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fuite, & apprendre, c'eft fe reffouvenir. Les trois quarts des fyftêmes qui ont paru depuis quelque temps ne font que des paraphrafes de ce morceau.

Ce que Cicéron dit des fens paroît avoir donné à Locke la première idée de fes recherches fur l'entendement humain. » A l'égard des fens, par qui les » objets extérieurs viennent à la connoif» fance de l'ame, leur ftructure répond à » leur destination, & ils ont leur fiège

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dans la tête, comme dans un lieu forti» fié. Les yeux, ainsi que des fentinelles, occupent la place la plus élevée, d'où » ils peuvent, en découvrant les objers, faire leur charge. Un lieu émi» nent convenoit aux oreilles, parce qu'elles font destinées à recevoir le "fon qui monte naturellement. Les na» rines devoient être dans la même ft"tuation, patce que l'odeur monte » auffi, & il les falloit près de la bouche, parce qu'elles nous aident beau» coup à juger du boire & du manger. » Le goût, qui doit nous faire fentir la

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qualité de ce que nous prenons, réfide » dans cette partie de la bouche, par » où la Nature donne paffage au folide » & au liquide. Pour le tact, il eft ré

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pandu dans tout le corps, afin que » nous ne puiffions recevoir aucune impreffion, ni être attaqués du froid ou » du chaud, fans le fentir. » Il n'y a pas loin de-là au fyftême du célèbre Locke. L'ame reçoit les impreffions des fens; fes premières idées peuvent venir naturellement de ces impreffions. Le jugement combine ces idées, dont de nouvelles, indépendantes des fens, font le réfultat, &c. Cicéron entre dans le détail du méchanifme des or ganes des fens, & de l'utilité dont ils font à l'homme qui fçait en faire ufage.

Sur la Confcience. » Il y a dans l'hom. s me une puiflance qui porte au bien » & détourne du mal, non-feulement

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antérieure à la naiffance des peuples » & des villes, mais auffi ancienne » que ce Dieu, par qui le Ciel & la » Terre fubfiftent & font gouvernés. » Car la Raifon eft un attribut effentiel de l'intelligence divine: & cette Raifon, qui eft en Dieu, détermine néceffairement ce qui eft vice ou vertu. Ainfi, quoiqu'il ne fut écrit nulle » part,qu'il falloit feul contre toute une armée défendre la tête d'un pont,

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pendant qu'on le feroit rompre par » derrière, il n'en eft pas moins vrai qu'Horace, en faifant une fi belle ac» tion, obéïffoit à la loi quinous oblige » d'être courageux. Ainfi, quoique du » temps de Tarquin la loi contre l'adul»tère ne fût pas encore écrite, il ne » s'enfuit pas que le fils de ce Roi, en » violant Lucrèce, n'ait péché contre » la loi qui eft de toute éternité. Car » l'homme avoit dès-lors une Raifon qui » naturellement le portoit au bien & » le détournoit du mal: Raifon qui a » force de loi, non du jour qu'elle eft » écrite, mais du moment qu'elle a

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commencé; or elle a commencé au » même inftant que l'intelligence di» vine. Cette loi eft générale; elle oblige tous les hommes, nulle puiffance ne peut nous en difpenfer.» Auffi » les peines ordonnées par la Juftice » ne font elles pas ce qu'un fcélérat doit le plus redouter. Autrefois la » Juftice n'étoit réglée nulle part; elle » ne l'eft pas même aujourd'hui en tous » lieux; & dans les lieux où elle l'eft, "on la trompe fouvent. Mais la vraie » punition d'un fcélérat, c'eft fa confcience. Il eft agité, il eft pourfuivi,

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» non par des Furies avec des torches ar» dentes comme dans les Tragédies, mais » par de cuifans remords, effet du cri» me. Car ne croyez pas que les flam» beaux allumés de ces Furies, dont le

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théâtre offre fouvent l'image à vos » yeux, faffent le tourment & l'effroi » d'un fcélérat. Quiconque a été injufte » porte en lui-même la principale caufe » de fa frayeur; il ne lui faut que fon » crime pour le tourmenter, pour » troubler l'efprit. Au fond de fa con» fcience il fçait avoir fait mal, & voilà » ce qui l'épouvante. Voilà les Furies » qui s'emparent du coupable, & l'ac»compagnent nuit & jour. »

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Sur les Paffions. Les Stoïciens les définiffoient un mouvement de l'ame oppofe à la droite Raifon & contraire à la Nature. Ils les divifoient en quatre efpèces, la cupidité & la joie par rapport aux biens, &, par rapport aux maux, la trifteffe & la crainte. Les Péripatéticiens les regardoient,comme néceffaires, &, fans les condamner abfolument, ils prescrivoient de les régler. » Vouloir qu'on » marque des bornes à ce qui eft mal, » c'eft prétendre qu'un fou qui fe précipite du rocher de Leucade, pourra,

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» s'il le veut, fe retenir au milieu de » fa chute......... Approuver des paflions » modérées, c'eft approuver une injuf» tice modérée, une lâcheté modérée, » une intempérance modérée. Car pref» crire des bornes au vice, c'est en ad» mettre une partie; & outre que cela » feul eft blâmable, rien n'eft d'ail» leurs plus dangereux. Car le vice ne » demande qu'à faire du chemin, & » pour peu qu'on l'aide, il gliffe avec » tant de rapidité, qu'il n'y a plus » moyen de le retenir. »

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Les hommes, livrés à la fougue des paffions, ont préfenté dans tous les temps & dans tous les pays les mêmes foibleffes & les mêmes inconféquences. » Regarderai je comme un homme » libre celui qu'une femme maîtrise, à qui elle impofe des loix, à qui elle prefcrit, ordonne, défend ce qu'elle veut, & fans qu'il puiffe la refufer » lui résister en rien? Veut-elle avoir? » Il faut donner. Appelle-t-elle ? Il faut » accourir. Elle congédie, il faut fe re» tirer. Elle menace, il faut trembler. » Pour moi, cet homme-là, fut-il du fang le plus noble, je tiens que c'eft,

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