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cheval eft le plus néceffaire, fur-tout chez une nation dont tous les Rois ont prefque toujours été des Généraux d'armée. Les inclinations les plus pacifiques ne mettent point nos maîtres à l'abri de la guerre. Quelle expérience n'en faifons-nous pas aujourd'hui ? En vain le plus modéré des Rois, couvert de lau»riers encore récens, s'efforce de ci» menter dans l'Europe l'heureuse paix qu'elle ne doit qu'à fa modération; "un orage imprévû fe forme au fein de l'Océan. Une nation inquiète & fuperbe, bravant la foi des Traités, le droit de l'humanité & les loix de la juftice, fouffle de fon Ifle le feu d'une » guerre dont l'embrafement fe répand » dans tout le Continent. L'intérêt de »fes peuples, la fûreté du commerce, » la gloire de fon pavillon; tout l'auto"rife à confondre la haine, l'audace » & la rivalité. Mais, s'il forme les plus » redoutables alliances, s'il force des » remparts qu'on croyoit inacceffibles, » s'il difperfe des flottes dont l'aveugle préfomption avoit d'avance célébré les chimériques triomphes, s'il étonne le Nouveau Monde par la rapidité & » l'étendue de les conquêtes, il femble

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» regretter des fuccès qui troublent le » repos de fes peuples.»

Après cette éloquente peinture de l'injuftice de nos rivaux & quelques autres confidérations, M. de Vareilles paffe à la Politique qu'il faut infpirer aux Princes. Ce morceau m'a paru bien fait, écrit fortement, & je voudrois le copier en entier. Lifez-le, Monfieur; il yous fera fans doute la même impreffion qu'il m'a faite. Vous y verrez cette Politique qui n'eft qu'un commerce de rufes, dont l'avantage refte à celui qui fçait le mieux en impofer ; cette politique qui n'eft qu'un voile à la faveur duquel ou fçait éluder des fermens facrés, & violer impunément des Traités folemnels. Il faut diftinguer cet artifice honteux de cette Politique noble & vaste dans fes deffeins, honorable dans fa marche, infaillible dans fes effets, qui s'attache à concilier les intérêts de Dieu & de l'Etat, ceux du Monarque & de fes voifins. Détourner les yeux de ces grands objets, c'eft fe confondre avec »çes génies foibles dont une finesse méprifable fait toute l'habileté, qui n'ont de reffource que dans leur duplicité, » & qui ne fe replient avec le ferpent

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» que parce qu'ils n'ont point affez de force pour prendre l'effor avec l'aigle. » Un grand Roi peut-il fe trouver dans » un labyrinthe de manœuvres obfcu"res avec cette foule de Souverains du fecond ordre qui n'ont de reffources que dans leurs intrigues? Né pour -être un mobile dans le fyftême de l'Europe, peut-il mefurer fa masche >> fur les mouvemens de ces foibles Puif» fances qu'il doit entraîner dans fon » tourbillon? »

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Recherches fur les Cartes.

Les Cartes font parmi nous, Monfieur, la funefte occupation des uns, & le délaffement de prefque tous les autres. M. Bullet, déja connu par un grand ouvrage dont je vous ai rendu compte, a cru devoir rechercher l'ori gine, & tâcher de deviner le deffein d'un jeu qui fait une partie fi confidérable de nos mœurs. C'eft le fujet d'une brochure in-12, intitulée Recherches Hifto riques fur les Cartes à jouer, avec des notes critiques & intéreffantes, par l'auteur des Mémoires fur la Langue Celtique,

*Noyez l'Année Littéraire 1796, Tome II page 3.

à Lyon, chez Deville, rue Mercière. On en trouve des exemplaires à Paris chez Briaffon, rue S. Jacques.

Parce que l'Abbé le Gendre a avancé legèrement dans les Maurs des François que les Lydiens avoient inventé les Cartes, étoit-ce une raifon pour M. Bul let de faire une longue differtation, hériffée de citations & de paffages, pour prouver, ce qui ne demandoit aucune preuve, que ce jeu eft poftérieur aux Lydiens? Le P. Ménefirier, Jéfuite, prétend que les Cartes furent inventées pour amufer Charles VI, & diffiper les noirs accès de fa mélancolie. M. Bullet réfute cette opinion, & fait remonter à la fin du regne précédent l'époque qui eft l'objet de fes recherches. Les preuves qui appuient fon fentiment, peuvent fe réduire à celles-ci. 1o. La coeffure que les Dames portent dans les Cartes, eft fort différente de celle des femmes de la Cour de Charles VI. Or, les Peintres de ce temps là, ne connoiffant d'autres ornemens que ceux des perfonnes avec qui ils vivoient, il étoit naturel qu'il. les employaffent dans leurs peintures. 2o. L'Hiftorien Froiffard, qui fait le détail le plus exact de tous les divertiffe

mens que l'on fit prendre à Charles VI pendant fa convalefcence, ne fait aucune mention des Cartes; peut-on fe perfuader qu'il eûr oublié un jeu qui auroit été inventé exprès pour l'égayer dans cette occafion? 3°. Jean I, Roi de Caftille, défendit les Dez & les Cartes dans fes Etats, par un Edit de 1387, c'est-à-dire, plus de trois ans avant la maladie du Roi. 4°. On vit en France au quatorzième fiècle, une mode fort bifarre dans la chauffure; on portoit des fouliers à pointe, qui furent appellés Poulaines, parce qu'ils étoient imités des Polonois, que l'on nommoit alors Polains ou Poulains. Bien- tôt on donna à cette pointe une longueur exceffive. Elle étoit pour les riches au moins d'un pied & demi, & de deux ou trois pour les Princes. Ce bec étoit recourbé & orné de quelques figures grotefques. Charles V défendit cette mode, & en arrêta le cours pendant les quinze dernières années de fa vie; mais elle fe renouvella après fon décès, & 'dura jufqu'au feizième fiècle. Il faut donc que les Cartes ayent été inventées dans les quinze ans qui fe font écoulés depuis l'interdiction des Poulaines faice

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