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» une ame forte, c'en étoit affez pour » ne pas défefpérer de la fortune de la » France. Il connoifloit la caufe & l'é » rendue de fes malheurs ; qu'attendoit-il pour les réparer, s'il eût eu » cette intelligence fupérieure & cette fermeté, feules capables d'en chercher » & d'en appliquer le remède? Avec "du difcernement dans le choix des » hommes, l'art de fe les attacher, la fcience de les mettre en œuvre, de ménager leurs forces, de les réunir » pour frapper des coups vigoureux, il » pouvoit fe former un cortège d'ha» biles Miniftres, de Généraux expé» rimentés, de troupes invincibles. » Une tête trouve toujours des bras ; elle » vivifie, pour ainfi dire, des offemens inanimés; elle transforme en braves foldats des malheureux glacés de crainte, & l'on a vû plus d'une fois ,, fortir de deffous les ruines, & repa» roître plus floriffant l'Etat dont un Chef habile avoit entrepris la reftau»ration. Tel n'étoit point alors Char« les VII, Roi foible, indolent, quelquefois capable de bien faire, parce qu'il étoit courageux; mais retombant par caractère dans une langueur

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fi honteufe, qu'il fembloit que les difgraces de la France lui fuflent étrangères. Tyrannifé par fes favoris, il ne voyoit que par leurs yeux, & il voyoit mal, parce que des favo>> ris ne font , pour l'ordinaire que des » hommes médiocres ou des méchans. » Il voyoit même fi peu qu'il fe livroit » fans réferve à leurs paffions, & fe laiffoit conduire à toutes les fautes » qui accéléroient la chute de fa Cou»ronne. S'il eut des momens où il fe » fouvint de fa gloire & de fes devons, » il les dut à une femme qui paroiffoit » plutôt propre à lui en infpirer l'ou

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bli, & toute impure qu'a été cette » fource, la vérité ne peut s'empêcher » de reconnoître le bien qui en a dé

» coulé. »

La Pucelle s'élève, en quelque forte, du limon de la terre pour nous déployer toute la grandeur d'une ame fublime; c'eft une efpéce de Divinité Tutélaire qui naît du fein de l'obfcurité, & de ce que le préjugé a nommé la baffefle. L'orateur marque fes premiers pas dans la carrière de la gloire, ainfi que les obftacles qui l'arrêtent de toutes parts, & qu'elle furmonte. Triompher

des railleries indécentes & malignes d'un peuple de courtifans oififs, toujours prêts à lancer les traits du ridicule, ne fut peut-être pas un des fuccès les moins éclatans de Jeanne d'Arc. Un écrivain, fans qu'on le foupçonne de foibleffe ou de fuperftition, peut dire qu'il femble que le bras même d'un Dieu fe manifefte dans ce prodige qui fauva la France, & nous a empêché d'être les efclaves de nos ennemis.

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M. Loifeau parcourt les exploits de Jeanne d'Arc, les dangers qu'elle brave, les bleffures qu'elle reçoit. Du tableau de fa gloire il paffe à celui de fes difgraces. Cependant il fait voir que cette fille fi refpectable a jetté les fondemens du bonheur de la France. Il termine ainfi fon Difcours : Que ces prétendus Efprits forts, qui, » dans cet admirable chef-d'œuvre de > la Providence, ne voient qu'une intrigue conduite par d'habiles Courti» fans pour ranimer le courage des peuples & du Souverain, ouvrent les » yeux à la lumière; ou, s'ils perfiftent » à méconnoître le prodige, qu'ils nous » difent s'il n'est pas encore plus mēr» veilleux qu'une Cour clairvoyante

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le Royaume entier, qu'une Nation ennemie intéreffée à prévenir » ou à dévoiler les manèges dont on » autoit voulu fe prévaloir, fe foient laiffé furprendre par la fupercherie la plus hardie & la moins fpécieuse, la » plus étonnante dans fes effets, & la plus groffièrement tramée. Qu'ils montrent pourquoi des Docteurs cé» lèbres & des Evêques de la plus haute réputation, le Parlement en Corps, » & les Princes du Sang les plus accrédités auprès du Roi, ayant confronté » le projet de Jeanne d'Arc avec les règles de la foi & de la prudence, ne » fe font pas avifés d'y foupçonner la moindre manœuvre. Qu'ils expliquent comment elle s'eft foutenue elle-même avec une égalité, une » conftance, & une perfuafion à l'é»preuve des interrogatoires les plus «preffans, & des examens les plus ri"goureux : comment après avoir douté » de l'effet de fes promeffes, & jamais de fa candeur & de fa bonne foi, on a pu prendre pour dernière réfolution - celle d'accepter fes fervices?»

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Ce Difcours, Monfieur, eft fagement conçu; l'Hiftoire y brille dans fa

noble fimplicité; mais ce qui mérite des éloges, c'est l'attention que montre l'auteur de s'écarter du bel- efprit moderne, & de ne pas recourir à cette abondance ftérile que les ignorans appellent éloquence. M. Loifeau a fenti que fon fujet pouvoit fe foutenir par lui-même fans le fuperflu de l'art. En effer, on lit toujours avec un nouveau plaifir les Difcours Oratoires confacrés à Jeanne d'Arc, cett Héroïne fi chère aux bons citoyens, & dont la gloire parviendra jufqu'aux fiècles les plus reculés dans toute fa pureté, malgré la fange dont l'a voulu couvrir un Poëte pefamment libertin.

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Anthologie Françoife ou Chanfons Choifies.

M. Monet, ancien Directeur de l'Opéra-Comique, a formé, Monfieur,

*Ce terme eft compofé de deux mors Grecs qui proprement fignifient Traité ou Difcours fur les Fleurs. Mais on entend auffi par-là un Recueil, une Elite de Fleurs. C'est le nom que porte un ancien Recueil d'Epigrammes Grecques, qui font comme autant de Fleurs poëtiques. Un Recueil de Chanfons mérite encore

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