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tions différentes. Un obstacle plus grand encore eft l'inverfion des mots dans les phrafes Latines, qui ne font pas arrangés dans le même ordre qu'ils doivent avoir dans le François. On peut juger combien l'opération de ramener tous les mots à l'ordre de notre Syntaxe doit caufer de travail & de dégoût aux Commençans, quels qu'ils puiffent être. D'autres difficultés naiffent des ellipfes, c'est-àdire, des mots fupprimés & fous-entendus dans le texte Latin, & qu'il faut fuppléer pour traduire; d'autres, des cas, des noms, des des temps, des modes, & autres circonftances qui appartiennent aux verbes, dont il faut rendre raifon pour bien entendre la Syntaxe Latine; d'autres enfin, de certaines phrafes, tellement propres au Latin qu'on ne peut les rendre en François fans en changer le tour. Une feule de ces difficultés doit rebuter les commençans : que fera - ce donc fi elles font réunies? Pour applanir cette route épineufe, le nouveau Méthodiste a partagé fon ouvrage fur les Fables de Phèdre en quatre

Parties.

La première contient le texte pur de Phèdre avec des notes & des éclairciffe

mens; Partie féparée des autres, & qui fervira fur-tout quand les Maîtres feront expliquer les enfans, & les obligeront à rendre compte de la préparation qu'ils auront faite en leur particulier avec le fecours des Parties fuivantes, fans craindre qu'ils en impofent, n'ayant plus alors fous les yeux les autres Parties qui pourroient leur fournir fur le champ de quoi fatisfaire aux queftions de leurs Inftitateurs. Je trouve cette fineffe très-bien imaginée: on ne peut trop mettre les enfans dans la néceffité d'apprendre & d'étudier par eux-mêmes; cet exercice forme la réfléxion, bien plus utile dans la vie que la mémoire. Cette première Partie, ne contenant que l'expofition de l'original même, n'a rien d'avantageux que relativement aux autres qui fourniffent tous les fecours néceffaires pour l'intelligence & la traduction du texte Latin.

La feconde Partie les renferme prefque tous; on y trouve l'arrangement des mots du texte Latin conformément au François, & felon notre manière de concevoir ou d'énoncer les chofes : c'est ce que l'on appelle Conftruction. 20. Une traduction littérale & interlinaire, dont

chaque mot François eft au deffous du mot Latin qui lui répond. 3°. Le supplément de certains mots Latins fousentendus dans le texte. 4°. Les racines des mots au bas de chaque page avec le cas & la déclinaifon des noms, avec le temps, le mode & la conjugaifon des verbes. 5°. On a mis au deffous de cet article de petites notes qui expliquent les tours Latins. D'un coup d'oeil, vous voyez, Monfieur, le tableau de l'utilité publique, pour faciliter aux Commençans l'intelligence d'une langue dont la connoiffance eft devenue indifpenfable dans l'Eglife, dans les Sciences & prefque dans tous les Arts & les conditions.

La troisième Partie de l'ouvrage eft un Dictionnaire contenant les mots du texte de Phèdre, avec la fignification la plus commune de ces mots, & de plus celle qu'a le même mot dans l'auteur, fi elle s'éloigne de la plus commune. On pourroit objecter que la fignification propre des mots Latins étant dans la traduction littérale & interlinaire, ce petit Lexicon devient inutile. Mais on répond à cela que, pour l'é conomie de l'ouvrage rendu le moins difpendieux qu'il puiffe l'être, l'auteur

n'emploie cette forte de traduction que dans les deux premiers Livres de Phèdre, & d'ailleurs le Dictionnaire marque plufieurs modes des verbes; ce que ne fait point la traduction.

Enfin, la quatrième Partie contient une vingtaine de régles les plus effentielles de la Syntaxe; & qui peuvent être regardées comme les fources de toutes les autres. Mais on fuppofe que les Commençans ont déja la connoiffance de ce qu'on appelle Rudimens, c'est-à-dire, qu'il fçavent décliner, conjuguer & autres mifères d'apprentiffage, puifqu'il s'agit de les mettre à la traduction. Ces quatre Parties, dit judicieufement le Méthodifte, tiendront lieu aux enfans d'un Maître qu'ils pourront confulter autant de fois qu'ils voudront, fans fe rendre incommodes, & fans appréhender les reproches de pareffe ou d'inattention.

Je ne puis trop recommander l'usage de la nouvelle méthode pour les Fables de Phèdre; je ne confeillerois pas de l'étendre à d'autres ouvrages; Phèdre eft plus que fuffifant à cet égard pour met tre les Commençans fur la voie. L'auteur a raifon de ne pas perdre fon

temps à répondre aux difficultés que l'on peut faire contre la traduction littérale & interlinaire. Je crois avec lui que toute perfonne équitable & judicieuse doit être contente des réponses que le célèbre M. Dumarfais a faites dans fon Expofition d'une Méthode Raifonnée pour apprendre la langue Latine. Il a démontré que cette forte de traduction devient très-utile, & même néceffaire, pour faire fentir aux Commençans le génie particulier de la langue Latine, enforte que, fi elle n'étoit pas écrite ou imprimée, il faudroit indifpenfablement la faire de vive voix ; ce qui feroit beaucoup moins avantageux pour les enfans, & plus pénible pour les Maîtres, qui voudroient leur donner le fentiment de ce génie propre au Latin. Au refte, cette nouvelle Méthode porte le caractère d'un Maître intelligent & d'un zélé citoyen; rien n'est plus louable & plus généreux que de prendre bien de la peine pour l'épargner entièrement aux autres. Il feroit inutile d'expofer aucun exemple d'opération, relativement à la nouvelle Méthode; on conçoit affez comment tout cela s'exécute; une fois qu'on a le

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