Sauva fon corps ; mais fon efprit, Voici les derniers coups de pinceau de l'emprisonnement du ménétrier à la jambe de bois. La trappe lâchée à l'inftant Ne fut pas tenu prifonnier ; grace Ainfi par fois Dame Juftice Livre l'innocent au fupplice, Le combat des gueux & du héros recommence au troifième Chant, &, après plufieurs incidens, le pauvre Chevalier tombe entre les mains de laGourgandine qui le mal-mène à grands coups de bâton, le renverfe par terre, le fait fon prifonnier, & le défend contre les autres Manans qui le vouloient affommer On le met lui & fon Ecuyer à la place du joueur de violon, & la troupe l'abandonne à fon mauvais fort. Là, les jambes prifes & refferrées, il fait de fçavantes differtations Théologiques avec Ralpho, l'un foutenant toujours fon caractère de Presbytérien, l'autre d'Indépendant. Le combat de la Gourgandine avec le Chevalier fait beaucoup rire, fur-tout quand elle fe met à califourchon fur lui pour le défendre, en vertu des loix de la Chevalerie. Dans le TV Chant une veuve pour laquelle le héros foupiroit depuis longtemps à cause de ses grands biens, arrive, & joue au mieux fon rôle dans les propos qu'elle lui tient. Elle le fait relâcher fur la parole qu'elle lui fait donner qu'il fe fouettera le derriere jufqu'au fang à fon intention. Dans le portrait bouffon que fait l'auteur Anglois de la Renommée, on trouve des traits imités par un de nos plus grands Poëtes dans fa Pucelle, entr'autres, les deux trompettes de la Renommée, dont l'une eft à fa bouche, l'autre à fon derrière. Le Traducteur rend ainfi cet endroit : Deux trompes elle emplit de vent Dont le ton eft bien différent: CW Si pour fouffler c'eft fa manière, Au cinquième Chant le héros & l'Ecuyer, dans une difpute très vive, & prêts à fe brouiller, parce que le maître veut que fon valet fe fouette pour lui à l'intention de fa Dame, font heureufement féparés par une allarme; ils font rencontre d'une fête poliffonne, accompagnée de vacarme; & comme ils en veulent approcher, on les cou→ vre d'ordures & de faletés. L'auteur veut prouver que les Saints ne font pas obligés de tenir parole aux profanes, & qu'ils peuvent très bien fe parjurer. Tout le ridicule de ces queftions & de tant d'autres de ce Poëme, vient de ce que les Sectaires de ce temps-là s'appelloient entr'eux les Elus, les Saints, les Prédeftinés, & ceux qui vouloient conferver la conftitution établie dans le Gouvernement & dans l'Eglife étoient qualifiés de Papiftes, de Prélatiftes, de Mal-intentionnés, de Réprouvés, de Scélérats, &c; fur quoi Butler les turlupine fans ceffe, revenant toujours à la charge. Dans le fixiéme Chant Hudibras, que l'amour & plus encore la foif du bien talonne, va trouver un prétendu Magicien pour le confulter für un tour qu'il veut faire à fa maîtreffe, afin de s'en rendre poffeffeur. La difpute s'échauffe entre le forcier & le héros. On en vient aux injures, puis enfin aux coups. Le héros fort victorieux; ce qui lui donne un orgueil extrême. Le morceau fuivant, au fujet de la Lune, peut fervir en France, quoiqu'il paroiffe fait pour l'Angleterre. Hudibras, preffé dans la difpute par les raifonnemens du Magicien, lui répond ainfi :: Que nous importe ce que font Ajuftemens ou vins meilleurs Pour attirer nos voyageurs; Plus que nous, ou Religions? Qui plaife, avec moins de génie ? Voit on à l'homme dans la Lune De ce commerce on n'a que faire. Sur les plus hautes régions |