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Juillet 1667. Pendant cette guerre les Anglois s'en rendirent maîtres; les François la reprirent fur les Anglois durant le cours de cette même guerre ; & lorfque la paix fut établie par le Traité de Bréda, ils en étoient en poffeffion publique, connue & avouée. La queftion se réduit à fçavoir fi par ce Traité ils en ont confervé la propriété, & fi dans la fuite les Anglois ont acquis des droits fur cette ille.

Le Traité de Bréda fut conclu entre la Hollande & l'Angleterre d'une part, & de l'autre entre les François & les Anglois. Par le Traité fait entre l'Angleterre & la Hollande, il fut ftipulé que chacune des deux nations conferveroit fes conquêtes. C'eft en vertu de cet article que les Anglois font restés en poffeffion & font encore aujourd'hui propriétaires de la Nouvelle- York, nommée auparavant la Nouvelle-Belgique. Il n'en fut pas de même par rapport au Traité entre la France & l'Angleterre ; les deux nations convinrent de fe reftituer mutuellement ce qui leur avoit appartenu avant la guerre. Tabago ne fut donc point compris dans ces reftitutions réciproques, puifqu'avant la

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guerre cette ifle appartenoit aux Hollandois. Les Commiffaires du Roi juftifient cette interprétation du Traité de Bréda par les Mémoires & les Lettres du Comte d'Eftrades, Miniftre Plénipotentiaire de Sa Majefté pour cette paix: une de ces Lettres eft conçue en ces termes. » Les Ambaffadeurs d'Angleterre ont fait de grandes inftances » pour la reftitution de Tabago; nous » nous en fommes défendus de manière que nous croyons leur avoir fait per» dre toute efpérance de rien gagner » fur ce point; mais nous ne fçaurions » affez nous étonner de ce qu'ils ap"puyent fi long-temps fur une préten»tion qu'ils connoiffent eux-mêmes si mal fondée, & fur laquelle nous » voyons bien qu'ils ne s'attendent pas que nous leur donnions aucune fatif"faction. Après bien des conteftations & de longues difcuffions fur cet article, les Ambaffadeurs d'Angleterre convinrent enfin qu'il étoit jufte & raifonnable qu'il demeurât comme le Miniftre de France l'avoit dreffé; mais ils prièrent, pour leur décharge, qu'ils puffent envoyer un Courier à Londres, ne doutant pas qu'il ne leur ap

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portât des ordres précis pour l'accepter. Peu de temps après le Traité fut figné, & l'article dont il s'agit réglé comme les Miniftres de France l'avoient propofé pour exclure les prétentions des Anglois fur Tabago. Il eft donc certain que la France par le Traité de Bréda été reconnue, par les Anglois eux mêmes, propriétaire de cette ifle. Il s'agit préfentement d'examiner fi depuis ce Traité ils ont acquis fur elle de nouveaux droits. On voit, par une Lettre du Comte d'Eftrades, que la République de Hollande en demanda la reftitution à Louis XIV, & qu'elle infifta fortement pour que ce Prince ne la rendit pas aux Anglois. Le Roi rafsûra la République fur ce dernier article; quant à la reftitution qu'elle demandoit elle-même, Sa Majefté ne la lui promit qu'à titre de grace. Cette promeffe eut fon exécution le 12 Août 1667; & en vertu de ce don les Hollandois ont joui & jouiroient encore de l'ifle de Tabago, s'ils n'en avoient été dépoffédés par les guerres qu'ils ont eues depuis avec la France. Comme les ports de cette ifle donnoient une retraite commode & affurée à un grand nombre de vaiffeaux

pour

de guerre &. de Corfaires Hollandois qui ruinoient le commerce des ifles Françoifes, Louis XIV s'en empara de nouveau l'an 1677. Jamais entreprise de cette espèce ne coûta de part & d'autre tant d'hommes & de vaiffeaux. Eftce donc pour l'Angleterre que cette conquête a été faite ? Le fang & l'argent des François font-ils deftinés à lui acquérir des poffeffions? Cette guerre fut terminée par le Traité de Nimègue. Ce Traité conclu par la médiation & avec la garantie de l'Angleterre, porte que » chacun demeurera faifi & jouira effec»tivement des pays, villes & places, terres, ifles & Seigneuries tant au de» dans qu'au dehors de l'Europe, qu'il tient & poffède à préfent fans être troublé ni inquiété directement ni indi »rectement. Les Traités poftérieurs, tels que ceux de Londres, de Whitheall, de Rifwick, d'Utrecht & d'Aix la Chapelle n'ont rien changé à celui de Nimègue; les droits du Roi fur Tabago font donc établis d'une manière fi évi dente & fi incontestable, que les Commiffaires de Sa Majefté ne doutoient point que ceux du Roi d'Angleterre: n'en reconnuffent la légitimité. Mais

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lorfqu'on étoit fur le point de leur remettre ce Mémoire, l'infraction des Traités par les Anglois & leurs violences ont rompu la Commiffion. Quoique cet écrit ne foit figné que par M. de Silhouette, c'eft un ouvrage qui lui est commun avec feu M. de la Galiffonnière dont la perte doit exciter les regrets de tous ceux qui honorent la vertu, les talens & les connoiffances.

Pour bien entendre & fuivre exactement les différens articles de la Réponse des Commiffaires du Roi à la Replique de ceux de Sa Majefté Britannique au fajet de l'Acadie, il feroit à propos, Monfieur, de vous rappeller les princi paux points des Mémoires antérieurs qui ont donné lieu à ces derniers écrits. Les Commiffaires Anglois fe plaignent d'abord que les Commiffaires du Roi fe font jettés dans une multitude de réflé xions qui n'ont pas un rapport immédiat avec l'objet de la difcuffion préfente. Vous avez , Monfieur, par le compte que je vous ai rendu de leur Mémoire, qu'il ne contient pas une feule propofition qui foit étrangère à la queftion. Auffi cette première accufation n'eft-elle appuyée d'aucun fondement de

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