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pe.

les maladies qui ne font pas encore fuffi-
fament expliquées dans les livres de Mé-
decine. Il annonce un Traité fur la
tite vérole: l'humanité réclame l'accom-
pliffement de cette promeffe. Celui
dont je viens de vous rendre compte
eft dédié à Monfeigneur le Duc d'Or-
léans. L'auteur y exprime les fentimens
de reconnoiffance dont il eft pénétré
pour les bienfaits d'un Prince dont vous
fçavez que la grande ame a furmonté
tous les préjugés & les mouvemens de
crainte que la tendreffe paternelle pou-
voit infpirer contre l'Inoculation. Je
vous ai parlé dans le temps de cet exem-
ple mémorable fi peu imité, quoique
l'Inoculation foit un moyen infaillible
d'arracher à la mort un grand nombre
de citoyens que la petite vérole enlève
journellement à leur patrie & à leurs
familles.

Vers à M. le Vachon.

Quel plaifir j'éprouve, Monfieur, à ▼ous annoncer un jeune homme doué d'un génie fupérieur pour le violon! C'eft M. le Vachon né à Avignon, & qui n'a que 21 ans. Rien n'eft comparable à fon exécution; elle eft vive, forte, légère, fûre, ferme, précife; elle éton

ne, elle charme, elle enlève tous fes auditeurs. Sa compofition pour les Concerto, les Symphonies, les Sonates, &c. a toute la richeffe imaginable. Mrs Rameau & de Mondonville ont joui de fes talens avec cette furprise muette qui peint fi bien l'admiration, avant qu'elle éclatte par des applaudiffemens & des éloges. Le dernier l'a retenu pour le Concert Spirituel où il jouera inceffammant. J'ai eu le plaifir de l'entendre moi-même; je ne m'y connois pas à beaucoup près auffi bien que ces maîtres de l'art; mais j'ai été ravi, enchanté, extafié. Ce qui relève le mérite de M. le Vachon, c'est qu'il eft doux, honnête, fociable, poli, modefte; il ne se doute pas de ce qu'il vaut ; & voilà les bons, les vrais, les grands talens. Il vit depuis fix mois dans une petite fociété compofée de gens d'efprit & de goût qui aiment paffionnément la Mufique. Un de ces amateurs, M. de Caux, dont j'ai eu occafion de vous parler fouvent avec avantage, l'a célébré dans les vers que je vous envoie.

Oui, c'est le Dieu de l'Harmonie
Qui, pour tout foumettre à sa loi,

Lui

Lui-même a réuni dans toi
La main, le goût, & le génie.
Que ne puis je offrir dans mes vers
Ces fougues, ces élans divers,
Qui t'emportent loin de la terre;
Tel qu'on voit planer dans les airs
Parmi la foudre & les éclairs,
L'oifeau qui porte le tonnerre!
Que ne puis-je, aidé de la rime
Imiter ces beaux mouveinens,
Ces paffions, ces fentimens,
Cette éloquence fi fublime,
Que le plus beau des inftrumens
Sous ton archet vainqueur exprime!
Quels contraftes dans les portraits!
Que de nuances dans les traits!
Quelle vérité de peinture!
Tu traces les feux des amans,
Les doux plaifirs, les bruits charmans;
Tu nous rends toute la nature.
Par les plus aimables tableaux
Ton goût fertile orne un Paffage;
Tes cordes, ces divins pinceaux,
Affaifonnent les grands morceaux
Du plus élégant badinage;
Des in-promptu toujours nouveaux*
A la fin couronnent l'image.

toi que j'ai trop peu vanté,

Ami, dont le Sage s'honore,
Sois toujours la Divinité

Points-d'orgue dans lefquels M. le Vachon ex celle pour la richeffe du génie & le piquant de la vas dété.

AN. 1757. Tome VIL.

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LETTRE XIV.

Le Danger des Paffions.

Ntiochus, Roi de Syrie, avoit

A poure Laodice, fille du Roi de Pont. Morte peu d'années après, elle lui avoit laiffé un fils nommé Seleucus. Le Roi, refté veuf à vingt- trois ans, bien fait, aimable, & rempli de toutes les qualités qui diftinguent un grand Prince, ne fut pas long- temps fans éprouver les intrigues des femmes galantes qui compofoient sa Cour. Parmi tant d'objets faits pour plaire, Sélenne fut celle qui fixa le choix du Monarque. Ce Prince étoit né, dit l'auteur, avec une ame tendre, un caractère doux & vrai; la beauté de Sélenne le toucha moins encore que la perfuafion d'en être aimé. Cette femme devint en peu de temps Souveraine de fon cœur & de l'Empire. Mais elle étoit dominée par

l'orgueil & l'ambition; les foibleffes de l'amour lui étoient étrangères; fa paffion feule étoit fa fortune qu'elle fondoit fur fa beauté. Dès qu'elle fe fentit fûre de fon autorité, elle voulut la fignaler avec éclat en fubftituant un Miniftre de fa façon à celui qui étoit en place, & dont la vertu lui devenoit fufpecte; ce qui procure à l'auteur des portraits & des caractères très bien frappés.

Il falloit un contrafte à Selenne : on lui donne dans Hermiade une amie douce, modefte, d'une figure très agréable, même très touchante. Son rôle eft d'aimer tendrement le Prince fans ofer le faire connoître, & pourtant de voir fa rivale aimée, comblée d'honneurs & de biens, & dans la plus haute faveur; en un mot, elle ne peut avoir que l'amitié du héros, tandis que l'autre en a tout l'amour. Quels tourmens! Quel martyre! L'ingrate & perfide Sélenne, qui n'avoit point encore fenti de véritable paffion, fe voit tout-à coup fubjuguée par les charmes d'un jeune Thrace qui paroît à la Cour de Syrie. Elle fe livre à toute la violence de fes feux. Hermiade découvre cette intrigue par

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