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été indépendans. Le Vidamé d'Amiens eft un fief qui confifte en des biens confidérables tant dans la ville que dans les environs. Les Vidames reconnoiffoient devoir à l'Evêque tout ce qu'ils poffédoient à Amiens, à l'exception de ce qu'ils tenoient de la bonté du Roi. La maison de Péquigny est la seule qui ait exercé l'office de Vidame d'Amiens. Le premier qui paroit en cette qualité eft Euftache, Baron de Péquigay, qui vivoit l'an 1066. L'auteur fuit. tous les Vidames de cette famille jufqu'à

'à Charlotte d'Ailly qui, par la mort de fes frères, devint unique héritière, & tranfporta fes biens en 1619 dans l'illuftre maifon d'Albert de Luynes par fon mariage avec Honoré d'Albert, Duc de Chaulnes. Cette généalogie eft fuivie de celle de cette dernière maifon depuis le père d'Honoré jufqu'à Michel Ferdinand d'Albert d'Ailly, aujourd'hui Duc deChaulnes, l'ami des Sciences & des Arts, & le protecteur des talens.

Les événemens arrivés à Amiens font renfermés dans les douze Chapitres fuivans, & terminent le premier volume. On ne trouve aucun monument hiftorique de cette ville avant la conquête des

Gaules par les Romains. Jules Cefar y tint une affemblée générale au fujet de la ftérilité caufée par la féchereffe. C'est auffi dans cette place qu'il confervoit les bagages de l'armée, les otages des villes, les regiftres, les papiers publics & les vivres néceffaires pour les troupes. On n'y trouve aucun refte d'amphitéâtres & autres édifices deftinés aux plaifirs du peuple, parce que cette ville étoit une place de guerre, » bien différente, dit l'auteur, de la voluptueu»fe Tarente, comme le fait connoître » Ciceron, en écrivant à Trebatius qui, paffant par Amiens, s'y étoit livré à » la débauche : Qu'auriez-vous donc fait, lui dit-il, fi vous aviez été à Tarente? » Depuis Céfar jufqu'à Clovis il n'eft rien arrivé à Amiens qui mérite votre attention. Avant la victoire que Clovis remporta fur Siagrius, Chararic étoit Gouverneur de cette ville pour les Romains. Il fe trouva à la bataille dans l'intention de fe ranger du côté du plus fort. Clovis s'en apperçut, &, quoiqu'il diffimula pour lors, il ne tarda l'en punir. L'occafion qu'il cherchoit de fe venger fe préfenta l'an $10. L'infortuné Gouverneur ayant été arrêté avec

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fon fils, fut condamné à passer ses jours dans un cloître. On lui coupa les cheveux, & fon fils lui dit en voyant couler fes larmes : Le tronc n'eft pas mort; ces branches vertes (il parloit de fes cheveux) renaitront; mais périffe celui qui les a fait couper. Clovis fut averti de ce difcours imprudent, & fa colère ne put fe cacher. Ils fe plaignent, dit-il, de ce qu'on leur fait couper les cheveux; qu'on la tête. Cet ordre févère fut

leur coupe exécuté.

Je pafle du regne de Clovis à la fin de celui de Charles VII. Il n'y a rien entre ces deux regnes qui puiffe piquer votre curiofité. En 1462 une pefte horrible enleva dans Amiens près de vingt mille ames. Pour appaifer la colère du Ciel, on fit une proceffion générale & un vou à Saint Sebaftien. Louis XI étant à Amiens, témoigna fon affection pour les habitans dans une lettre où, après avoir fait connoître l'importance de cette place, il loue la fidélité inviolable des habitans, & finit par ordonner que cette ville demeure à jamais unie à la couronne fans pouvoir en être détachée pour quelque caufe & de quelque inanière que ce foit. Pour défigner cette

union, le Roi lui donna pour devife ces. paroles: Liliis tenaci vimine jungor. Ce Prince & Edouard Roi d'Angleterre firent dans cette même ville un Traité qui fut confirmé à Péquigny. On y convint d'une Trève de fept ans. Pendant les conférences Louis envoya à Edouard trois cens chariots du meilleur vin, & fit dreffer à l'entrée de la porte de la ville deux grandes tables garnies à chacune defquelles étoient cinq à fix hommes en état de tenir tête à ceux qui vou. droient boire. On offroit des rafraichiffemens à tous les Anglois; on les défrayoit dans les auberges où ils defcendoient; & le Maréchal de Gié appric que dès huit heures du matin il y avoit déja eu près de deux cens écots dans un feul cabaret. Le Roi porta la confiance jufqu'à donner aux Anglois la garde d'une des portes de la ville. Dans la publication de la Trève » le Roi fait » commandement à tous les habitans » d'Amiens, que chacun remercie Dieu »notre créateur de la dite Trève, fai» fant joie, lieffe, efbatement & feux d'os parmi icelle ville, & grant joie » & confolation. »

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L'Empeur Maximilien conçut le def

fein de furprendre Amiens où i' fçavoit que la garde n'étoit ni bonne ni exacte. La tentative fe fit de nuit. Quelques foldats ennemis avoient déja efcaladé les murs, lorfque la nommée Catherine de Lice, femme dont la mémoire mérite de paffer à la postérité, s'imagina avec raifon qu'on méditoit quelque entreprife contre la patrie. Elle n'en douta plus voyant quantité de gens traverfer le fauxbourg où elle demeuroit, & s'avancer près des murs. Son zèle la tranfporta fur le bord du foffé d'où elle cria à la garnifon en patois Picard: Hé, guet, prends garde à ty. A ces mots le guet donna l'allarme. On fonna la cloche du Béfroi, & la bourgeoifie s'étant rangée fous les armes, les ennemis furent fi vivement repouffés, que plufieurs de ceux qui s'étoient introduits dans la ville n'ayant pas eu le temps de regagner le chemin par où ils étoient entrés, furent obligés de fauter par deffus les murailles pour fauver leur vie.

Du temps de la Ligue la ville d'Amiens fe porta aux mêmes excès de fanatifme que la plupart des autres villes. On y défendit fons peine de la vie de tenir des difcours favorables au Roi de

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