Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub
[ocr errors]

fonger à défendre l'une & l'autre. » Du refte, Abbas étoit auffi prompt » à fe refroidir qu'à s'enflammer; en

دو

[ocr errors]

» amour comme en guerre, une conquêre achevée lui en faifoit bientôt » defirer une nouvelle. » Le Souverain du Pays d'Imirette, autrefois l'Albanie, avoit une four charmante nommée Sohry; cette Princeffe vivoit fous la conduite de fa mère, qui étoit prefqu'auffi belle qu'elle, & qui, depuis fon veuvage, s'étoit faite Religieufe: état qui ne l'obligeoit point à vivre dans le Cloître. Sohry étoit fiancée au Prin ce de Géorgie depuis l'âge de cinq ans; elle ne connoilloit que lui, fon frère & la mère. On craignoit trop Abbas pour ne pas cacher avec foin la beauté de Sohry, on la faifoit même passer pour un monftre de laideur; ce que l'on croyoit facilement, parce qu'elle avoit une four aînée qui l'étoit effectivement. Quelqu'un voulut détromper le Public & fur-tout Abbas. » C'étoit Zomrou, ancien Miniftre du feu Roi d'Imirette, & qui d'abord avoit efpéré devenir beau père du Roi regnant. Las d'efpérer en vain, il pria ce Prince d'époufer fa fille, ou de

99

[ocr errors]
[ocr errors]

دو

[ocr errors]

»ne point vivre avec elle comme sil » l'eut époufée. Difvald, c'est le nom » du Roi, répondit en Souverain abfolu, & Zomrou fe retira en fujet mé» content. » Il ne manque pas de faire fçavoir à Abbas que Difvald avoit une fœur qui étoit un prodige de beauté. Les détails de fa Lettre enflammèrent ce Prince, qui envoya fur le champ, pour s'éclaircir, un Eunuque Italien qui joignoit à la voix agréable qu'on lui avoit procurée malgré lui, les talens de la Peinture. Il fe rendit fur le champ dans la Capitale d'Imirette, fe promena fous les fenêtres du Palais, chanta beaucoup & long-temps pour engager la Princeffe à fe montrer. Il avoit pris des habits de femme; fa voix douce le fit aifément prendre pour ce qu'il vouloit paroître. La Princeffe enchantée voulut le voir; il entra dans le Palais, engagea la Princeffe à fe faire peindre, lui donna le portrait d'Abbas qui fit defirer de voir l'original, qu'il fe garda bien de nommer, ni de faire connoître. Toute cette conduite du Peintre eft presentée avec des détails, dont les gradations font fuivies avec beaucoup

[ocr errors]

de délicateffe & d'agrément. Le Peintre fe retire, & remet au grand Abbas le portrait de la belle Sohry. Ce Prince a de la peine à fe perfuader que l'origi nal exifte. Convaincu par le Peintre, il l'envoye demander à Difvald, avec des menaces de guerre en cas de refus. Grandes allarmes dans le Palais du Roi d'imirette. Taymuras, Prince de Géorgie, amoureux de la Princeffe, les partage; on tient confeil; le résultat est de montrer à l'Agent du Roi de Perfe la fœur aînée de Sohry, & de faire écrire à ce Prince par Sohry même, qu'elle eft indigne de fes regards; c'eft Taymuras qui dicte cette Lettre à la Princeffe; elle frémit d'être obligée d'écri re qu'elle eft affreufe, & fur tout de l'écrire à Abbas, dont elle ne doute plus qu'elle a le portrait. La réponse que reçoit Abbas le met en fureur; il part fans fçavoir s'il eft trompé par fon Peintre, le mène toujours avec lui, réfolu de le faire pendre s'il ne fe juftifie pas. Le Roi d'Imirette, comme vous le prévoyez, eft vaincu; mais la Princeffe eft cachée dans un lieu fecret; on n'abandonne que fa fœur que fa laideur

met à l'abri du danger. Le Sultan, au défefpoir, veut faire pendre fon commiflionnaire, qui n'obtient grace que fous la condition de retrouver Sohry. Pendant ce temps, la Reine & la maî treffe de Difvald font prifes par Abbas. Il les trouve affez aimables pour renoncer à fes recherches. Difvald, effrayé de cette nouvelle, confentoit à lui remettre fa fœur, lorfqu'elle fut retrouvée par l'Eunuque, & remife à fon maître, qui, tranfporté d'amour à fa vue, pardonna tout le pallé. » Abbas reflentoit »fon bonheur au point de vouloir que » tous les autres fuffent heureux ; il ac»crut les Etats du Roi d'Imirette, qui époula Fatime; il fit époufer fa pro» pre fœur au Prince à qui il enlevoit Sohry. Il partagea avec cette dernière » fa puillance, & la laiffa regner fur » foname.L'Eunuque mit fin à fes voya"ges, & Sohry, en fixant le cœur de fon époux, affura aux Princes voisins leur repos, leurs femmes & leurs >> Etats.»

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Parmi ces contes, vous en trouverez plufieurs où le fentiment domine. Cléomir & Dalia, Les Deux Prix en of

freat des exemples qui fe font lire avec plaifir. Vous en trouverez d'autres qui préfentent des mœurs abfolument différentes des nôtres, & dont la fingularité piquante eft encore le moindre mérite. Peu d'auteurs réuffiffent autant que M. de la Dixmerie dans ce genre de production. Il a fenti combien la diverfité eft néceffaire, & l'a femée avec goût. Il cache, fous le voile du badinage de l'efprit, une Morale toujours vraie, une Philofophie toujours fage, je dis fage, parce qu'il eft effentiel de faire cette diftinction, aujourd'hui les que écrits les moins philofophiques four dé-.

corés de ce nom.

Je fuis, &c.

A Paris, ce 27 Janvier 1765.

LETTRE IX.

Recherches Philofophiques.

[ocr errors]

Ochereau Libraire Quai de Conti, vis-à-vis les marches du PontNeuf, débite des exemplaires d'un ou

« VorigeDoorgaan »