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dre l'accufé garant des torts de la nature? M. Vermeil finit par cette péroraifon éloquente. » Aujourd'hui que fes yeux font ouverts fur fon fort, » n'eft-il pas affez malheureux de fe » connoftre, fans que le bras de la Juf» tice s'appefantiffe encore fur lui? In» dividu jetté comme au hazard fur la » terre condamné à vivre dans la » folitude au milieu même de la focié» té, étranger, en quelque forte, à l'un » & l'autre fèxe, puifqu'il eft imparfait dans tous les deux; ne pou» vant déformais avoir ni compagnon » ni compagne de fon fort; chargé feul du poids de la vie & de fon in» fortune, comment le Juge a-t-il pu le traiter avec autant de rigueur, » mettre au rang des infâmes, lui dont » les mœurs ont toujours été pures & la conduite honnête; l'expofer au mépris du Public, attaché à un pilori » avec l'indice de la profanation, lui » dont la bonne foi & l'innocence fe » trouvent ici juftifiées à chaque pas; » le bannir enfin de fon pays comme un citoyen dangereux, lui dont perfonne ne s'eft jamais plaint, & qui „ n'a démérité vis-à-vis de qui que ce »foit? Ce Jugement rapproché du temps

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» où les Romains, encore barbares, jettoient les Hermaphrodites dans la mer, eut été plus facile à justifier ; » mais nous fommes gouvernés par des » Loix fondées fur l'humanité & la juf»tice. L'accufé réclame leurs fecours, » dans un Tribunal fouverain qui en »eft le dépofitaire; il attend avec impatience l'Arrêt qui le déchargera de l'opprobre, & qui lui rendra la lis

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», berté.

Ce Mémoire de M. Vermeil lui fait honneur, Monfieur, & réuffit beau coup. Mais, ce qui doit le flatter encore plus, c'eft qu'il a gagné fa cause. La Sentence du Juge de Lyon a été in firmée, le malheureux Grandjean renvoyé de l'accufation, & mis hors de prifon; fon mariage a été déclaré nul; il lui eft enjoint, fous peine de punition, de ne plus habiter avec fa femme ni avec aucune autre, & de reprendre les habits qu'il a portés jufqu'à quatorze ans. Si les Hermaphrodites de cette efpèce devenoient communs, il me feinble qu'on ne feroit pas mal de les obliger à fe vêtir en Amazones, c'est-à-dire, avec une jupe, un juftaucorps par-deffus, un chapeau fur la tête, &c; on les reconnoîtroit à cer habillement diftinctif..

Les Infortunés Amours de Comminges, Romance par M. le Duc de la ********

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Auffitôt qu'on m'eut envoyé la Lettre du Comte de Comminges par M. Dorat & le Drame de M. d'Arnaud, je me rappellai, Monfieur, que M. le Duc de la V***** ce Seigneur fi diftingué par fon efprit, fon goût, fes talens & par fa Bibliothèque choifie, quoique très-confidérable, avoit traité le même fujet dans une Romance pleine d'intérêt. Comme je n'avois pas ce petit ouvrage fous la main, je ne pou vois vous en rendre un compte exact, & je remis à vous en parler lorfque je pourrois le relire. On vient de me le procurer, imprimé dans le Mercure Danois, Mars 1753. Cette Romance eft une des mieux faites que je connoiffe. Ce genre, comme l'on fçait, demande beaucoup de naturel & de fenfibilité. Vous trouverez l'un & l'autre dans Les Infortunés Amours de Comminges. L'hiftoire de fes malheurs eft rendue en vingt fept ftrophes ou ftances de huit vers chacune, avec la vérité la

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plus touchante. Si la Pièce n'étoit pas f longue, je vous la rapporterois toute entière. Je me contente de vous en cirer quelques ftrophes ou couplets. Adè laïde, près d'expirer fur le lit de cendre, après avoir raconté aux, Religieux affemblés autour d'elle, les maux qu'elle a foufferts jufqu'à la mort de fon cruel époux, ajoûte:

Mais, hélas, je ne pus apprendre"
Les lieux qu'habitoit mon amant;`
Les foms de l'amour le plus tendre
Furent employés vainement:

Je voulus le chercher moi-même ;
Je cachai mon deffein, & je ne doutai pas
Que pour trouver ce que l'on aime
Le flambeau de l'Amour ne dût guider nos pas

Par cette espérance abulée,

Et ne fongeant qu'à mon projet, Sous d'autres habits déguifée, Je pars pour remplir mon objet ; Tout aigrit ma douleur profonde; Comminges, filong-temps en tous lieux adoré, Etoit oublié dans le monde ; A peine fçavoit-on s'il avoit refpiré.

Elle arrive à la Trappe, reconnoît

fon amant, & s'y fait recevoir au nom

bre des Novices.

Cette folitude effrayante

Renfermoit ce qui m'étoit cher;

Quelle volupté confolante

Que de refpirer le même air!

Cent fois, cédant à ma tendrefle,

Je formai le deffein de m'offrir à fes yeux :
Que m'eût fervi cetre foiblefle?

Les nœuds les plus facrés l'enchaînoient dans ces lieux.

Un mouvement involontaire'
A fes pas fembloit m'attacher ;
Bientôt un mouvement contraire
Me défendoir d'en approcher;

Je n'olai m'en faire connoître ;
Il troubloit mon repos, je refpectai le fien;
Mais un trifte hazard fit naître

Un inftant où mon cœur perdit tout fon lou

tien.

Ce jour, où, bravant la nature,
Pour voir tranquillement la mort,
Vous creufez votre sépulture,

Il remplifloit avec transport

Cette pieufe barbarie ;

Fapprochai, je le vis, il me perça le cœur ;

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