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que fes différentes parties enclavées dans la Champagne & dans la Franche-Comté, & les lieux dont elles dépendent pour leur Jurifdiction, y font tracées avec la plus grande exactitude. On a prolongé le terrein jufqu'à deux mille toifes au-delà des bornes de la Province; on y a joint le détail des Villes voifines de ces bornes, &c, &c. Les vérifications réitérées font de fûrs garans que cet ouvrage a été porté à un degré de perfection au delà de tout ce qui a parujufqu'à ce jour. Ces 15 feuilles raffemblées enfemble paroiffent n'en faire qu'une, par la précifion de leur raccord & par l'égalité du ton de leur gravûre. Elles portent environ 8 pieds de large fur 9 pieds & demi de haut. Les perfonnes qui ne voudront pas les faire raffembler, pourront les mettre dans un portefeuille; chacune de ces feuilles eft de la grandeur du papier grand Aigle, comme celles de la Carte générale de la France.

M. Séguin lève, deffine & grave avec goût toutes fortes de Plans Géographiques & Topographiques. Sa demeure eft rue du Fauxbourg S. Jacques près des Capucins. C'eft chez lui que fe vend la belle Carte de Bourgogne; le prix eft de 48 l, Je fuis, &c.

A Paris, ce 20 Janvier 1765.

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L'ANNÉE

LITTÉRAIRE.

LETTRE VII.

Timoléon, Tragédie en cinq Ades & en vers par M. de la Harpe: à Paris chez Duchefne Libraire rue Saint Jacques.

Avant que d'apprécier avec vous,

Monfieur, ce nouveau Drame de M. de la Harpe, vous ferez bien aife fans doute d'en connoître le Héros. Timoléon, Général des Corinthiens, un des plus grands hommes de l'ancienne Grèce, vivoit environ 50 ans avant notre Ere. Il fut le défenfeur de la liberté des Peuples, & le fléau des Tyrans. Timo phane ou Timophanès son frère aîné s'étant emparé du gouvernement de Co AN. 1765. Tome I.

G

rinthe, Timoléon, après avoir tenté vainement de lui faire abdiquer le pouvoir qu'il avoit ufurpé, abandonna fa vie à des affaflins, ou l'affaffina lui-même; Diodore de Sicile & Plutarque ne font point d'accord fur cette circonftance. Ce meurtre empoifonna les jours de Timoléon. Une partie du Peuple le vit avec horreur comme un fraticide; fa mère appella fur lui la malédiction des Dieux. Les remords déchirèrent fon cœur; il voulut fe tuer; détourné de ce détourné de ce deflein par fes amis, il quitta Corinthe, & fe retira dans une folitude, où, depuis vingt ans, il étoit occupé de fa douleur lorfque des Députés de Syracufe vinrent demander aux Corinthiens, les premiers fondateurs de cette Ville, des fecours contre la tyrannie de Denys le Jeune. Les Corinthiens eurent égard aux prières des Syracufains, & donnèrent à Timoléon le commandement des Troupes. Le Sénat, en lui confiant cette expédition, arrêta que, s'il avoit un fuccès heureux, l'affaffinat de fon frère feroit récompenfé comme une action héroïque, & que, s'il échouoit, il feFoit puni comme un forfait exécrable. . Il délivra Syracufe de l'oppreffion de

Denys, fe faifit de fa perfonne, lui laiffa la vie qu'il conferva lâchement, & le fit partir pour Corinthe, où il fut réduit à le faire Maître d'Ecole. Timoléon rendit également la liberté à toutes les Villes de Sicile qui gémiffoient fous des Tyrans. De retour à Corinthe, il y fut comblé d'honneurs. Mais, pourfuivi par l'image de fon frère affalliné, il abandonna pour jamais des lieux qui la lui retraçoient. Il paffa le refte de fa vie à Syracufe avec la femme & fes enfans. Il y vêcut en fimple particulier, fans aucune envie de dominer .& y jouit jufques dans une longue vieillette de la gloire qu'il s'étoit acquife par fes belles actions. Après fa mort, on lui éleva un très beau monument dans la Place de Syracufe, qui, de fon nom, fut appellée La Place Timoléonte.

L'Hiftoire eft un peu altérée dans la Tragédie de M. de la Harpe. Il dit que Timophane eft le cadet de Timoléon; il le fait affaffiner avant qu'il ait ufurpé l'autorité fuprême; il place les victoires de Timoléon avant cet affaffinat. Mais un Poëte peut difpofer des faits indifférens, comme un Architecte des matériaux qu'il a fous la main. Les

grands événemens connus font les feuts qu'il doive refpecter. Il eft le maître des circonstances particulières, & de les plier au plan de fa fable; on lui fçait même gré des licences qu'il fe donne à cet égard, s'il en résulte des beautés. Il eft vrai qu'on ne voit pas trop le parti qu'a tiré M. de la Harpe de fes tranfpofitions hiftoriques. Car que Timophane foit le cadet ou l'aîné de Timoléon ; qu'on l'affaffine avant ou après qu'il s'eft emparé des rênes du Gouvernement; que Timoléon ait délivré les Sy. racufains avant ou après cet affaffinat: tout cela ne fait rien à fon Drame. Il me feroit même aifé de prouver que ces petits changemens de pure fantaifie font plus nuifibles qu'utiles au Deffin* de

* Depuis quelques années j'écris Deffin pour exprimer l'art de Deffiner ou quelque ouvrage de cet art. Je fuis probablement le premier & le feul qui l'écrive ainfi ; mais je me crois fondé. Deffein, qui dans notre langue ne fignifie que Projet, me choque toujours lorfqu'on l'emploie pour peindre à mon efprit la fcience ou les œuvres d'un Deffinateur. Deffeing, comme quelques gens de Lettres l'écrivent, eft encore plus ridicule. En écrivant Deffin, je conferve du moins l'analogie: Delfiner, Delfin, Badiner, Badin, & non pas Badein, Lutiner, Lutin, & non pas Lutein, &c, &c, &c.

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