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apporte notés à la fin du Prospectus, les différentes mélodies qui font au-deflus de chaque Baffe, n'altèrent point l'effet éprouvé de l'harmonie. Peut-être fe rrouve-t-il plus d'analogie d'un côté que de l'autre, ce qui ne doit pas furprendre, dit l'auteur; il est tout naturel qu'entre les combinaisons de produits qui ne font qu'acceffoires, on choififfe, celle qui répond le mieux au fond d'où naît le fentiment, le haut plutôt que le bas, en un mot, le plus chantant. Ce père de l'harmonie met une grande différence entre les effets moraux & les effets phyfiques; les premiers doivent pénétrer jufqu'à l'ame, & ne le peuvent qu'en imitant la nature, fource commune des paffions. Or la nature ne s'explique jamais qu'harmoniquement puifqu'ici telle confonnance, telle modulation lui plaît, là telle autre la révolte, pendant qu'elle ne paroît nullement s'occuper de la mélodie, que nous ne devons qu'à notre incapacité. Ce n'eft conféquemment que pour les effets phyfiques que la mélodie eft réfervée, fans qu'elle ait befoin de la variété des tons ou modes. » Il faut, ajoûte notre Artifte, une certaine expé

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»rience dans l'art, dont le moindre no»vice fe croit fuffifamment muni, pour qu'on puiffe juger de quelle part vient l'impreffion qu'on reçoit : la partie fupérieure & chantante eft fouvent la » feule qu'on écoute, & l'on croit lui » devoir tout, lorfque l'impreffion re»çue ne vient que de l'enfemble. C'eft » ainfi que s'égarent certains auteurs qui veulent parler de tout. » Quelques Encyclopédiftes feroient bien de mettre à profit ces petites réflexions, données par un homme qui s'y connoît. Quel eft l'objet du Philofophe, fi ce n'eft pas la vérité? Qu'il la trouve par lui même, ou qu'un autre la lui préfente toute trouvée, qu'importe ? Il doit la reconnoître & l'embraffer. Mais fouvent une orgueilleufe préfomption s'en mêle, & l'entêtement fe met de la partie. » On a beau fe perfuader que les fens nous » trompent: réflexion, jugement, rai»fon, tout s'évanouit à la première idée qu'on fe forme fur un effet de Mufi» que; cela paroît plus fort que nous. » C'eft dans cet art principalement » que nous croyons tout voir dans le pe» tit efpace qu'embraffe notre vue. Nos plus grands differtateurs en Mufique y

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font juftement aujourd'hui les moins favorifés de la nature. ».

Ces principes pofés & leurs conféquences bien établies bien établies, que l'auteur ac compagne, comme on le voit, de réfléxions utiles autant que juftes, il paffe à l'expofition de fes méthodes dans l'ordre généalogique, pour ainfi dire, qui les en fait émaner. La première de ces méthodes eft pour apprendre la Mufique, même aux aveugles; ce ne fera qu'un jeu pour les enfans. Notre Artifte remarque fort judicieufement que ce· qui peut avoir retardé le progrès de la Mulique en France, c'eft que les paro les ont été généralement le principal objet des amateurs. En falloit-il davantage pour les priver du fentiment qui réfulte de l'harmonie dans fes plus belles cordes & dans les expreffions qu'elle la produit ? Voyez fi par tout où regne Mufique Italienne, on penfe beaucoup aux paroles pour juger fi elles font bonnes ou bien rendues: on en feroit fouyent la dupe. On ne doit donc regarder d'abord les paroles que comme un canevas fur lequel le Muficien diftribue fes broderies.

La feconde méthode donne la posi

tion de la main fur le clavecin & fur l'orgue avec toutes fes dépendances, de forte qu'elle y fert également pour les pièces & pour l'accompagnement.

La troifième méthode contient l'art de former la voix, c'est-à-dire, qu'elle enfeigne à tirer de la voix les plus beaux fons dont elle eft capable dans toute fon étendue, qu'elle augmente en la portant à toute fléxibilité : méthode que l'auteur dit être nouvelle en France; fans doute qu'elle vient d'Itálie, où les voix font extrêmement fléxibles. Il ajoû te ingénieufement que, pour y réuffir il faut prendre la peine de n'en point prendre. La gracé en dépend; elle eft incompatible avec la gêne. On peut dire que les Graces font filles de l'Aifance, comme elles font compagnes de la Beauté & qu'est-ce que la Beauté, fi ce n'eft la Perfection ? Ce font les ter mes de M. Rameau. L'image fuivante, que je trouve d'une jufteffe & d'une naïveté charmante, fair bien voir qu'il ne tient qu'à lui d'écrite avec élégance. Il s'agit du commençant en Mufique qu'il avertit de ne fe point preffer dans fes opérations. « Voyez marcher cet enfant au fortir da berceau; fe prelle

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t-il? Hélas, il n'ofe encore; il fent qu'il tomberoit. Mais infenfiblement » fa force augmente, fes mouvemens »fe forment, fon courage s'évertue; il arrive enfin à courir comme les autres, fans trop fçavoir comment. Voilà l'image & l'exemple de notre élève en Mufique; il lui fuffit d'être bien dirigé. Le progrès dans les Arts marche comme l'aiguille d'une montrę; elle avance fans qu'on s'en apper»çoive.

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La quatrième méthode regarde l'accompagnement du Clavecin ou de l'Orgue; elle eft totalement établie fur le plan qu'en a donné l'auteur en 1734, excepté qu'il l'a foumife aux chiffres en ufage. Cette méthode, dit l'auteur, femble être imaginée pour les aveugles, comme il femble auffi que la nature ait prévû que la marche la plus naturelle aux doigts fur le clavier fuivroit exactement l'ordre le plus régulier de l'harmonie.

La cinquième méthode achève la compofition, dont la quatrième a déja fait l'ébauche & les préparatifs. Elle s'y y trouve en effet de la plus grande importance, puifque, fans le fecours de

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