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216 L'ANNÉE LITTÉRAIRE. prendre part en perfonne à cette vic

toire.

Ce Feu d'Artifice très-bien exécuté fut fuivi d'un grand Bal. Toutes les Dames & toutes les perfonnes confidérables de la ville & des environs furent invitées à cette Fête, qui dura jufqu'au lendemain fept heures du matin. M. de Beaumont, l'un des Moufquetaires de la Compagnie, en fut, en quelque forte, l'Ordonnateur. Les infcriptions Latines font honneur à fon efprit & à la connoiffance qu'il poffède de la langue des Romains.

J'entrerois, Monsieur, dans un plus grand détail, & je vous rapporterois quelques autres particularités de cette Fête, s'il me reftoit affez d'efpace. Je me plairois fur tout à rendre à Meffieurs les Moufquetaires l'hommage que méritent leur zèle pour le fervice du Roi, leur courage impatient de fe fignaler, & les talens de plufieurs d'entr'eux qui marient Bellone avec Apollon.

Je fuis, &c.

A Paris, ce 12 Novembre.

217

L'ANNÉE

LITTERAIRE.

LETTRE

X.

Suite des Mémoires de l'Académie Royale des Belles Lettres : Tomes XXII, XXIII & XXIV *.

JE

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E me reproche, Monfieur, de ne vous avoir pas encore parlé de ces trois volumes qui parurent l'année dernière. Le Tome XXII n'eft qu'une Table Alphabétique des matières contenues dans les dix volumes précédens, comme le XII eft la Table des dix premiers. Selon ce plan, plan, qu'on fuivra toujours dans la fuite, le corps entier de ces Mémoires fe trouvera partagé en espèces de Décades, & chaque onzième Tome fera toujours la Table des dix qui l'aurent devancé.

*

Voyez par rapport aux volumes précédens les Lettres fur quelques Ecrits de ce Temps, T. XII p. 26,73. 217; T. XIII p. 73, & l'An. Lit. 1754, T. VI p. 289.

AN. 1757. Tome VII.

K

Les deux volumes XXIII & XXIV répondent aux années 1749, 50 & 51. Ils renferment près de quatre-vingt Mémoires & les éloges de quatre Académiciens morts, Meffieurs Otter, d'Egly, Fréret, & le Cardinal de Rohan. Jean Otter nâquit le 23 Octobre 1707 à Chrif tienftat en Suède. Ses parens qui jouif foient d'une fortune honnête, fondée fur le commerce, lui donnèrent une éducation propre à feconder en lui les dons de la nature. Un attrait invincible le portoit à l'étude des Langues, & dès fa jeuneffe il apprit la plupart de celles du Nord. A l'âge de dix-fept ans il étudia la Phyfique, enfuite la Théologie dans l'Univerfité de Lund. Ce fut alors que de fecrettes liaisons avec les Catholiques, & fes propres lectures, firent naître en lui quelques foupçons fur la Réforme de Luther, dans laquelle il avoit été élevé. Il alla chercher à Stockolm l'éclairciffement de fes doutes, &, quelques mois après, il abjura le Luthéranifme. M. le Comte de CerefteBrancas réfidoit alors en qualité d'Ambaffadeur du Roi à la Cour de Suède ; il fe hâta de faire paffer en France le nouveau Catholique. M. Otter entra

d'abord au Séminaire de Rouen où il paffa trois années ; mais, quoiqu'il eût l'efprit & les mœurs propres de l'état Ecccléfiaftique, il ne fe fentoit pas né pour le fuivre. M. le Cardinal de Fleuri le fit venir à Paris, & le plaça dans les Poftes. La grande connoiffance qu'il avoit de prefque toutes les langues de l'Europe, le rendoit très- utile dans un emploi de cette nature. Les Lettres pouvoient tirer de plus grands fecours encore du talent de M. Otter pour les langues. D'ailleurs, fon intelligence & fon zèle en faifoient un homme capable de fervir l'Etat en même temps que la Litté rature. C'est ce double motif qui détermina M. de Maurepas à l'envoyer en Orient. L'objet de fon voyage devoit être d'étudier les langues Orientales, & de voir quelles mefures on pourroit prendre pour rétablir le commerce des François dans la Perfe. Il arriva à Conftantinople le 10 Mars 1734; il y fut deux ans, & y apprit à fond les Langues Turque & Arabe. Delà il partit pour Hifpaham où il demeura vingt mois. Il en fortit au mois d'Avril de l'année 1739 pour aller à Bafra, ville importante, fituée près du Golphe Perfique. Pendant un

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féjour de près de 4 ans en cette ville; d'abord fans caractère, enfuite avec le titre de Conful, il rendit à la nation Françoise tous les fervices qu'elle auroit pu attendre d'un véritable patriote. En 1743 il reçut ordre de revenir en France. Il y rapporta, après une abfence de dix années, cette forte de richelles que les anciens Philofophes alloient chercher fi loin de leur païs natal c'est-à-dire, un grand nombre de connoiffances utiles. La Géographie, la Politique & l'Hiftoire avoient partagé fon loifir avec l'étude des langues Orientales. En état d'obferver & de réfléchir. il s'étoit fait une jufte idée des Pays qu'il avoit parcourus. Pendant fon voyage il tenoit un regiftre exact de fes routes. En joignant à ce journal tout fes propres obfervations & des entretiens particuliers lui avoient appris d'intéreffant, il en compofa un ouvrage curieux dont je vous ai rendu compte. A fon arrivée à Paris, une penfion, qu'il ne demandoit point, fut la première récompenfe de fes fervices. M. de Maurepas l'attacha peu de temps

ce que

* Voyez les Lettres fur quelques Ecrits de ce Temps Tome V pages 245 & 289,

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