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fe font des fignes, & Zerbin paffe à côté de Laurette derrière le tableau où il refte caché. La vue de fon amant anime les regards de Laurette; fes yeux s'enflamment, fon cœur palpite, elle foupire, &c. Le Peintre qui n'apperçoit

pas

fon élève, fe croit la caufe de ces mouvemens amoureux; il s'anime à fon tour. Sa paffion redouble; & comme il fe lève pour embraffer fon modèle, il voit Zerbin qui baise la main de sa maîtreffe. Il veut fur le champ le chaffer de fa maison. Mais la Gouvernante qui arrive au bruit que fait le Peintre, prend le parti des jeunes amans, & engage fon maître à ne point s'opposer à leur union. Alberti céde généreufement Laurette, & accepte la propofition que fa Gouvernante lui fait de l'époufer. Les deux fcènes, qui ont été les plus applaudies dans cette pièce, font celles où Alberti & Zerbin font furpris en baifant la main de Laurette.

Le Mauvais Plaifant ou le Drôle de Corps, repréfenté le 17 Août, eft un ouvrage pofthume de M. Vadé, qui n'auroit pas dû être repréfenté. L'auteur n'avoit fait que l'ébaucher, & ne l'auroit fûrement pas donné tel qu'on l'a

trouvé à fa mort. La Pièce n'étoit pas finie ; il y manquoit quatre ou cinq fcènes; les autres n'étoient ni liées, ni retouchées; en un mot, c'étoit un croquis plutôt qu'une pièce. On l'a fait achever & arranger par une autre main, & l'on ne s'en apperçoit que trop.

M. Groffel, oncle de Sophie, deftine sa nièce à M. Plaisantin, dont les jeux de mots & les équivoques continuelles le réjouiffent. Une autre raifon qui le décide en fa faveur, c'eft que ce dernier a promis de lui trouver une fomme d'argent dont il a befoin pour faire un rembourfement qui le preffe. Céphife, mere de Sophie, a d'autres deffeins fur fa fille. Elle veut qu'elle époufe Léandre, dont le caractère froid & fenfé déplait à Groffel. Sophie eftime Léandre; mais Plaifantin la fait rire, & Groffel menace de la priver de fon bien, fi elle ne confent au mariage qu'il a projetté. Après cette expofition, Plaifantin arrive, & fait fon compliment à Céphife qu'il trouve belle comme Cybelle. CEPHISE ironiquement. Cela eft fort beau. PLAISANTIN. Qu'est ce que vous parlezlà de Corbeau ? CEPHISE. Ayez la bonté de me parler plus clair. PLAISANTIN.

Quoi Clerc de Procureur? CEPHISE. Une affaire m'appelle. PLAISANTIN. Elle vous a donc appellée bien bas ; car je ne l'ai pas entendue, &c, &c, &c. Voilà, Monfieur, fur quel ton eft monté le héros de cette pièce. On eft un peu dédommagé de toutes ces platitudes par quelques couplets affez heureux, tels que celui-ci, fur l'air du Menuet d'Exaudet, où l'auteur a défini la bonne compagnie.

Bien penfer,

S'énoncer

D'un air libre,

Mais fans trop de liberté,
Et de l'égalité
Conferver l'équilibre ;
Obliger
Sans fonger

Qu'on oblige;

Immoler fa volonté

Quand la fociété

L'exige;

Se prêter, quand on raifonne,

Aux raisons que l'on nous donne
Faifant voir

Leur pouvoir

Sur les nôtres :

By

On a de l'efprit, on plaît,
Dès que l'on fatisfait
Les autres.
Poffédant

Le talent

D'être aimable,
Joindre à ces variétés
Les belles qualités

Pour paroître estimable;
Amufer

Sans ufer

D'épigramme:

Tel qui rit d'un trait lancé,
En eft toujours blessé
Dans l'ame.

Cependant le créancier de M. Grossei arrive, & fait grand bruit pour fe faire payer des vingt mille écus qui lui font dus. Plaifaniin croit l'adoucir par fes quolibets; le créancier en eft offensé;

"

met l'épée à la main, & veut avoir raifon des mauvais propos de Plaifantin, dont il dit être blessé. « Vous êtes bleffé, reprend le Mauvais Plaifani? "Eh bien, je vais vous chercher du fe» cours, & il fe fauve. Cette action de lâcheté, jointe à la générofité de Léandre, qui fatisfait à la dette des vingt mille écus, détermine Groffel & fa foeur à lui accorder la main de Sophie, en reconnoiffance de ce service.

Plaifantin, qui foutient impitoyablement fon caractère jufqu'à la fin de la pièce, dit, en fe retirant « oh, je n'aime pas le fervice, moi; c'est un » métier trop dangéreux ».

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Le 5 Septembre, on donna la premier représentation du Faux Dervis, pièce en un Acte par Mrs Poinfinet. L'idée de cet Opéra Comique paroît être tirée de l'Hermite, Conte de la Fontaine. Hali, Turc des plus bornés, jaloux & fuperftitieux à l'excès, eft poffeffeur d'une Esclave charmante, appellée Fatime. Zindor, jeune Turc, qui a voyagé en France, & qui en a pris les ufages, a vû, par hasard, belle Efclave & en eft devenu trèsamoureux. Voici de quel artifice il fe fert pour l'enlever au fuperftitieux & imbécille Hali. Il fçait que ce Turc infenfé a la folie de vouloir être Emir, parce que cette dignité donne le droit de porter le turban verd; ce qui n'appartient qu'aux defcendans de Mahomet. Zindor profite de cette manie ; & tandis qu'on inftalle Hali parmi les Emirs, il prend fon temps pour entretenir Fatime en liberté. La cérémonie: eft à peine finie, qu'un prétendu Eunu

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