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més, difcours fans fuite, tranfports; fermens, tout concourt à redoubler pour eux le charme de cet heureux moment, ou plutôt d'un moment qui pensa leur être bien funefte. Soudain un tumulte affreux fe fait entendre, & Phanès, Prince Egyptien, jaloux de Seleucus, paroît l'épée à la main, fuivi de fcélérats. A la vûe de fon rival heureux fa fureur redouble; il fe précipite fur Seleucus, les yeux étincelans; le Prince pare le coup d'une main, tire l'épée de l'autre. La Reine jette mille cris perçans; égarée par fon défefpoir, elle ne connoît plus ni décence ni raifon; elle fait de fon corps un bouclier pour fon amant. Ce tranfport d'Arthénice ranime La force, & d'un coup terrible il renverfe le monftre qui le perce lui-même. en tombant. On le croit mort; la Reine s'évanouit; pendant quelques jours fes. frayeurs font mortelles; mais enfin fon amant guérit; on célébra leur hymen. qui les rendit auffi heureux par leur tendreffe mutuelle qu'ils méritoient de l'être par leurs vertus.

C'est ainfi, Monfieur, que fe termine Le Danger des Paffions ou Anecdotes Syriennes & Egyptiennes. Traduc

tion nouvelle, par l'auteur de l'Ecole de l'Amitié, 2 petits volumes in-12, à Paris chez Rollin, Quai des Auguftins, près de la rue Gît-le-Cœur. Je vous ai parlé autrefois de cette Ecole de l'Amitié, ouvrage plein d'agremens & de mœurs. Le Danger des Paffions ne lui cédera point la fupériorité. On y voit par des exemples fameux que dans tous les temps & chez toutes les nations les hommes ont toujours été à peu près tels que nous les voyons; conduits par l'intérêt, aveuglés par l'amour, entraînés par la haine, emportés par l'ambition, en un mot, gouvernés par leurs paffions, mais, plus fouvent qu'on ne croit, fufceptibles d'être ramenés la raifon & retenus par la vertu. J'ai lu peu de pro ductions dans ce genre écrites avec tant de chaleur & d'élégance. Il y a des images, des fentimens, & des détails admirables pour le pathétique. Peut-être l'auteur donne-t-il des couleurs un peu trop Européennes à fes héros Afiati; mais c'eft un ufage reçu dans l païs des Romans, & fur-tout dans ces fortes de traductions qui font des originaux.

par

Moyens für d'apprendre les langues & principalement la Latine.

Il n'y a que deux moyens infaillibles d'apprendre les langues, dit l'auteur de cette petite Brochure in 12, ou par l'u fage, ou par la voie de la traduction. C'étoit ainfi que les apprenoient les Anciens. Les Romains alloient apprendre le Grec à Athènes, ou bien ils prenoient des maîtres de cette nation qui leur faifoient traduire les meilleurs livres. En parcourant l'Hiftoire des Enfans Doctes de Baillet, on apprend qu'i's n'étoient parvenus à bien fçavoir les langues que par la lecture affidue & par la traduction. Cela étant, il s'agit de connoître quels font les premiers pas qu'il faut faire relativement à cette voie. Perfon ne ne les a indiqués affez clairement, puifqu'on n'eft pas encore d'accord làdeffus.

Ce fut vers le regne de François-F que la compofition du Latin fur la langue maternelle, c'est-à-dire, l'ufagedes thèmes commença à s'introduire dans prefques toutes les Ecoles. La langue Françoife prenoit le deffus; on per

doit peu à peu de vûe la Latine; & l'on s'avila de faire des règles qui remplirent cette route de ronces & d'épines. En vain on s'eft apperçu depuis que cette méthode donne la torture aux enfans, les retarde, les dégoute; elle fubfifte, elle prévaut: tant la coutume a de force quand une fois elle eft établie! Comment les enfans peuvent-ils choifir les termes & les tours d'une langue qui leur eft totalement inconnue ? Pour ranger du Latin, il faut en avoir; les enfans n'en ont ni n'en connoiffent point; cependant on veut qu'ils en faffent. Un très-petit nombre en vient à bout; mais quel langage? Le Père Lami raconte que, quand il commença par la pratique de ces règles, fans avoir auparavant une provifion de mots & de tours Latins, c'étoit comme fi on lui eût mis la tête dans un fac pour marcher fans s'égarer. Lipfe fur balotté à Bruxelles & dans la ville d'Ath jufqu'à l'âge de treize ans avec les Rudimens & les Syntaxes par les différens maîtres fous lefquels il paffa fucceffivement; & il traite de bagatelles dégoûtantes ces règles dont on l'occupoit. Scaliger fut trois. ans entiers à apprendre inutilement les

Rudimens de la Langue Latine. Son père le retira du Collège, & le retint auprès de lui. Au lieu de lui faire continuer fes études par la voie des thèmes, il prit celle qu'il crut la plus courte & la plus facile, c'est-à-dire, la traduction. Le jeune Scaliger fçut douze ou treize langues pour lefquelles il ne s'étoit jamais fervi de Grammaires. Muret, Turnèbe, Cafaubon, Manuce, Lambin, Sannazar, Rapin, & tant d'autres, ne fe font formés qu'en traduifant les bons auteurs anciens. La plupart de ces fçavans, lorfqu'ils parlent de leurs premières études, donnent les marques les plus fenfibles de leurs regrets d'avoir perdu leur temps à des compofitions faftidieufes de François en Latin, qui ne leur avoient rien appris. Il n'eft pas concevable commment un ufage, condamné par les hommes les plus éclairés, & qui n'eft fondé que fur une infinité de règles faufles, a prévalu fi longtemps. Pour montrer la fauffeté de ces règles, l'auteur en prend quelques anes au hafard dans les méthodes ordinaires; & il conclut contre l'ufage des thèmes en faveur de la traduction dont il montre l'utilité. Quelques uns de ceux qui

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