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fultant le Journal du Grand-Confeil, les Parties, les Avocats, les Juges eux-mêmes ne pourront fe méprendre ni aux efpèces ni aux moyens.

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On a donné à ce Journal l'ordre chronologique, fuivant l'ufage reçu. Au refte, Monfieur, quoique ce Recueil foit très-bien fait, l'auteur. qui eft aufli modefte que fçavant, & qui n'eft guidé dans les travaux que par la vue du bien public, prie tous ceux qui liront ce volume, de lui faire part des obfervations qu'ils jugeront néceffaires, pour rendre cet ouvrage le plus parfait qu'il fera poffible, & de les adreffer au Libraire. On les affûre d'avance qu'on leur fçaura gré de toutes celles qu'ils voudront bien faire parvenir par cette voie, en affranchiffant le port. L'auteur eft dans l'intention d'en profiter, & de faire tous les efforts poffibles pour mériter l'approbation des connoiffeurs. On ne peut trop le louer d'avoir entrepris cette collection dont l'ufage eft indifpenfable. Le premier volume fera bientôt fuivi d'un fecond.

Je fais, &c.

A Paris, ce 4 Janvier 1765.

LETTRE

LETTRE II.

Hiftoire du Duché de Valois. Tome II.

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E vous ai parlé Monfieur, du 1er volume de cette Hiftoire in-4o, à Paris chez Guillyn Libraire, Quai des Auguftins, près du Pont S. Michel. Nous en fommes reftés au commencement du treizième fiècle. En vous rendant compte de ce fecond volume jel faifirai, fuivant mon ufage, les traits finguliers qui peuvent jetter des lumières fur l'Hiftoire de l'efprit humain.

Raoul de Chefy en Orceois, Abbé de la Communauté de Saint-Jean-les-Vi gnes, s'occupa long-temps à terminer des affaires contentieufes. » Confidérant les abus qui naiffent de l'ufage » où l'on eft de recevoir des Novices, » & de faire faire profeffion à des fu» jets au fortir de l'enfance, il pria le Pape Gregoire IX de lui ordonner par une Bulle, de n'admettre à la AN. 1765. Tome I.

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B

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رو

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profeflion Religieufe qui que ce fûr » avant l'âge de vingt ans. Ce feul trait » de prudence fait un éloge complet du » difcernement & de la fagefle de Raoul » de Chefy. Que de fâcheufes extrêmi»tés on préviendroit, fi l'on ne recevoit perfonne dans l'état Monaftique avant l'âge où le difcernement & le tempérament commencent à prendre une » confiftance qui doit durer jufqu'à la fin de la vie! Le Pape entra dans les » vues du fage Abbé, & lui adrefla la » Bulle qu'il demandoit. » Dans les temps les plus barbares il y a eu des hommes au-deffus de leur fiècle. Il eft malheureux qu'un pareil réglement n'ait été fait que pour une feule Communauté, & que de nos jours il n'y ait eu aucun homme affez ami de l'humanité pour en demander un pareil; je ne dis pas pour le defirer. Eft-ce par des vœux qu'il faut travailler au bonheur des hommes, quand on peut y contribuer réellement ?

Il y avoit au treizième fiècle un Tribunal d'Inquifition dans le Valois pour connoître des blafphêmes & des fcandales contre la Religion. L'auteur de cette Hiftoire, M. l'Abbé Carlier

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n'a pu fçavoir en quel endroit réfidoit l'Inquifiteur. Tout ce qu'il y a de certain, c'eft que ce Tribunal n'étoit pas auffi terrible que dans les pays où il eft établi. Il ne condamnoit point les coupables fans les entendre. Le trait fuivant en eft la preuve. Un Bourgeois de » Verberie nommé Etienne fut accufé » d'héréfie au Tribunal de l'Inquifi» tion, coram Inquifitore. On lui reprochoit aufli d'avoir proféré des blaf» phêmes, d'avoir parlé contre la Religion, & d'avoir en particulier tenu » des difcours fcandaleux contre le my f „ tère de l'Euchariftie. Etienne compa » rut & convint des dernières charges; » mais il prouva que tout ce qu'on lui reprochoit étoit échappé dans un temps, où,ayant pris duvin avec excès, il avoit perdu la raifon : pour ce qui étoit du » crime d'héréfie, il foutint que jamais » il n'en avoit été coupable; que cette » accufation portoit fur des propos qu'il » avoit tenus, fans penfer qu'on pou» voit en tirer des inductions contrai»res aux Dogmes de la Religion; qu'au fond les paroles dont on lui "faifoit un crime avoient un double

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»fens, dont le plus favorable pour lui

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étoit auffi le plus naturel & le plus fimple. » L'Inquifiteur étoit difpofé à le renvoyer abfous, en lui impofant fimplement une pénitence; mais la publicité du fcandale lui fit craindre det rien décider par lui-même. Il affembla les Prud'hommes qui lui fervoient de Confeillers dans les cas extraordinaires; ce qui prouve que fon autorité étoit restreinte. L'avis des Confeillers fut le même que le fien; attendu l'ivreffe du coupable, on le condamna à une pénitence proportionnée au fcandale; on ne dit point quelle fut cette pénitence.

Dans le même fiècle Charles de Valois affranchit tous les fujets de fon Comté; fes Lettres datées de 13 11 honorent l'humanité. » Le Comte débute » en difant que toute créature formée » à l'image de Dieu eft naturellement » libre, & que tous les genres de fer» vitude auxquels on les affujettit font oppofés aux vœux du Créateur. On » voit des lieux, ajoûte le Comte, où

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les traces de cette liberté naturelle »font tellement effacées, que tout y » eft affujetti au joug de l'esclavage, fans diftinction d'âge ni de fèxe. Les

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