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après à la Bibliothèque du Roi, en qualité d'interprète pour les langues Orientales. Cette Bibliothéque renferme une fuite nombreuse d'ouvrages compofés dans les différens genres de littérature par des Turcs, des Perfans, & fur-tout par des Arabes. Dès que M. Otter fe vit, en quelque forte, poflefleur de tant de tréfors, il entreprit, d'après ces auteurs Orientaux, de nous donner une fuite complette des révolutions arrivées depuis la naiffance du Mahométifme jufqu'à préfent. Il avoit déja fait quelques progrès dans fa carrière, lorfqu'en 1746 il fut nommé Profeffeur Royal en langue Arabe ; & deux ans après il y marchoit à grands pas, quand l'Académie des Belles Lettres, qui depuis longtemps avoit les yeux fur lui, l'élut par un choix unanime pour un de fes affociés. Peu de jours après, pour donner un effai de fon travail, il lut à cette Compagnie un long Mémoire enrichi de notes curieufes fur la conquête de l'Afrique par les Arabes. Ce Mémoire devoit être fuivi d'un autre fur la conquête de l'Espagne; mais une mort trop prompte ne lui donna- pas le temps de l'achever. Il mourut d'une fièvre ma

ligne le 26 Septembre 1748, dans la quarante unième année de fon âge. Charles - Philippe de Monthenault d'Egly, né en 1696, d'une très-ancienne famille de Bourgeoisie de Paris, fit fes études dans cette Capitale, & fuivit le barreau pendant quelques années. A l'âge de trente-deux ans il entra dans une route différente. Feu M. de Bauffon, Intendant de Poitiers, enfuite d'Orléans, fe l'attacha comme un homme qui joignoit à beaucoup d'intelligence dans les affaires un efprit & des talens aimables; mais, malgré le détail confidérable dont il étoit chargé dans le pofte qu'il rempliffoit auprès de ce Magiftrat, il fçut trouver affez de loifir pour cultiver les lettres avec fuccès. Quelques piéces fugitives en Profe, répandues dans différens Journaux firent dès lors connoître fon érudition. Il compofoit des vers avec une facilité fingulière. C'étoit le fruit de quelques momens; il employoit à des ouvrages plus étendus les heures qu'il pouvoit fe ménager fans nuiré à fes fonctions. Le premier qu'il ait donné au Public eft la traduction des Amours de Clitophon & de Leucippe, Roman Grec. On lui doit

auffi celle de la Callipedie de Quillet, dont je vous ai parlé anciennement *. Sa plume fembloit fur- tout propre à

écrire l'Hiftoire. Celle des deux Siciles fixa fes regards; mais, pour traiter un fujet de cette étendue, il falloit se livrer à des recherches peu compatibles avec d'autres occupations, & fe trouver à portée des fources. Ce motif & quelques affaires domeftiques le rappellerent à Paris où fon livre parut en 1741 fous le titre d'Hiftoire des Rois des deux Siciles de la maifon de France. Il renferme, foit en abrégé, foit en détail, tout ce que cette Monarchie offre d'intéreffant depuis fa fondation juf qu'à nos jours. Ce fut vers la fin de cette même année que M. d'Egly obtint une place à l'Académie, & enrichit cette Compagnie de plufieurs Mémoires. Mais la fituation de fes affaires ne lui

permettoit pas de fe borner à des études infructueufes, & fon temps étoit prefque rempli par un Journal Périodique. (Journal de Verdun.) Sa fanté, naturellement foible, s'étoit beaucoup altérée depuis plufieurs années, & de jour en

* Voyez les Lettres fur quelques Ecrits de ce Temps, Tome 1 page 145.

jour, elle devenoit plus mauvaife. Il mourut le fecond jour de Mai de l'année 1749, après une maladie longue & cruelle, précédée de la perte de la

vûe.

Nicolas Fréret, fils d'un Procureur au Parlement, nâquit à Paris en 1688. Dès fa plus tendre enfance il montra un goût incroyable pour la lecture, & l'étude fut fon unique paffion. Il fit de bonnes études fous la conduite de M. Rollin, & à l'âge de feize ans il avoit lû & même extrait les principaux ouvrages de Scaliger, d'Uferius, du Père Petau, & des autres grands Chronologiftes. Il n'avoit que vingt ans qu'il avoit déja fait plufieurs Mémoires trèsfçavans fur prefque tous les points de la Religion Grecque. L'état d'homme de lettres étoit le feul pour lequel il fe fentit de l'attrait; mais fa famille avoit fur lui des vûes différentes; elle regardoit le barreau comme une profeffion plus utile. M. Fréret crut devoir facrifier fon goût à la volonté de fon père & fe fit Avocat. Il plaida deux caufes ; mais il luttoit envain contre la nature. Laffé d'une conftance infructueufe, il fupplia fa famille de ne plus contrain

dre fon inclination. Il profita de fa liberté pour fe livrer à des travaux dont il ne s'étoit privé qu'à regret. Son cabinet devint une retraite inacceffible dans laquelle il paffoit fes jours à lire, à méditer, & à compofer. Vous jugez fans peine, Monfieur, quels devoient être les progrès d'un folitaire avide de connoiffances, & qui trouvoit dans l'étude une fource inépuifable de plaifirs. L'Académie des Belles- Lettres le regarda dès-lors comme un fujet qu'elle ne pouvoit trop fe hâter d'acquérir, & il fut reçu à l'âge de vingt-cinq ans. L'ouvrage par lequel il débuta dans cette Compagnie fut un Difcours fur l'origine des François, qu'il lut dans une féance publique; furquoi l'auteur de fon éloge dit mystérieusement : « Je ne rappellerai ni la caufe ni les circonf»tances d'un événement qui fuivit la » lecture de ce difcours. Ce feroit un détail inutile à la mémoire de M. Fré»ret, qui fut affez juftifié par la voix publique & par un prompt élargiffe» ment. Trop fûr de voir l'orage fe diffiper pour en concevoir de vives allar. mes, il tira de cette folitude forcée, » le même parti que fi elle eût été vos

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