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que

*froidement, parce qu'elle ne fait raconter, que fouvent elle ne raconte que confufément, qu'elle ne s'arrête pas aff.z fur les événemens, qu'un fait chaffe l'autre, & qu'un perfonnage fuit prefqu'auffi tôt qu'il a été apperçu; au lieu qu'en choififfant une époque intéreffante, une révolution célèbre, en introduifant fur la fcène les hommes dont on parle, en leur faifant dévoiler à euxmêmes les refforts de leur politique, l'efprit eft bien autrement réveillé, & les faits fe gravent bien plus profondément dans la mémoire. Ne vaudroit-il pas beaucoup mieux exercer les jeunes de l'un & de l'autre fèxe à ces fortes de pièces que de faire repréfenter à de jeunes filles les Tragédies du tendre Racine, & de faire réciter dans les Collèges à des écoliers des Drames Latins qu'ils entendent à peine? Il eft vrai qu'il faudroit une main habile pour compofer des ouvrages auffi parfaits que celuici. L'auteur joint l'élégance à la précifion, le goût à l'érudition, la connoiffance du monde à celle des faits. C'eft un Philofophe dans la véritable signification du terme, c'eft à-dire, un homme fage, éclairé, qui n'a point mendié

gens

une réputation juftement acquife, qui ne cherche point à éblouir par les météores des mots, qui n'affiche ni le ton dogmatique, ni le ton irréligieux, qui fe foutenant fur fon propre mérite, n'a befoin, pour parvenir à la gloire, ni des brigues & des cabales de quelques fanatiques, ni de l'engoûment de quelques femmes féduites par la nouveauté.

Le Théâtre Anglois de Shakespeare, fur-tout fa Tragédie hiftorique de Henri VI, a donné l'idée de cet ouvrage. Mais l'auteur François n'est pas tombé dans les défauts qu'on reproche au Poëte Britannique. Son ftyle eft toujours noble, égal, foutenu; &, s'il a choifi quelques perfonnages épifodiques, il ne les a pas pris, comme Shakespeare, parmi la canaille & la foldatefque. M. le Préfident Hénault eft né pour créer & pour perfectionner de nouveaux genres. Son Abrégé Chronologique de l'Hiftoire de France & cette pièce de François II en fönt des garants immortels.

François 11 eft fuivi d'une Comédie très-ingénieufe du même auteur intitulée Le Réveil d'Epiménide, qui avoit déja paru dans les Recueils de Nancy & de Berlin, mais qu'on a bien fait de

réimprimer ici, parce que ces Recueils ne font pas dans les mains de tout le monde. Ces deux pièces réunies fe trouvent chez Prault fils, Libraire, Quai de Conti, fous le titre de Deux Pièces de Théâtre en profe. Je ne vous dis rien d'Epimenide; je vous en ai parlé en vous rendant compte des Mémoires de la Société Royale de Nancy.*

Vers à M. Louis-Michel Vanloo, fur le tableau qu'il a fait de la famille de M. Carle Vanloo fon oncle.

L'Artifte qui d'Hélène osa tracer l'image,
Emprunta de chaque Beauté

Les traits les plus touchans pour orner son ou

vrage;

De Pallas la noble fierté,

Le fouris de Vénus, à qui tout rend hommage,

De l'augutte Junon l'œil plein de majefté,
L'air fin d'Hébé, le teint de Flore,

Et l'éclat de l'aimable Aurore.

De ces appas divers il forma fon tableau,
Dont l'ensemble parut nouveau.

19.

*

Plus délicat, plus difficile,

Plus heureux & non moins habile,

* Voyez l'Année Littéraire 1755, Tome VIII page

Vanloo, pour réunir fous les pinceaux chara

mans,

Dans un chef-d'œuvre ou fon art brille, Les Graces, les Vertus, 1 Efprit & les Talens, N'a copié que fa famille.

Je fuis, &c.

A Paris, ce 18 Novembre 1757.

LETTRE

XII.

Mémoires des Commiffaires du Roi, &c:

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Tome IV.

avec

Ous avez vû, Monfieur, * quelle clarté & quelie force de raifonnement les Commiffaires du Roi ont réfuté les injuftes pretentions des Anglois au fujet de l'Acadie & d'autres pays de l'Amérique Septentrionnale. Tout homme raisonnable a jugé que les raisons des François étoient fans replique; il en paroît une cependant préfentée par les Commiffaires de Sa Majefté Britannique, & à laquelle les Commilaires du Roi n'ont pas eu de peine à

* Voyez l'Année Littéraire 1755, Tome VII page

faire

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faire une réponse victorieufe. C'eft, Monfieur, cette Replique avec la Réponfe & un Mémoire des Commiffaires du Roi jur l'Ifle de Tabago, qui forment ce quatrième volume. Pour fuivre l'ordre de ce Recueil, je dois commencer par vous parler de ce dernier Mémoire.

Il n'y a point de peuples dont les poffeffions foient à l'abri des prétentions des Anglois, pour peu qu'elles fe trouvent à leur bienféance. C'eft en fuivant ce principe qu'ils s'attribuent des droits fur l'ifle de Tabago qui appartient incontestablement à la France. Il feroit fuperAu d'entrer dans aucune difcuffion fur la découverte & les premiers établiffemens de cette ifle; toutes les nations doivent convenir de bonne foi que la gloire de la première découverte des ifles & du continent de l'Amérique appartient aux Portugais & aux Efpagnols. Quant à l'ifle de Tabago, il n'eft pas néceffaire, pour le mettre en état d'en difcuter la propriété, de remonter à une date plus ancienne que celle de la conquête de cette ifle par les Anglois. Les Hollandois en étoient en pleine & paifible poffeffion avant la guerre qui précéda le Traité de Bréda conclu le 31 An. 1757. Tome VII,

M

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