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qui le caractérisent, je peindrois une »ame droite, formée de la probité Ro» maine & de l'urbanité Françoife, qui, faifit le ma

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d'un

d'œil coup

perçant,

nège des Cours avec trop de fierté pour s'y affervir, & trop de lumières » pour en être la victime; une ame grande, dont toutes les vertus font élevées, & que des intérêts perfon»nels ne refferrent jamais dans le cer»cle étroit de la médiocrité ; une ame » folide, incapable de prendre le change » fur l'idée de la véritable gloire, qui

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refpecte ce qu'il trouve établi, & fe » défie des fyftèmes nouveaux, fans fe » laiffer éblouir par l'apparence du bien public; une ame impartiale, qui ne » connoît d'amis que ceux de la patrie » & de fon Roi; une ame vraîment triote, qui fe conduit par la juftelle & le difcernement, qui porte dans » fon fein le zèle du bonheur de fes leurs concitoyens, leurs intérêts » vœux, leurs befoins & leurs calamités; en un mot, je voudrois qu'il réu» nît en fa perfonne la religion d'un » Arjène, la fermeté d'un Burrhus, l'in»tégrité d'un Sénèque, la franchife déf

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» intéreffée d'un Montaufier, & le zèle » tendre d'un Villeroi, »

"

Les premiers foins d'un Gouverneur doivent être de bien connoître le caractère du Prince, d'étudier fes goûts, de démêler les objets de fes defirs & de fes craintes, & de gagner fa confiance. C'eft un enfant qu'on lui donne à conduire ; mais cet enfant eft fon maître. C'est la première leçon qu'on lui a apprife; fa fierté naturelle l'a faifie avec avidité, & l'élévation de fon rang la lui rappelle fans ceffe au fond du cœur. Il eft donc effentiel que le Mentor fe faffe aimer de fon Télémaque; il pourra y réuffir en géné ral par un air ouvert, par un maintien uniforme, par des manières douces, par une façon de parler mêlée de décence & d'affection, par des éloges diftribués à propos, par l'adreffe de faire fentir à l'élève qu'on l'aime, & qu'on ne le gêne que par un véritable zèle pour fes intérêts & pour fa gloire. L'auteur voudroit, avec raifon, qu'on ne laiffât approcher de la perfonne du Prince que des jeunes Seigneurs dont les exemples puffent exciter fon émulation. Il entre dans d'autres détails où je le fuivrois avec plaifir, fi les bornes

"

d'une Lettre me le permettoient.
Nous ne fommes plus dans ce temps
où la Nobleffe Françoife fe faifoit gloire
de fon ignorance, & ne fe piquoit que
de fçavoir manier l'épée. Nous avons
heureusement déchiré le voile d'un pré-
jugé auffi groffier. On trouve aujour-
d'hui parmi les Grands des Littérateurs
& des Sçavans, des Scipions & des Cés
Jars, qui fçavent allier le goût des fcien-
ces au génie de la guerre. Ces Feuilles
font fouvent décorées de noms illuftres
qui daignent enrichir la République des
Lettres des connoiffances qu'ils ont ac-
quifes dans le travail du cabinet &
dans l'étude du grand monde, dont ils
font le luftre & l'agrément. C'est à nos
Princes que nous devons cette heureufe
révolution. Leurs lumières ont diffipé
les ténèbres qui couvroient la Nobleffe;
elle a voulu être inftruite à leur exem-
ple. Ainfi le Gouverneur d'un héritier
du Trône lui donnera l'idée & fur-tout
l'amour des Beaux-Arts. Un Souverain
ne doit point fe livrer à un goût déter-
miné pour une fcience particulière ; il
doit avoir une connoiffance de toutes,
fans les approfondir. Son génie, ainfi
que le foleil, doit parcourir les immenfes

contrées des Arts fans s'arrêter fur aucune. C'eft une Divinité bienfaifante ; il préfide, & l'on agit fous fes aufpices; il eft fait pour infpirer, & non pour exécuter. Ici l'auteur examine le degré où il doit fe borner dans chaque partie des fciences & des Arts, dans la Philofophie, dans la Logique, dans la Phyfi que, dans la Rhétorique, dans la Jusifprudence, dans la Mufique, dans la Poëfie, dans les Langues, dans l'étude de la Religion, dans l'Hiftoire, dans les Mathématiques, &c.

M. de Vareilles paffe enfuite à l'examen des exercices du corps. Il demande fi l'oifiveté d'un Prince eft plus dangereufe que fon ignorance. Il décide qu'un Souverain, ennemi des fciences & des Arts, eft préférable à ces Monarques-indolens que l'amour du repos fait lan guir dans une honteuse inaction. En effer, fi le premier nous rapproche de cette ancienne barbarie au fein de laquelle tant de Monarchies ont pris naiffance, les autres annoncent infailliblement l'époque de leur décadence. « Ce ❤ ne fut point, dit-il, à une adolescence "oifive que Cyrus, Alexandre, Pierre le Grand & tant d'autres Héros dûrent

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»le fuccès de ces grandes entreprifes qui fignalèrent leur regne pendant » tout le cours de leur vie. Les exercices pénibles & continuels de leurs pre» mières années préparèrent ces événe» mens fameux que l'Hiftoire nous pré» fente, & que nous ne pouvons lire » fans admiration. C'eft beaucoup faire "pour un jeune Prince que de réveiller » l'activité de fon efprit; mais ce n'est » pas affez de lui donner une ame, fi » l'on ne s'applique à lui former un corps » endurci aux travaux, & capable de » foutenir l'action d'un génie qui doit fe livrer fans ceffe aux foins du Gou

» vernement. »

Parmi les exercices dont on occupe la jeuneffe, l'auteur diftingue ceux qui ont pour objet le maintien, la bonne grace, ceux qui fervent de délaffement, & ceux qui touchent de près aux devoirs & ne fervent pas moins à inftruire qu'à amufer. Parmi les premiers il met la danfe, le maniement des armes; parmi les feconds, la paume, le billard, la chaffe, & parmi les troifièmes le manège. Il a fait des réfléxions fur tous ces exercices en particulier, & s'arrête à dire que celui du

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