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Formofe; de blanchir les Nègres; de changer de la laine en cheveux; de réduire les mamelles des femmes Groenlandoifes à un jufte volume, ou de faire difparoître le hideux tablier des femmes Hottentotes. Toutes ces différences qu'on obferve dans les peuples de l'univers, on les apperçoit dans les différentes familles d'un même peuple. » Les traits, la phyfionomie, la com

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plexion des parens, fe trouvent deffi» nés en petit dans le germe conçu » dans leur fein. Ce germe, objet éter» nel de fpéculations & de controverfes pour le Phyficien oifif, eft incontef » tablement aux yeux du Médecin phyfiologifte une émanation de toute la » fubftance des pères; c'est la fécrétion » la plus parfaite de leur propre fang, » l'os de leurs os, la chair de leur chair. »Toute la maffe de l'embryon a été »jettée dans leurs moules, & tous les » fucs qu'il s'eft appropriés, ont été digérés, préparés, élaborés par leurs or» ganes... Ainsi le méchanifme admirarable de cette machine vivante, fe peu fur le modèle de celui de qui elle tient l'être; à mefure qu'elle pompe de nouveaux fucs,

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"elle les affimile aux anciens ; elle ne » ceffe de tout conformer à fon proto"type; &, à proportion que l'enfant fe » fortifie, & commence à marcher, ou

à parler, il eft aifé de reconnoître à » fon air, à fon port, à fes geftes, à fon »ton, à fon humeur & à fes inclina

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tions de qui il a reçu le jour.... La "nature affecte tellement cette fimili»tude qu'elle l'étend jufqu'aux tâches, "aux difformités, aux maladies mê"mes, & qu'elle aime mieux faire naî tre des enfans miférables que diffemblables à leurs parens, & que, par une trifte propagation d'infirmités, elle pourfuit jufques dans le fils innocent » la vengeance des déréglemens du père... Si quelques vices du corps font » héréditaires, les maladies de l'ame le "font toutes plus ou moins. S'il y a »des races de gouteux, de pulmoniques, » de louches, de boffus, c'eft-à dire, plus fujettes que d'autres à ces fortes » d'infirmités, il y a pareillement des familles, dont prefque tous les fujets "apportent en naiffant certains travers d'efprit, ou une difpofition prochaine " à la mélancolie, à la folie, à l'imbé cillité, à l'épilepfie, & réciproque

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»ment on en voit d'autres où le cou»rage & la prudence ont été de temps » immémorial l'appanage conftant de » chaque individu, parce que des

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nes heureusement conftitués fe pretent facilement au libre exercice de » toutes les fonctions, tant de l'ame que » du corps. « હે

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Les trois regnes de la nature, ie minéral, le végétal & l'animal, concourent à établir la propofition de M. Morand. Dans chaque regne les espèces ont été déterminées dès le commencement, de manière néanmoins qu'elles font géné ralement fufceptibles de diverfes altérations, tendantes à abatardir l'une, ou à améliorer l'autre ! «Voyez, goûtez, sen» tez, dit M. Morand, la différence du céleri à l'ache des prez dont il tire fon origine, ou de la chicorée blan» che à la chicorée fauvage. « Eft-il étonnant que l'homme foit foumis à la loi commune, & qu'il y ait des races plus belles, plus vertueufes, plus héroï ques les unes que les autres ?

Mais ne voit on pas des enfans iffus de grands hommes s'éloigner indignement des traces de leurs pères, & des hommes fortis du néant fe diftinguer,

au contraiae, par des actions éclatan tes? M. Morand en convient; mais il en apporte diverses causes fenfibles qui ne portent point coup à la régle ordinaire. 1. Combien d'enfans de noble race ont été conçus dans de malheureuses conjonctures? Combien de ces foibles & maigres rejettons d'une belle & vigoureufe tige ont encore fucé, avec le fait, les inclinations baffes ou honteufes d'une nourrice mercénaire, & pour comble de maux, ont été livrés au fortir de l'enfance à des mains lâches & ineptes, dont on ne pouvoit attendre par rapport au corps qu'une éducation molle & efféminée, & à l'égard de l'efprit que de faux principes ou des maximes pernicieufes 2. Combien d'enfans, quoique nés dans un état obf cur, reçoivent la vie de parens doués d'une heureufe conformation d'organes? Si de plus une mère vertueufe, n'ayant que Les propres mamelles

pour nourrir ce fruit de fes chaftes amours, lui fournit toujours un lait parfaitement afforti à fa conftitution, & tout à fait analogue aux premiers élémens de fon tendre corps, n'eft-on pas fondé à efpé rer qu'un tel enfant, élevé d'ailleurs par un père fain de corps & d'efprit, en

durci au travail, & exercé fans fafte dans

fe

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à tout

tout genre de vertus, ce qu'il y a de plus grand? M. Morand n'héfifte donc point à tirer cette conclufion fondée fur l'analogie, fur les exemples & fur l'expérience: l'Héroïsme fe tranfmet des pères aux enfans.

Il y a quelque chofe de vrai dans cette affertion. Mais les diverfes causes mêmes capables de rompre cette continuité d'Héroïsme, & que l'auteur ne diffimule pas, comme vous l'avez vû, font fi fortes, fi multipliées, & fi généralement reçues parmi nous, qu'on doit être peu furpris que d'illuftres ancêtres ne foient pas reconnoiffables dans leur postérité. Parmi ces caufes il en eft une bien effentielle dont M. Morand ne dit pas un mot, & & que Boileau nous indique:

Tous les livres font pleins des titres de vos Pères ;

Leurs noms font échappés du naufrage des

temps.

Mais qui m'affarera qu'en ce long cercle d'ans,
A leurs fameux époux vos ayeules fidelles
Aux douceurs des Galans furent toujours re

belles ?

Et comment fçavez vous fi quelque audacieur
N'a point interrompu le cours de vos ayeux,
Et fi leur fang tout pur, ainfi que leur nobleffe,
Eft paffé jufqu'a vous de Lucrèce en Lucrèce?
Je fuis, &c. A Paris, ce 30 Nov. 1757.

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