Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

gereufe pour les mœurs. Il dépendroit de toutes les jeunes perfonnes qui fe montrent fur le Théâtre, de fe faire ainfi refpecter, & d'abolir peu à peu le préjugé, qui fubfiftera contre leur profeflion, tant que l'éclat fcandaleux de leurs défordres offenfera les regards du Public. Ignorent elles donc que rien ne féduit les hommes, même les plus dépravés, autant que la fageffe, la décence & la modeftic? Pour peu qu'elles entendiffent leurs intérêts elles n'emploieroient que ces armes pour triomphet de nous & pour affûter leurs conquêtes, elles infpireroient, non des goûts ignominieux & paffagers, mais des attachemens durables qui leur feroient honneur. J'avoue que cette coquetterie d'un nouveau genre feroit un peu gênante, & je doute qu'il prenne fantaisie à nos Actrices de s'en aviler...

[ocr errors]

La lecture de l'Epître à Mlle d'Oligný a dû vous faire beaucoup de plaifir, Monfieur. Cette Pièce, en général, eft très-agréable, mais particulièrement depuis ce vers Quelle volupté pour un Sage, &c, jufqu'à la fin. C'eft la véri té, le fentiment, la nature même. L'auteur (M. Dudoyer de Gaffels) annonce pour la Poëfie les plus heureufes difpo

[ocr errors]

fitions; l'ufage qu'il en fait le rend plus eftimable encore. On lui fçaura gré d'avoir infifté, dans le jufte éloge de Mlle d'Oligny, fur fa conduite irréprochable jufqu'à ce moment. Puiffe-t-il fe fouvenir toujours que les Mufes font chaftes, & qu'elles ne doivent jamais chanter le libertinage & la prostitution! Les talens les plus rares, ou regardés comme tels, n'effacent point l'opprobre d'une vie diffolue. On peut accorder quelque eftime au jeu Théâtral de la Comédienne; mais le fceau du mépris eft toujours empreint fur la perfonne. C'est envain qu'après avoir acquis une hon teufe célébrité par le vice on affecte un maintien grave & réfervé. Cette honnêteté tardive & fauffe ne fert qu'à former un contraste révoltant avec l'hiftoire connue d'une jeuneffe infâme; & & je ne fçais fi l'on n'aimeroit pas mieux qu'une créature de cette espèce se montrât conftamment ce qu'elle a été, que de paroître ce qu'elle n'eft pas. La franchise du libertinage eft moins choquante en effet que la morgue hypocrite de la dignité.

Je fuis, &c.

A Paris, ce 17 Janvier 1763.

LETTRE

LETTRE VI

ON

Difcours.

N trouve chez Defpilly rue SaintJacques, Defaint & Saillant rue Saint-Jean de-Beauvais, des exemplaires d'une Brochure de 46 pages, imprimée à Orléans chez Jean-RouzeauMontaut, Imprimeur du Roi & de la Ville, dont le titre eft: Difcours fur la Révolution opérée dans la Monarchie Françoife par la Pucelie d'Orléans prononcé dans l'Eglife Cathédrale de cette Ville le 8 Mai 1764; par M. Loifeau l'aîné, Chanoine de cette Eglife. L'orateur prend pour fon texte: Laudate Dominum qui non deferuit fperantes in fe, & in ancilla fua adimplevit mifericordiam fuam. » Louez le Sei»gneur qui n'a point abandonné ceux qui avoient placé en lui leurs efpé» rances, & qui a accompli fes mifé» ricordes par fa Servante. Judith 13,

[ocr errors]

» V. 17. »

AN. 1765. Tome 1,

F

[ocr errors]
[ocr errors]

Comparaifon de la Pucelle avec Judith, & d'Orléans affiégé par les Anglois avec Béthulie environnée des Af fyriens. L'orateur prévient en fa faveur par ce morceau éloquent: » Je parle à des Chrétiens éclairés du flambeau de » la Foi, & frappés de la fageffe ineffable d'un Dieu qui regne fur tous » les peuples, qui, felon fes deffeins, » élève fur le Trône ou renverfe les Rois, fonde ou détruit les Monarchies, étend ou refferre leurs limi» tes; qui fe jouant de la deftinée des » Etais, affermit la puiffance de Nabuchodonofor; qui appellant Cyrus par fon nom deux fiècles avant fa naif» fance, le conduit comme par la main » pour établir fa domination fur les rui»nes de la première; qui impofe à la » terre un filence profond à la vue d'A »lexandre, & n'accorde à fon Empire » que la durée d'un violent orage; qui "forge dans un coin de l'Italie ce fcep»tre de fer destiné à humilier tous les

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Potentats, à fubjuguer toutes les Na» tions, &, pour le brifer, détache de montagne cette petite pierre deve» nue elle-même une montagne énor

[ocr errors]

la

» me. »

Peinture des malheurs qui affligeoient la France fous Charles VI, & qui empoifonnèrent les premières années du regne de fon fucceffeur. L'orateur Philofophe fçait rendre juftice au mérite de notre ennemi Henri VRoi d'Angleterre; les Ducs de Bedford & de Glocester partagent auffi ces éloges dictés par l'impartialité. Mais M. Loifeau accable d'un opprobre éternel ces mauvais François, qui traîtres à la patrie fembloient prêter leurs mains perfides à nos rivaux pour creufer le précipice où la France alloit s'engloutir. Une nouvelle Frédegonde ( Ifabeau de Bavière), s'obstinoit à fermer le Trône à fon propre fang, à fon fils. La Maison de Bourgogne ne voyoit que l'affaflinat odieux de fon chef, & oublioit le meurtre du Duc d'Orléans. Enfin, Charles VI, victime de fon imbécillité & de la méchanceté de fa femme, avoit fait fes difpofitions en faveur du Monarque Anglois.

دو

» La reffource la plus puiffante de» voit fetrouver alors dans le Souverain. » C'eft fur-tout en ces occurrences que » l'on voit éclater les vertus d'un grand

دو

» Roi. Il refpiroit encore; s'il eût eu

« VorigeDoorgaan »