Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

» tel de ces états. » On expofe l'opinion de Locke qui dit que la privation ou la diminution d'une douleur eft regardée & agit comme un plaifir, & la privation ou la diminution d'un plaifir comme une douleur. L'auteur des Recherches Philofophiques eft du fentiment que toute fenfation intérieure, ou toute apparence extérieure de plaifir pofitif, ne peut jamais venir de la privation de la douleur ou du danger.

دو

Examen du Contentement & du Plaifir en tant qu'ils font oppofés l'un à l'autre. Idées de l'écrivain à ce fujet. » Quand je voudrai rendre la fenfation que » produit la ceffation de la douleur ou » du danger, je la nommerai Contente»ment; comme quand je parlerai du plaifir pofitif, pour l'ordinaire je l'appellerai fimplement plaifir.

[ocr errors]
[ocr errors]

Analyfe de la Joie & du Plaifir. La ceffation du plaifir affecte l'efprit de trois manières. S'il ne fait fimplement que ceffer après avoir duré le temps qui convenoit, l'effet eft l'indifférence. S'il a été interrompu fubitement, il s'enfuit une fenfation défagréable que l'on appelle Mécontentement mêlé de jurprife. Si l'on a entièrement perdu l'objet de

vue, qu'il n'y ait plus d'apparence qu'on en recouvre la jouiflance, il s'élève dans l'efprit une paffion que l'on nomme cha grin. Circonstances du chagrin.

Il n'eft pas poffible de fuivre l'auteur dans fa marche métaphyfique. Ce feroit vous fatiguer, Monfieur, que de vous conduire pas a pas pas fur ceux du Philofophe. Je me borne aux citations qui me paroîtront le plus à la portée de tous les efprits. L'auteur eft oppofé à la façon de penfer du célèbre Addiffon qui a imaginé, &, je crois, avec quelque apparence de raifon, que les bêtes étoient fenfibles comme nous à l'image de la beauté.

[ocr errors]
[ocr errors]

Des Effets de la Tragédie. » Le » plaifir qu'une Tragédie nous procure » réfulte des effets de l'imitation. Car, quelque parfaite qu'elle foit, nous » voyons que c'en eft une, &, d'après » ce principe, nous en fommes, en quelque façon, contens. Il eft réellement des cas où nous avons par »tant & plus de plaifir que par la chose » elle même; mais alors j'imagine que » nous nous tromperions fort, fi nous voulions avancer que la plus grande partie de la fatisfaction que nous pro

دو

دو

là au

» cure la Tragédie, vient de ce que » nous la regardons comme une impof»ture, & de ce que nous voyons bien qu'il n'y a point de réalité dans ce

"

[ocr errors]
[ocr errors]

qu'elle repréfente; plus elle approche » de la réalité, plus elle nous éloi»gne de toute idée de fiction, plus ellet »a de force fur notre efprit; mais, de quelque efpèce que foit fon pouvoir, » elle n'approche jamais de ce qu'elle » veut repréfenter. » Vous aimerez > Monfieur, le raifonnement fuivant qui eft appuyé fur l'exemple. Je doute qu'on puiffe répondre à l'objection. » Fixez » un jour pour la repréfentation d'une » des plus belles Tragédies que nous "ayons choififfez les meilleurs Ac»teurs; n'épargnez tien pour vos de»corations; uniffez tout ce que la Poëfie, la Mufique & la Peinture ont de plus parfait, &, quand tour le monde » fera affemblé & placé, au moment où

la Pièce doit commencer, annoncez » qu'un criminel d'Etat d'un haut rang » va être exécuté dans la place voifiné; » dans un moment votre falle fe trou» vera vuide. En faut-il davantage pour » vous démontrer la foibleffe compara»tive des Arts imitatifs ? Quelle vic

[ocr errors]

toire, quel triomphe pour la fympathie réelle !»

Segnius irritant animos demiffa per au

res,

Quam quæ funt oculis fubjecta fidelibus.

Ces deux vers d'Horace paroiffent ap puyer le fentiment de l'Abbé Dubos qui donne la préférence à la Peinture fur la Poëfie dans les cas où il s'agit d'émou voir les paffions. Il fe croit fondé fur ce qu'elle repréfente les idées avec beaucoup de clarté. L'auteur Anglois pense que la Poëfie, malgré toute fon obfcu rité, exerce fur les paffions un empireplus puiffant & plus étendu que ne fait la Peinture. » Il y a des raifons dans la » nature pour lesquelles l'obscurité dans » une idée, quand elle eft ménagée » comme il convient, affecte plus que » ne feroit la clarté. C'eft, en général, » parce que nous ne connoiffons pas » bien les chofes, que nous les admi»rons, qu'elles nous étonnent; c'eft ce » qui fait principalement agir nos paffions...... Les idées d'éternité, d'infinité, font du nombre de celles qui »nous affectent le plus ; & cependant:

[ocr errors]
[ocr errors]

il n'y a peut-être rien que nous en»tendions fi peu que l'infinité & l'éter» nité: é; nous ne voyons en aucun en» droit de defcription plus fublime que » celle qui fe trouve dans Milton, & » que tout le monde admire avec tant » de juftice. Il s'agit du portrait de Sá"tan qu'il représente avec toute la di»gnité qui convient au fujet. Satan, » par fa taille & la fierté de fon main»tien, les furpaffoit tous, comme une »tour fort élevée domine tout le pays qui » l'environne; fa forme n'avoit pas en» core perdu tout fon premier éclat; on

دو

reconnoifoit encore l'Archange, quoi» que déchu, quoiqu'il eut perdu beau» coup de fa gloire; tel au point du jour » le Soleil fe montre à travers le brouil» lard, ou dans une fombre éclipfe, quand » caché par la Lune il répand fur la moi» tié des Nations un jour qui les épou» vante, & allarme les Rois en leur faifant craindre des révolutions. C'eft-là fans doute un fort beau tableau ; il » est très-poëtique; mais qu'y trouve-t»on? Une tour, un Archange, le So» leil qui fe lève dans des brouillards, » ou qui fe trouve éclipfé, la ruine » des Rois, & les révolutions de leurs

[ocr errors]
« VorigeDoorgaan »