enfin, comme l'éloge y étoit mêlé à la critique, circonftance à quoi on n'a pas affez pris garde, je crus, Monfieur, votre gloire fauvée par les hommages qu'on vous y rendoit; & comptant ce morceau meilleur que le mien, parce qu'il étoit de main d'Artifte, je le lâchai au Public niaifement, & fans vouloir mal à perfonne. S'il vous plaît, Monfeur, me fournir des occafions de vous

donner fatisfaction, en m'adreffant les contre-critiques qui pourront être faites, je les recevrai avec empreffement, & les inférerai dans mon Journal; ou, fi vous négligez de le faire, j'irai moimême au devant. Je veux mal à l'auteur de la Lettre de m'avoir attiré le mé contentement d'un homme de bien & d'un grand Artifte, dont je me ferois fait gloire d'être l'ami. Faites à mon égard, Monfieur, un effort de Chris tianifme pour ne point garder contre moi de reffentiment; & comptez, malgré ce qui eft arrivé, fur la fincérité de l'eftime & du refpect avec lequel j'ai l'honneur d'être, &c. TOUSSAINT. A Paris, ce 27 Octobre 1757.

Lettre à M. Fréron.

Permettez moi, Monfieur, de vous demander l'explication d'une phrafe que je viens de lire dans vos Feuilles. Vous y dites * en rendant compte du cours d'Hiftoire Pittorefque de M. Dandré Bardon: Tout le monde parle de pein»ture, Grands & peuple, connoiffeurs

* Voyez l'Année Littéraire 1757, Tome VI page

« VorigeDoorgaan »