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puiffent être ceux-ci, fera bien placé » à la tête d'un Recueil, où l'on s'eft propofé le même but. » Cet ouvrage, dédié au fils même de Louis XIV, eft écrit en Latin; M. l'Abbé d'Olivet en a placé au-deffous la traduction faite par le même auteur. Les bornes d'un extrait ne me permettent pas de vous citer ce morceau précieux tout entier. Je m'arrêterai feulement à quelques traits.

Après avoir averti fon augufte élève de la néceffité indifpenfable pour tous les hommes, & fur-tout pour lui, de fixer l'inconftance de l'efprit & de l'accoutumer à l'ordre dans les plus petites chofes pour le familiarifer aux grandes, l'Inftituteur ajoûte: » Ce qui

» fait que les grands Princes, comme

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» vous, s'ils n'y prennent férieufement garde, tombent facilement dans la pareffe & dans une efpèce de langueur," , c'eft l'abondance où ils naiffent. Le " befoin éveille les autres hommes, & » le foin de leur fortune les follicite

fans ceffe au travail. Pour vous, à qui , les biens néceffaires, non-feulement » pour la vie, mais pour le plaifir & pour la grandeur, fe préfentent d'euxmêmes, vous n'avez rien à

gagner

» par le travail, rien à acquérir par » l'induftrie. Mais, Monfeigneur, il » ne faut pas croire que la fageffe vous » vienne avec la même facilité, & fans " que vous y travailliez foigneufement, Penfez vous que tant de

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ples, tant d'armées, une nation fi » nombreufe, fi belliqueufe, dont les » efprits font fi inquiets, fi industrieux & fi fiers, puiffent être gouvernés par ,, un feul homme, s'il ne s'applique de toutes fes forces à un fi grand ouvra"ge? N'euffiez-vous à conduire qu'un cheval un peu fougueux, vous n'en viendriez pas à bout, fi vous lâchiez 2 tout-à-fait la main & fi vous laiffiez aller votre efprit ailleurs: combien २ moins gouvernerez- vous cette im» menfe multitude, où bouillonnent tant de paffions, tant de mouvemens » divers? Il viendra des guerres; il s'élevera des féditions; un peuple emporté fera de toutes parts fentir fa fureur. Tous les jours de nouveaux trou¬ »bles, de nouveaux dangers. On vous tendra des pièges; vous ferez environné de flatteurs, de fourbes. Un, » brouillon remuera des Provinces éloignées; un autre cabalera jufques.

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» dans votre Cour, qui eft le centre des affaires. Il animera l'ambitieux; il » foulevera l'entreprenant; il aigrira le mécontent. A peine trouverez-vous quelqu'un à qui vous puiffiez vous » fier. Tout fera factions, artifices, tra» hifons. Au milieu de l'orage, vous croirez qu'il n'y a qu'à demeurer tranquille dans votre cabinet, efpérant, » comme dit un de vos Poëtes, que les » Dieux feront vos affaires pendant que » vous dormirez. Vous feriez loin de » la vérité, fi vous le penfiez. C'est en veillant, difoit fagement Caton", » ainfi que Salluste l'a rapporté, c'est en agiffant, c'eft en prenant bien fon parti, » qu'on a d'heureux fuccès. Mais livrez» vous à une fage indolence; vous im

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plorerez envain les Dieux ; ils font en » colère & difpofés à vous nuire. » Il continue à exhorter le Prince à s'appliquer aux études qui lui font néceffatres. Elles feules peuvent augmenter les reffources de l'efprit. Les négliger, ce fe roit détruire ces reffources; l'application, l'habitude, l'ufage rendent le tra vail facile. Il fortifie l'ame, comme l'exercice fortifie le corps. L'inaction la paresse l'affoibliffent, fes facultés

s'éteignent, l'intelligence s'obfcurcit. » Alors il s'élevera en vous de honteu

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» fes paffions; alors le goût du plaisir » & la colère, qui font les plus dange

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reux confeillers des Princes, vous por »teront à toutes fortes de crimes, & le » flambeau qui feul auroit pu vous guider » étant une fois éteint, vous vous ferez » mis hors d'état de compter fur aucun » fecours. Vous comprenez ailément » vous-même combien on feroit, dans une pareille fituation, peu capable de gouverner. Aufli n'eft ce pas à tort qu'un homme emporté par fes paffions eft regardé comme n'étant plus » maître de rien. Puifqu'il n'eft pas fon maître, comment le feroit-il des autres? Efclave d'autant plus à plainque fa fervitude tombe fur cette partie de lui même, fur cette raifon » par laquelle Dieu a voulu que tous » les hommes fuffent libres. Qui voudra donc être maître & tenu pour tel,

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qu'il commence par exercer fur lui»-même fon pouvoir. Qu'il fçache com» mander à la colère. Que les plaifirs » malgré ce qu'ils auroient d'attrayant, » ne le tyrannisent point. Qu'il jouiffe » toujours de fa raison. Or voilà ce

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qu'on ne doit attendre de perfonne, » fi ce n'est une habitude prife dans le » bas âge. » L'auteur rappelle ici la manière dont Denys le Tyran traita le fils de Dion. Il peint des couleurs les plus fortes l'efpèce de vengeance que lui dicta fa haine. Le Tyran abandonna ce jeune homme à lui-même, Il le livra à des complaifans chargés d'applaudir à tous fes vices & de lui procurer tous les plaifirs. Il les goûta avec tous les emportemens de fon âge. Rendu à fon père, il ne put oublier fes premiers goûts. Fatigué des remontrances de fes Gouverneurs, il fe précipita du haut de fa maison, aimant mieux mourir » Tirez de-là deux conque fe corriger. féquences, ajoûte le fage Inftituteur » dont la première eft que nos vérita»bles amis font ceux qui réfiftent à nos paffions, & que ceux, au contraire, qui les favorifent, font nos plus cruels » ennemis. La feconde & la plus impor » tante, que fi de bonne heure on prend bien garde aux enfans, alors l'auto» rité paternelle & de bons documens » peuvent beaucoup. Au contraire, fi » de mauvaifes & fauffes maximes leur »entrent une fois dans l'efprit, alors

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