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elle, fut décapité. Antiochus, qui l'ai moit véritablement, fut dévoré de chas grins, fon défefpoir ne recevoit au une confolation. C'est dans ces circonstan ces que la malheureufe Hermiade fortit de prifon, reparut à la Cour, fut bien reçue du Roi, qui la regardoit comme une tendre amie. Quelle félicité pour elle de voir à tout moment un Prince:

qu'elle adoroit! Mais fa paffion devient fi violente que le feu de l'amour la con fume; elle tombe dans une langueur mortelle. Bien-tôt elle fentit la mort s'approcher, & dans ces momens fuprê mes, où tous les fecrets du cœur ne craignent plus de paroître, elle ofa déclarer à fon Prince la caufe de fa mort ;. mais ce fut de la manière la plus vertueuse, la plus touchante; elle expira dans les bras d'Antiochus, victime infor tunée de l'amour le plus tendre.

Le Miniftre avoit obtenu par elle de fon Souverain que, pour prix de ce qu'il lai avoit confervé la couronne & la vie, le jeune Prince, fils du Roi, feroit don né pour époux à fa fille unique; le ma riage avoit été célébré; mais, comme elle étoit encore trop jeune, on les tenoit féparés; ce qui n'affligeoit point

Seleucus, qui fe fentoit pour elle une averfion invincible. Pour s'en éloigner davantage, il voulut voyager; Antiochus, plongé dans la trifteffe, y confentit.

Seleucus part pour l'Egypte, ac compagné d'un feul ami; & tous deux, fous des noms déguifés, fe donnent par-tout fimplement pour deux étrangers curieux; le Prince avoit pris le nom d'Alamir; l'ami celui de Mirgès. Ils arrivent à Memphis, où la figure féduifante & la bonne mine d'Alamir lui procurent d'abord une bonne fortune, un peu bourgeoise à la vérité. Une belle Egyptienne lui donne rendez-vous dans une petite maison, mais exige de lui qu'il ne cherche point abfolument à la connoître; tout le paffoit dans l'obfcurité de la nuit, fans qu'il pût obtenir de celle qui le combloit de fes faveurs de fe laiffer voir à la lumière. Enfin ne pouvant plus réfifter au defir de connoître la beauté qui le rendoit fi heureux, il voulut comme Orphée regarder fon Euridice, il la perdit comme Orphée; tout accès lui fut fermé chez l'Egyptienne.

Seleucus fe montre à la Cour. Il eft introduit chez Arthenice, jeune Prin

ceffe, qui fe faifoit alors adorer fur le trône de l'Egypte. Y paroître & charmer tous les regards fut l'ouvrage d'un inftant pour Alamir. On étoit en guerre avec le Roi des Mèdes; Alamir fit la Campagne fous le Général de l'Egypte, homme fage & grand Capitaine. La jeune Reine, qui, malgré la fierté naturelle, avoit toujours confervé dans fon ame l'image du jeune étranger, reffentit une joie exceffive quand fon Général loua devant elle Alamir de fes grandes qualités pour la guerre. Il devint en peu de temps le favori d'Arthe nice; une feconde Campagne acheva de vaincre fon orgueil. Comme le Général donnoit une bataille décifive, & qu'il touchoit au moment de la victoire, il fut atteint d'un coup mortel à la tête de fon armée, qui, frappée de cet événement, s'ébranla foudain pour prendre la fuite. L'intrépide Alamir qui le voit s'élance au milieu d'eux, & d'une voix foudroyante : » Arrêtez, braves

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Egyptiens, arrêtez: O Dieux, que » faites-vous? A quel égarement votre » douleur vous entraîne. Regrettez fans » doute, regrettez à jamais votre illuftre Général; eh, qui fent mieux que

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moi la perte que vous faites ? Mais >> eft ce donc de regrets honteux & sté-> riles doit être fuivie la perte d'un que » fi grand homme ? Voulez-vous des» honorer fa mémoire, en aviliflant le » nom d'invincibles qu'il vous a fait » mériter? Laiffez les larmes à vos fem»mes, à vos enfans; c'eft à eux de le pleurer; c'est à vous de le venger. » Ik ajoûte à ces paroles belliqueufes tout ce qu'il juge capable d'enflammer des foldats déja vainqueurs, & finit par fe mettre à leur tête, en leur difant de Te fuivre, & les affûrant que la victoire eft à eux. A ces mots, à fon air, le foldat croit voir un Dieu qui lui parle, qui le conduit, on fe rallie, on retourne au combat, en fait des prodiges de valeur, & le brave Alamir fait de fa main le Roi des Mèdes prifonnier, dont l'armée eft mise en déroute. Aw bruit d'une victoire fi éclatante la Reine fentit tout fon cœur s'agiter. Alamir revient à la Cour se jetter à fes pieds, &, comme elle lui tendoit la main pour le relever, il la baifa rendre ment. La Reine diffimula cette témérité dans une occafion fi pardonnable; mais le feu du baifer lui paffa jufqu'au fond

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de l'ame. Hélas, les Rois fouvent ne font pas maîtres de fe rendre heureux! Toute puiffante & abfolue qu'elle eft, Arthénice n'ofe déclarer ni même laifler appercevoir fes fecrets fentimens. Ils s'aiment, ils s'adorent tous deux ; mais le Prince eft retenu par un funefte hymen dans fa patrie, & la Reine par la fierté de fon rang. L'auteur fait une peinture fort vive de leurs tourmens, de leurs agitations, de leurs brulans tranfports. L'infortune du Prince parvient à fon comble; il eft arrêté, près d'expirer même dans une Tour par le fer, la faim ou le poifon, quand toutà-coup la nouvelle de la mort de fa jeune époufe eft apportée à la Reine quis étoit au défefpoir : c'eft l'ami du Prince qui l'avoit reçue, & qui révèle la naiffance de Seleucus. Arthénice fait voler à la prifon pour fauver l'objet de fon amour; on le trouve prefque mourant; mais la préfence de Mirzès & la nouvelle inefpérée de fon bonheur lui. rendent la vie. Il vole chez la Reine; fon raviffement lui donne des aîles. Il approche; quels tendres foupirs, s'écrie l'auteur, quelles larmes délicieufes coupent leurs paroles! Regards enflam

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