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» fer fur quelqu'un, & on a envie de faire comme on voit que d'autres » ont fait. Pour nous déterminer avec fageffe, nous avons premièrement à » confulter nos difpofitions naturelles, », & fecondement la fituation de notre » fortune; mais nos difpofitions fur» tour; car elles font bien moins capa»bles de changer.

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Trouve t-on beaucoup de Philofophes dont les mœurs, dont la façon » de penfer, dont la conduite foit con» forme à la raifon; qui faffent de leur » art, non une oftentation de fçavoir » mais une règle de vie; qui s'obéil» fent à eux-mêines, & qui mettent leurs propres maximes en pratique ? » On en voit quelques-uns fi pleins de » leur prétendu mérite, qu'il leur feroit » plus avantageux de n'avoir rien appris; d'autres avides d'argent; d'au»tres de gloire; plufieurs efclaves de leurs plaifirs; il y a entre ce qu'ils difent & ce qu'ils font un étrange » contraste. Rien, à mon avis, de plus » honteux. Car enfin, qu'un Grammai» rien parle mal, qu'un Muficien chan»te mal, ce leur fera une honte d'au

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» tant plus grande qu'ils péchent contre leur art. Un Philofophe donc, lorf» qu'il vit mal, eft d'autant plus méprifable l'art où il fe donne pour

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que

maître, eft l'art de bien vivre. » Ne

diriez-vous pas, Monfieur, , que ce morceau a été écrit pour ce fiècle ?»

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» On demandoit à Socrate fi le fils » de Perdiccas, Archelaïs, qui paffoit » alors pour l'homme le plus heureux', » étoit heureux en effet. Je n'en fçais » rien, dit-il, car je ne lui ai jamais parlé. Quoi, vous n'avez point d'au »tre règle pour en juger! Aucune. Vous

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ne pourriez donc pas dire non plus » fi le grand Roi de Perfe eft heureux ? » Hé, le pourrois-je, puifque j'ignore à » quel point il eft fçavant & homme de » bien? Prétendez vous que ce foit là » ce qui fait la félicité? Oui, fans dou»te, je crois les gens de bien heureux; » & les méchans malheureux. Archelais » l'eft donc ? Oui, certainement, s'il eft injufte.

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M. l'Abbé d'Olivet n'a laiffé rien à defirer dans le choix des morceaux & dans la manière dont il les a traduits. Il nous a prévenus dans fon titre &

dans fa Préface que les jeunes gens ont été l'objet de fon travail. Mais l'homme fait peut en profiter auffi bien que Padolefcent. Ces Penfees, pleines de vérité, de raifon & de faine Philofophie, font de tous les âges, de tous les temps, de tous les lieux, & de toas les états de la vie.

Ce Livre, fi agréable & fi utile, fe vend à Paris chez Barbou rue & vis-àvis la Grille des Mathurins; c'est un feul volume in-12. L'édition répond au mérite de l'ouvrage; il eft correctement imprimé avec un caractère de choix, & fur de beau papier. On trouve chez le même Libraire les Penfées de Séneque traduites par M. de la Beaumelle; elles peuvent très-bien fervir de pendant aux Penfées de Cict ron, quoiqu'il y ait une grande différence entre les deux auteurs & les deux traducteurs.

Je fuis, &c.

A Paris, ce 4 Février 1765.

LETTRE XI.

Eloge de M. le Comte d'Argenfon lu à la rentrée de l'Académie Royale des Infcriptions & Belles-Lettres, par M. de Beau, Secrétaire de la même Académie. Brochure in-8° de 26 pages, à Paris chez Panckoucke rue & à côté de la Comédie Françoife.

L fuffit, Monfieur, d'appartenir à quelqu'un des Corps Littéraires de la Capitale, pour être affûré qu'après le trépas on fera loué bien ou mal, & traité de grand homme, qu'on le mérite ou non. Auffi ces panégyriques, à force d'être prodigués, font ils peu flatteurs pour les morts, mais en récompenfe fort ennuyeux pour les vivans. Le Public ne fait attention à ces hommages funèbres que lorsqu'ils regardent des perfonnes vraîment illuftres, & qu'ils font rendus par de bons écrivains. Ce double avantage fe rencontre dans l'Eloge de M. le Comte d'Argenfon. C'est moins à fa

place d'Honoraire de l'Académie des Infcriptions, qu'à fes qualités perfonnelles, à fon génie Ministérial, à fon zèle, à fon goût pour les Lettres, fes connoiffances mêmes dans cette partie, qu'il doit les fleurs que l'éloquence répand fur fon tombeau.

*

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Marc-Pierre de Voyer de Paulmy Comte d'Argenfon, nâquit à Paris le 16 Août 1696. Son père, un des plus grands Magiftrats que la France ait produits, fe diftinguoit par des talens fupérieurs qui le firent parvenir dans la fuite aux places lés plus éminentes. Le fils foutint cette haute réputation. Avocat du Roi au Châtelet en 1718, il fut l'année fuivante Confeiller au Parlement & Maître des Requêtes. Il n'a.voit pas encore vingt-cinq ans, lorfque M. le Régent lui confia la Police de Paris. M. le Beau peint admirablement, felon moi, ces temps d'orage & de confufion, où M. d'Argenfon le trouva chargé de maintenir le bon ordre & la tranquillité dans cette Ville, qui, mê

* Cette Maison est d'une des plus anciennes & des meilleures Nobleffes du Royaume; le titre de Grand Bailli de Tourraine eft depuis long-temps héréditaire dans cette famille.

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