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Dans les Mémoires fuivans M. de Bougainville effaie, de concilier Hérodote avec Ctefias au fujet de la Monarchie des Mèdes ; M. Gibert differte en homme profond fur l'époque de la mort de Darius, fils d'Hyftafpe; M. de la Nauze fait fentir habilement la différence des Pélafges & des Hellènes ; M. Melot donne des preuves fatisfaifantes que les Grecs n'ont pas fait le commerce des Ifles Britanniques avant l'expédition de Jules-Céfar; M. Capperonnier remonte avec fagacité jufqu'à l'origine de l'efclavage des Hilotes; M. l'Abbé Barthelemy fait des remarques fçavantes fur une infcription Grecque trouvée dans un Temple d'Apollon & fur des médailles d'Antigonus, Roi de Judée; M. l'Abbé Belley explique celles de Pythodoris, Reine du Pont; M. le Comte de Caylus nous expofe avec les lumières & le goût qu'on lui connoît l'état de l'Architecture & de -la Perfpective chez les Anciens; M. le Beau continue fes doctes recherches fur les Médailles de Reftitution; M. l'Abbé de la Bletterie achève de nous faire connoître la nature du Gouvernement de Rome fous fes premiers Empereurs ; M. Bona. my nous apprend comment la langue AN. 1757. Tome VII,

L

Latine s'eft introduite dans les Gaules; & pourquoi la langue Tudefque a ceffé d'être en ufage en France; M. de Sainte Palaye, qui a étudié avec tant de soin & de fuccès les idiomes modernes, compare les langues Provençale, Italienne & Efpagnole avec celle qu'on parloit en France au 12 & 13° fiècles, &c, &c. Prefque tous les Mémoires qui compofent ces deux volumes font intéreffans ou inftructifs, & font honneur, nonfeulement à l'érudition, mais encore au ftyle des Académiciens qui les ont compofés. Je fuis, &c.

A Paris, ce is Novembre 1757.

LETTRE XI.
François II.

UN

'N ouvrage bien digne de votre attention, Monfieur, eft François II, pièce de Théâtre d'une espèce fingulière. Ces Feuilles n'exiftoient pas lorfqu'elle parut pour la première fois. La nouvelle édition qu'on vient d'en donner m'invite à vous en rendre compte. L'auteur, qui tient une place fi diftinguée dans la République des Lettres, n'a pas prétendu renouveller le

projet d'introduire fur notre fcène des Tragédies en profe; fon idée ne reffemble en rien à celle de la Motte. C'est un nouveau genre de plaifir ou plutôt d'inftruction qu'il nous propofe. Il ne s'attache point au titre, & permet de donner à cet écrit le nom de Tragédie ou tel autre qu'on voudra. En effet, on n'y trouve ni le langage propre de Mel pomène, ni les trois unités obfervées par nos Poëtes Dramatiques. Les Acteurs ne parlent qu'en profe; la scène change d'appartemens, de palais, de villes, & même de Provinces; l'action ne fe paffe point dans les vingt-quatre heures, mais embraffe un intervalle de 17 mois, & l'intérêt eft partagé entre plufieurs Interlocuteurs. Cependant, Monfieur, cette Pièce ne laifle pas d'avoir un intérêt général & une action déterminée. C'eft un grand morceau d'hiftoire mis en fcènes. Le fujet eft la jaloufe des Princes du Sang contre Mrs de Guife, qui s'étoient emparés du gouvernement de l'Etat fous le regne de François II. Les Acteurs font Catherine de Médicis, le Roi de Navarre, le Prince de Condé, la Ducheffe de Montpenfier le Cardinal de Lorraine, le Duc de Gui

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fe, la Ducheffe de Guife, le Duc de Ne mours, le Connétable de Montmorenci. le Chancelier Olivier, le Maréchal de Saint-André, le Maréchal de Briffac l'Amiral de Coligni, Dandelot, Luc Gauric, la Troufse, Prévôt de l'Hôtel la Roche du Maine Brichanteau de Beauvais, Marillac & Avenel, Avocats au Parlement, un Huiffier du Cabinet de la Reine, la Mare, valet-dechambre du feu Roi Henri II, un Ecuyer de la Ducheffe de Guise. On n'a point fait paroître le Roi François II, parce que ce Prince, à peine forti de l'enfance & toujours malade, n'eut aucune influence dans les affaires de fon regne, & n'auroit pû jouer un rôle convenable. Le Théâtre représente le Palais des Tournelles. Les portiques qu'on avoit élevés pour les fêtes des mariages d'Elizabeth, fille du Roi, avec Philippe 11, & de Marguerite, fœur du Roi, avec le Duc de Savoie, font tendus de deuil. Le corps du feu Roi eft fous le principal portique. Le Maréchal de Saint André & le Connétable de Montmorenci ouvrent la fcène, & commencent à dévoiler la caufe des troubles du regne malheureux de François 11. On admire fur

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tout dans cette fcène le portrait de Catherine de Médicis tracé par le Connétable. « C'eft, dit-il, un efprit vaste & profond, une ame ferme & indomptable, & qui, malgré fa roideur, fçait » fe plier, & prendre toutes les formes qui lui font utiles; elle a les qualités » de toutes les fituations où elle fe trou"ve, & l'ambition de tous les états. "Quand elle vint en France, elle n'a» voit autre chose à faire que de plaire. » à fon beau père *; elle arrivoit dans >> une Cour brillante dont la galanterie. "faifoit la principale occupation. Nulle femme ne l'égala dans l'art de plaire » & d'en imaginer les moyens: art fa» tal qui ne périt plus, & qui ne fait que fe perfectionner dès qu'une fois "il a été inventé. François I aimoit la » chaffe: nulle Dame de la Cour'ne manioit mieux un cheval que Catherine. Il fe plaifoit aux Tournois: elle en eût difputé le prix aux Seigneurs de la » Cour les plus adroits & les plus exer» cés. Il aimoit le Bal & la danfe: elle » n'y connoiffoit point d'égale. Henri » devient Roi; il a une maîtreffe plus

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* François I, père de Henri II que Catherine avoit épouse.

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