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âgée que fon amant *, & qui l'avoit fubjugué par une espèce d'enchantement; Catherine, incapable de jalou» fie, quoiqu'elle aimât fon mari, de» vient l'amie, la confidente, & peut»être même la complaifante de Diane » de Poitiers fa rivale. Aujourd'hui la » face de la France a changé ; la mort ,, funefte du Roi vient de mettre fa » femme à la tête des affaires; vous » l'allez voir appliquée, férieuse, abso» lue, jalouse de l'autorité, haute ou affable felon fes befoins, renfermée dans elle feule, ayant l'air de fe livrer, » & échappant tout-à-coup. Seigneur, je la connois; elle ne m'a jamais trom» pé un moment; fon grand amour pour fon mari ne m'a point impofé; &, quoiqu'il ne foit pas vrai que j'aie dit, » ai fi qu'on a voulu me l'imputer, que de tous les enfans du feu Roi il n'y » avoit qu'une fille naturelle qui lui ref » femblat, je n'en ai pas moins pensé » que Catherine n'aimoit effentiellement » que l'autorité, & que la galanterie, » fi elle en a eu, n'étoit qu'un hazard

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* Henri II n'avoit que 29 ans; Diane de Poitiers en avoit 47 & avoit fait des enfans, lorfqu'il la prit pour maîtreffe.

» ou un amusement dans fa vie, & ja» mais une paffion.

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Le Connétable a écrit au Roi de Navarre pour l'engager à venir à Paris ; il dit dans la feconde fcène au Prince de Condé, frère de ce Roi, d'inspirer à ce Monarque timide une vigueur néceffaire dans les circonftances. « On ne confeille point un homme foible, ré» pond le Prince de Condé, ou on le con» feille en vain. Il eft même dangereux » de faire entreprendre à quelqu'un au» delà de fes forces; il fuccombe en » chemin, & entraîne avec lui tous » ceux qui s'y font livrés. » Le Connétable & le Prince de Condé s'entretiennent de leurs intérêts communs, de l'ambition des Guifes, des moyens de faire échouer les projets de ces étran gers, &c.

La fcène cinquième fe paffe au Louvre dans l'appartement de la Reine. Cette Princeffe paroît avec le Connétable. Il faut voir dans la pièce tout l'art, toute la politique qui regne dans ce morceau & dans la fcène fuivante occupée par la Reine & par la Ducheffe de Montpenfier. « C'eft un grand mal» heur, dit Médicis, de n'avoir à se

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» décider qu'entre des inconvéniens à » peu près égaux. Le parti que l'on pré» fère devient à l'inftant le pire par la » révolte qu'excite cette préférence dans l'efprit de ceux que l'on a négligés. Oui, Madame, répond la Duchelle, » Votre Majefté eft à plaindre, & d'auplus qu'elle l'eft par ce qui devroit » rendre fon regne glorieux. Jamais tant de grands hommes n'environnèrent le »Trône, & ce qui en fait ordinaire»ment la puiffance, en fera peut-être aujourd'hui la deftruction. La jaloufie » des talens, qui caufe l'émulation fous » un regne affermi, n'eft, fous un Prince foible, que la fource des troubles & » des diffentions; & ce concours de perfonnages illuftres ne produit que » des téméraires, qui prétendant tous à l'autorité, commencent par la divi» fer, & finiffent par l'anéantir. » Que ne puis je, Monfieur, vous rapporter en entier cette fcène admirable qui finit le premier Acte!

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Dans le fecond le Théâtre repréfente le château de Saint-Germain. Le Duc de Guife & le Cardinal de Lorraine fon frère, qui n'avoient point encore paru, se communiquent les moyens affreux qu'ils

veulent employer pour foutenir & accroître leur puiffance; c'eft de fe fervir du prétexte de la Religion pour faire périr leurs ennemis, les Princes du Sang eux-mêmes, & tout ce qui leur eft attaché. Le Cardinal donne à fon frère ce confeil exécrable, & pourfuit dans toute la pièce le projet de faire égor ger une partie de la nation par les mains de l'autre. Mais lifez fur- tout, Monfieur, la feconde fcène de cet Acte où tous les membres du Confeil du Roi difcutent les intérêts de l'Etat & de la Religion, ou plutôt leurs intérêts particuliers. Que de vûes, que d'adreffe, quel développement du cœur humain dans cette belle fcène !

A l'iffue de cette aflemblée la Reine confulte fur fa destinée & fur celle de fes enfans Luc Gauric, ce célébre Aftrologue Italien du 16 fiècle. Il eft vrai qu'il ne vint jamais en France; mais cette converfation eft vraisemblable, parce qu'il y pouvoit venir, qu'il avoit des relations avec Catherine, & qu'il ne mourut qu'après le voyage que l'auteur fuppofe. C'eft une invention très heureuse, un trait de génie, un coup de maître, que d'avoir

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fité de l'opinion où l'on étoit de la prétendue science de cet homme pour prévenir des faits curieux & intéreffans, pour peindre quelques-unes des cataftrophes arrivées fous Charles IX & Henri III, tels que la Saint Barthélémi & l'affaffinat du dernier des Valois, qui n'auroient pû trouver place dans l'hiftoire de leur aîné, pour rapprocher & lier, en quelque forte, ces trois regnes. malheureux, & pour en former un ta bleau d'horreur & d'infortune. Ces événémens funeftes font annoncés par Gauric d'une manière forte, éloquente & poëtique. C'eft le véritable ton de la Tragédie, & je fuis perfuadé que ce que vous allez lire produiroit un grand effet au Théâtre.

LA REIN E.

N'avez vous rien de plus ?
GAURIC hesitant.

Si fait.

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