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qué noir, qu'on dit être envoyé par le Sultan, apporte le cordon au nouvel Emir, en punition de ce que, fans la participation de fa Hautefle, il a ofé fe faire décorer de cette dignité. C'est un nouveau ftratagême dont fe fert l'amoureux Zindor pour obliger le crédule Hali à lui céder fa jeune efclave. Intimidé par la crainte de la mort, il se prive de ce qu'il aime, parce que ce n'eft qu'à ce prix qu'on lui veut laiffer la vie. Il y a, Monfieur, dans cette pièce beaucoup de gaîté, des airs bien choifis, heureufement appliqués aux paroles. Le Divertiffement, qui fuit l'inftallation d'Hali, eft très-adroitement amené Les couplets font autant d'épigrammes qui perdroient à être détachées de la pièce, & qu'il faut lire dans l'ouvrage même. Quelques oreilles délicates ont paru bleffées d'une certaine liberté qui y regne. Le Faux Dervis a occupé agréablement le théâtre de la Foire jusqu'à sa clôture.

On y a joint Le Nouvellifte Dupé, Opéra Comique en un Acte, par M. Panard, représenté pour la première fois le 12 de Septembre. On en a été beaucoup moins content que du précédent, foit

par le choix des airs qui font tous trèsanciens, foit pour le plan & la conduite de la pièce M. Timbré, poffedé de la manie des nouvelles, néglige tout pour s'y livrer. Il eft d'une indolence ourrée pour les affaires, d'une curiofité fans bornes pour celles des autres. Il fçait tout excepté ce qu'il devroit fçavoir. Il veut marier fa fille Angélique à M. Furet dont il a fait fon commiffionnaire pour les nouvelles. Sa femme eft une autre folle à qui la paffion du jeu a fait tourner la tête, & qui deftine fa fille à M. Repic, Médecin, parce qu'il aime à jouer comme elle. Sa mère, Madame Argante, n'est pas plus raifonnable; comme elle fçait que Léandre eft l'amant d'Angélique, elle met tout en œuvre pour lui faire époufer fa petite fille, & le moyen qu'elle employe eft très-mal honnête. Elle fait cacher Angélique dans la maison de M. Richard, oncle de Léandre; par l'intrigue d'un valet, Léandre l'enlève en présence de M. Timbré, fans que celui-ci s'en apperçoive; & c'eft par cette voie que l'amant d Angélique eft poffeffeur des charmes de fa maîtreffe. Cette pièce eft dans le goût de celles de l'ancien Théâtre de la Foire. On deman;

de aujourd'hui un peu plus d'honnêteté dans les intrigues, plus de choix dans les airs, plus de fineffe dans les couplets.

Pour montrer fon ardeur pour le travail & fon amour pour fa patrie, M. Quétant paroît avoir adopté un autre Théâtre que celui de l'Opéra-Comique. Il donna l'an paffé une autre pièce ingénieufe aux Danfeurs de Corde *. C'est à ce même fpectacle qu'a paru le 27 Août de cette année Le Quartier Général, pièce nouvelle en un acte, à l'occafion de la bataille gagnée fur les Anglois par l'armée du Roi, Madame la Rofée, Vivandière, Catherine, fa fille, Sans-Chagrin, Grenadier, amant de Catherine, trois autres Grenadiers & un Anglois font les Acteurs de cette pièce. Deux de ces Grenadiers, la Ribotte & la Jeunesse, retirés près de la tente de Madame la Rofée, vifitent une valife qu'ils ont prife après la bataille, dans le camp des Anglois. Ils n'y trouvent d'abord que quelques livres dont le premier eft intitulé Préfervatif contre la Mélancolie. » LA JEU"NESSE. Je fuis fâché d'avoir pris ce» lui là aux ennemis; il leur feroit d'un

* Voyez l'Année Littéraire 1756, Tome VI page

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"grand s'cours aujourd'hui. Et celui-là, qu'eft-ce qu'il chante? LA RIBOtte. » Recueil des Traités que les Anglois » n'ont pas rompus. LA JEUNESSE. C'eft » donc ça qu'il eft fi petit. Mais v'là une façon de chofe en manière de feuille » de papier; regarde un peu ce que c'est. » LA RIBOTTE. Nouveau Plan de l'Amérique Septentrionnale.. LA JIU»NESSE. Ah, ah, voyons donc ça. Ba! il n'y a rien deffus. LA RIBOTTE. Eh » bien, c'eft tout ce qu'ils y poffèdent. Tandis qu'ils s'occupent à fouiller dans cette valife, Madame ta Kofée vient leur apprendre qu'un Houzard ennemi a enlevé fa fille Catherine; mais le moment d'après elle la voit paroître avec Sans-Chagrin, fon amant, qui l'a retirée des mains de l'ennemi, & celle de Catherine eft la récompenfe de ce service. Lorfqu'ils fe préparent à faire la nôce, arrive un Courier qui va porter à la Cour la nouvelle du gain de la bataille. On l'arrête pour le faire boire, & on lui demande des détails de la victoire. »De tout mon cœur, répond le Courier; on n'a pas de peine à rendre » compte de fa commiffion, quand on » n'eft chargé que de bonnes nouvel» les.

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L'Anglois, en nous attendant,
Faifoit bonne fentinelle ;
Mais il fçait en nous voyant
Prendre à propos la venelle.

Partons, dit l'Anglois, partons,
Le François nous fait la nique;
Ma foi nous nous tirerons
D'ici comme d'Amérique.

D'un Prince aimable & guerrier
L'époufe eft dans les allarmes;
Mais les feuilles de laurier
Bientôt effuieront fes larmes.

M. Quétant a fçu tirer de la fimplicité de fon fujet des éloges affez fins de la nation Françoife, & une critique ingénieufe des Anglois. Cette pièce, ainfi que les cinq précédentes, fe trouvent chez Duchefne, rue Saint Jacques au Temple du goût.

Nouvelles Pièces de Clavecin.

Le nom de Rameau femble fait pour la Mufique, comme le nom de Condé pour les Batailles. J'ofe répondre qu'un certain Public, amateur de l'imagination vive, riante & badine, ne verra

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