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» la tyrannie de l'habitude fe rend in» vincible, & il n'y a plus ni remède, "ni fecret qui puiffe guérir le mal. Pour » empêcher qu'il ne devienne incura»ble, il faut le prévenir. Travaillez-y, "Monfeigneur, & afin que votre rai» fon faffe les plus grands progrés, fuyez la diffipation, ne vous livrez

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point à de frivoles amusemens, mais »nourriffez-vous de réfléxions fages & falutaires; rempliffez-vous- en l'efprit; faites- en la règle de votre con» duite, & accoutumez-vous à recueil»lir les fruits abondans qu'elles font capables de produire. » Tous ceux qui liront cet ouvrage avec quelqu'attention, feront de l'avis de M. l'Abbé d'Olivet fur fon auteur. Il eft difficile de n'y pas reconnoître l'ame & le ton de Boffuet. Il restera fur tout bien peu de doutes après l'avoir comparé avec certains traits du difcours célèbre de ce fçavant Evêque fur l'Hiftoire Univerfelle, dans les endroits où il adreffe la parole au grand Prince, pour lequel il fut compofé. Quoiqu'il en foit, on ne fçauroit trop reconnoître le fervice qu'a rendu M. l'Abbé d'Olivet aux Lettres, en publiant ce morceau.

Les penfées extraites de différens ou vrages de Cicéron, & recueillies dans ce volume, font rangées fous douze articles. Les premières font fur la Reli gion. Les Cieux, la Terre, la Nature entière annoncent l'existence d'un Etre intelligent, dont ils font l'ouvrage. Les preuves fublimes qui renverfent les vains argumens des Athées, s'il en exifte, ont été connues des Anciens. » Une très-forte preuve de l'exiftence » des Dieux, dit Cicéron, c'eft qu'il » n'y a point de peuple affez barbare

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point d'homme allez farouche, pour » n'avoir pas l'efprit imbu de cette opi, » nion. Plufieurs peuples, à la vérité, » n'ont pas une idée jufte des Dieux; » ils fe laiffent tromper à des coutumes » erronées; mais enfin ils s'entendent » tous à croire une puiffance divine, un » Erre Suprême. Et ce n'eft point une croyance qui ait été concertée; les hommes ne fe font point donné le » not pour l'établir; leurs loix n'y ont point de part. Or, dans quelque ma»tière que ce foit, le confentement de » toutes les Nations doit fe prendre pour la loi de la Nature. »

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On a dir, on a répété, que les Anciens

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n'avoient aucune idée de la Divinité Comme Etre purement fpirituel. Le Paffage fuivant prouve l'ignorance ou la mauvaife foi des Incrédules qui s'apPuient de cette idée. On ne peut conce» voir Dieu que fous l'idée d'un Efprit "pur, fans mêlange, dégagé de toute » matière corruptible, qui connoît tout, » qui meut tour, & qui a de lui-même » un mouvement éternel. L'homme doit les parties folides de fon corps à l'air au feu, à la terre & à l'eau ; mais à qui doit-il l'entendement dont il eft doué, fi ce n'eft pas à un Etre tout-puiffant? On doit aux Dieux un » culte plein de refpect; culte très-bon, très-faint, qui exige beaucoup d'innocence & de piété, une inviolable pureté de cœur & de bouche, mais qui n'a rien de commun avec la fu"perftition dont nos pères, auffi bien que les Philofophes, ont entièrement féparé la Religion............. Je doute » fi d'éteindre la piété envers les Dieux, » ce ne feroit pas anéantir la bonne foi, » la fociété civile, & la principale des » vertus, qui eft la Juftice. » J'invite nos prétendus Sages modernes à relire ce morceau. Qu'ils fe fouviennent en

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core de ces mots : » Parler contre les » Dieux, foit qu'on le fafle férieufe»ment ou non, cela eft pernicieux & impie.»

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Sur l'Homme. C'eft la raifon & la réfléxion qui le diftinguent des autres animaux. » Tout homme qui rentrera en » lui-même, y découvrira des traces de » la Divinité, & fe regardant comme » un Temple où les Dieux ont placé fon »ame pour être leur image, il ne fe » permettra que des fentimens, que des » actions qui répondent à la dignité de » leur préfent. Un férieux examen de » ce qu'il eft & de ce qu'il peut, lui » fait comprendre de quels avantages la Nature l'a pourvû, & combien de » fecours lui facilitent l'acquifition de la fagefle. Venu au monde avec des no» tions générales, qui d'abord ne font » que comme ébauchées, il voit qu'en » fuivant cette lumière, guidé par la fageffe, il fera homme de bien, & par conféquent heureux. Qu'y a-t-il en » effet de plus heureux qu'un homme, qui, parvenu à une exacte connoif» fance des vertus, n'a point de lâche complaifance pour les fens & foule » aux pieds la volupté, comme quel

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» que chofe de honteux, qui ne craint » ni la douleur, ni la mort; qui chérit » tendrement les fiens, & met au nom»bre des fiens tout ce qu'il a de fem» blables; qui honore religieufement » les Dieux, & les fert purement; qui, » comme nous ouvrons les yeux du » corps pour diftinguer les objets, emploie de même les yeux de l'efprit » pour difcerner le bien & le mal. » pour L'homme naît avec ces heureufes difpofitions. C'est à la fagefle à les cultiver & à les mettre en œuvre. Cicéron appuie fur ces conditions. Ce n'est point fur la terre qu'on peut trouver l'origine de l'ame; il faut néceffairement remonter au Ciel, à la Divinité. Notre corps tient des élémens qui nous environnent, dans lesquels & fur lefquels nous vivons. Je voudrois pouvoir vous citer cet article; mais il eft trop étendu. Il renferme une métaphyfique clai re, à la portée de tout le monde, que nos modernes n'ont ceffé d'embrouiller à force de vouloir l'expliquer. Vous y retrouverez le principe des idées innées. L'ame en naiffant apporte mille connoiffances; elle ies oublie dans la prifon du corps. Elle les rapprend dans la

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