Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

» lontaire ». Les années qui fuivirent fa détention, font les époques de plufieurs de fes Mémoires, tous également curieux; mais le plus remarquable eft celui qu'il compofa fur l'origine du jeu. des échecs. Il l'eft par la fingularité du fujet & de la circonstance dans laquelle l'auteur en fit la lecture. Ce fut dans une affemblée tenue en préfence du Roi qui voulut, en préfidant cette fois aux exercices de l'Académie, lui donner un gage de fa protection au commencement d'un regne dont la fuite glorieuse devoit offrir de fi nobles fujets aux travaux de cette Compagnie.

M. le Maréchal de Noailles, dont Feftime eft un éloge, donna vers le même-temps à M. Fréret une marque éclatante de confiance, en le priant de préfider à l'éducation de fes enfans. Les foins que M. Fréret devoit à des élèves fi capables d'y répondre, ne nuifirent point à fes travaux littéraires; mais les efforts qu'il fit pour concilier ces deux engagemens dérangèrent fa fanté; il eus befoin de repos pour la rétablir. Il revint dans la maifon paternelle; & depuis cette époque fa vie n'offre aucun événement particulier. C'eft celle d'un

رو

رو

[ocr errors]

رو

[ocr errors]
[ocr errors]

"

homme de lettres qui partage fon temps entre fes livres & quelques amis. Les ouvrages de M. Fréret ont tous la forme de differtations. « Il aimoit l'Académie » comme un Spartiate aimoit Lacédé» mone. Toujours occupé d'elle, il n'a » lû, médité, travaillé que pour elle. Il lui confacra, dès qu'il y fut admis, » cette plume féconde qui pouvoit l'immortalifer des écrits d'un autre par genre ; &, renonçant dès-lors à tout efprit de propriété, il a toujours voulu l'honneur de fes productions que rejaillit fur le Corps auquel il appar» tenoit . L'hiftoire ancienne fut le principal objet des recherches de M. Fréret. Il embraffa tous les genres d'étųde qui pouvoient le conduire à cette connoiffance; il fut à la fois Chronologifte, Géographe, Philofophe, Mythologifte & Grammairien. On le confidère ici fous tous ces différens rapports, & ces détails forment la partie la plus confidérable & la plus fçavante de fon éloge. "Tous ceux, ajoûte l'auteur, qu'une liaison plus intime a mis à portée de l'approfondir, fçavent qu'il a fait une étude particulière de la Tactique des Anciens; qu'il s'occu

رو

"

[ocr errors]

"

poit avec plaifir de l'hiftoire natu»relle & du détail des Arts; qu'il avoit affez de géométrie pour devenir Phy. »ficien; qu'il auroit pu comparer en» tr'elles les mœurs & les loix de toutes » les nations; qu'il étoit verfé dans " l'Hiftoire & dans la littérature mo

[ocr errors]

"

"

دو

derne; enfin qu'il connoiffoit tous les » Romans & les Théâtres de prefque » tous les peuples, comme fi fes lectures » n'avoient jamais eu d'autre objet. » Tous les ouvrages dramatiques an» ciens, modernes, François, Italiens, Anglois, Efpagnols, étoient préfens » à fa mémoire. Il faifoit fur le champ » l'analyfe d'une pièce de Lopes de Ve»ga comme il auroit fait celle d'une Tragédie de Corneille; & l'on étoit furpris de l'entendre raconter les » anecdotes littéraires & politiques du » temps par un homme que les Grecs, » les Romains, les Celtes, les Chinois, » les Péruviens auroient pris pour leur

"

رو

[ocr errors]

رو

[ocr errors]
[ocr errors]

compatriote & leur contemporain ». Son tempérament fuccomba à un travail continuel. Il devint fujet à toutes les infirmités qu'entraîne l'altération du fang. Mais il ne put jamais prendre fur lui de retrancher une partie de fes occu

pations. Sa carrière finit le 8 Mars 1749 » après une maladie longue & douloureuse.

La même année mourut dans la foixante & feizième année de fon âge & prefque fubitement, M. le Cardinal de Rohan. La Renommée qui a porté fon nom dans toute l'Europe, n'a rien laiflé de nouveau à dire à fon Panégyrifte. Je ne citerai que les traits qui font connoître fon mérite littéraire. Aux faillies d'une imagination brillante il joignoit la vivacité & la jufteffe de l'efprit. Il fit fes études avec fuccès. La ville de Bourges où il les commença fous les yeux du Prince de Soubize fon père, Gouverneur de la Province, en partage la gloire avec le Collège d'Harcourt où il vint les achever. L'eftime générale qu'il s'étoit acquife le fuivit en Sorbonne; fes progrès furent rapides & brillans. Il foutint fa première thèse couvert & avec tous les honneurs qu'on ne défère qu'aux Princes iffus de maifons fouveraines. Il eut fes Maîtres mêmes pour admirateurs, & cet acte mit dans un nouveau jour le talent fingulier qu'il avoit pour la parole: il en donna des preuves encore plus frappantes dans

le Panégyrique de Louis XIV, qu'il prononça comme Prieur de Sorbonne. Ce difcours enleva tous les fuffrages, & la traduction Françoife qui en fut faite alors, multiplia fes éloges. Ce fut autant fon mérite que fa naiffance qui le fit élire en 1701 Coadjuteur de Strafbourg. L'Alface applaudit à cette élection; elle vit avec plaifir un Siége fou vent occupé par des Archiducs, par des Princes de Lorraine, de Brande. bourg & de Bavière, à la veille d'être rempli par un Prince de la maifon de Rohan, cette maison l'une des premières & des plus anciennes du Royaume, & qui, depuis tant de fiècles, joint à fa propre grandeur celle que donnent les alliances la plus auguftes. L'éloquence de M. l'Abbé de Soubize devenu Coadjuteur, enfuite Evêque de Strasbourg, Cardinal & Grand-Aumônier de France, fe fignala dans les occafions les plus éclatantes. Ayant été nommé Président de l'Affemblée extraordinaire convoquée pour l'acceptation de la Bulle Unigenitus, en qualité de Chef de la Commiffion il fe chargea du rapport, & fe fit admirer par fon éloquence. Dans l'examen d'une affaire

« VorigeDoorgaan »