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foit une autre profeffion, celle d'Avocat, par exemple. C'eft un confeil que je lui donne, & qu'il ne négligera pas, s'il eft faifonnable.

La Tragédie de Timoléon eft fuivie d'un Avertiffement & de Réfléxions Utiles qui me paroiffent mériter que je vous en ren de un compte particulier.

Je fuis, &c.

A Paris, ce 24 Janvier 1765.

LETTRE

VIII.

Contes Philofophiques & Moraux par M, de la Dixmerie: 2 volumes in 12 d'environ 350 pages chacun, à Paris chez Duchefne Libraire rue S. Jacques,

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Ous lirez avec plaifir, Monfieur, ce que l'auteur dit dans fa Préface en faveur du titre qu'il donne à fes Contes: Ce titre eft faftueux; il pro» met beaucoup; mais ceux qui fçavent à quoi fe réduit de nos jours le grand mot de Philofophie, s'atren» dront à moins, & pourront n'être pas trompés. Ils n'ignorent point que ce mot est devenu comme le palle

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»port bannal de tous les ouvrages de ce "temps. Ellais, Penfées, Réfléxions, Amifemens, Bagatelles, &c, tout »eft Philofophique ou promet de l'être. Pourquoi des Contes ne jouiroient-ils pas au moins de ce dernier privilège Depuis qu'il paroît décidé qu'Annette & Lubin font des Mo raliftes, à coup für le moindre de »mes perfonnages peut fe donner pour » Philofophe..... Peut-être trouvera-t» on dans chacun de mes effais quel. qu'analogie avec le titre général quej'ofe leur donner. Le Géomètre perçoit des courbes où d'autres ne »voient que dès lignes droites. Une » fleur n'eft qu'une fleur pour le papilton; c'eft un riche patrimoine pour

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» l'abeille. »

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Ces Contes ont paru pout la plûpare

dans les' Mercures. M. de la Dixmerie les a revûs, corrigés, augmentés pour en foriner un Recueil auquel yous ne pourrez refufer votre effime. Vous trou verez que l'auteur faifit les ridicules avec beaucoup de fineffe, & les combat très-agréablement.

La Corne d'Amalthée eft le premier de ces Contes; c'eft un ouvrage à tiroir

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plein d'allégories piquantes & philofophiques. Depuis dix ans Eumène formoit des vœux, & n'en étoit que » plus à plaindre. Il defiroit tout ce qu'il n'avoit pas, & jouiffoit mal dé » ce qu'il avoit. Il fe croyoit pauvre & eût pu fe croire riche, s'il n'eût pas voulu l'être davantage.» Jupiter, fatigué de fes cris, lui envoya la Corne d'Amalthée, lui permettant de faire dig fouhaits, & lui promettant de les exaucer. Eumène, ennuyé de la médiocrité, ne tarda pas à faire ufage de ce préfent. Il voulut être Roi. Ses concitoyens étoient affemblés pour en élire 'un. IT féunir tous for fuffrages; monté fur le Trône, il s'occupa du foin de faire des heureux, & ne réuffit pas. Les bienfaits qu'il répandit le firent hair de ceux mê mes qu'il avoit obligés, ils trouvoient qu'il n'avoit pas fait affez pour eux. » Sa couronne lui parut chaque jour devenir plus pefante; il compara fon fort a » celui d'un efclave enchaîné au haut s d'un rocher, & qui verroit d'autres » efclaves enchaînés fous fes pieds.

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Il abdiqua bientôt, fit choix d'un fantôme de Souverain pour fon fucceffeur, & fouhaita d'en être le premier

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Miniftre. Il remplit cette place impor tante avec diftinction. On admira furtout la prudence qu'il montra dans une circonftance très-délicate. » La jeune. Eglé vint folliciter une grace en fa» veur de fon époux. Il en étoit indigne; mais Eglé avoit tant d'attraits,. » qu'elle ne devoit rien demander en» vain. Le Miniftre eut bientôt pris fon parti. Ce pofte, dit il, eft promis » d'avance à Cinthie; c'étoit la feule qui put difputer de charmes avec Eglé. A Cinthie, s'écria-t-elle, je ne » me confolerai jamais fi elle obtient » ce qu'elle demande! Ah, de grace, » refusez Cinthie, duffé-je moi-même » ne rien obtenir. » Eumène n'hésita qu'autant qu'il étoit néceffaire pour faire valoir fa complaifance, & la renvoya fatisfaite. Cinthie vint à fon tour; il fe débarraffa d'elle en lui faifant espérer qu'Eglé n'obtiendroit rien. » Il admi

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roit avec quelle facilité il venoit de » contenter deux rivales, & il fe jugea dès lors un grand homme en fait de. Politique. Cependant la place de» mandée reftoit vacante; le Miniftre » la donna à un Militaire, qui » n'ayant d'autre recommandation que

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»fon mérite, n'avoit pas même cru » devoir fe préfenter. » Eumène voulut avoir une Carte topographique des Etats qu'il gouvernoit. Tout le monde favorifa fon entreprise; mais les gardiens des troupeaux facrés l'empêchèrent de toucher à leurs pâturages; ils crièrent au facrilège, &, dans la crainte d'une fédition, il fut obligé de laiffer là son projet. Une vifion qu'il fit quelques jours après abattit fon courage, & le dégoûta du Ministère. » Il lui fembla

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voir un jeune agneau de ce bercail » fe métamorphofer en tigre, & s'é» lancer fur lui. La frayeur l'éveilla, & » il ne fe raffûra pas même étant ré» veillé. Il fçavoit que l'homme le plus puiffant ne peut rien contre les prodiges, encore moins contre ceux qui en font. Eh bien, dit-il enfin, cé» dons à l'orage. A l'inftant même on » lui apporta un ordre que le maitre » qu'il s'étoit donné avoit figné fans le » lire, & qui le débarraffoit du titre de » Miniftre."

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Son troisième fouhait fut de com mander une armée. C'étoit au fort qu'on tiroit les Généraux. Les dez furent heureux pour Eumène; il devint bien vîre

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