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fon s'oubliait lui même ; & dang » cette mémorable journée, où Fonte» noi vit nos foldats par les efforts réï» térés d'une noble fureur atracher en» fin la victoire, lorfqu'on lui annon» ça que fon fils venoit de mourir en » combattant à la tête de fon Régi »ment, fon' courage n'en fut point » abattu; il croyoit ne pas trop payer aut prix de fon propre fang la gloire du » Roi & de la France. Sa fermeté fut récompenfée; fon fils avoit cherché la » mort, & n'avoit rencontré que l'hon

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» neur.

» Mais fon dévouement ne parut ja » mais par des marques plus fenfibles, » que dans ces affreux momens, où la » Nation se vit fur le point de perdre le

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plus chéri de fes Monarques. Le dan» ger du Prince, arrêté par une mala» die foudaine dans le cours de fes con quêtes, plongeoit le Royaume dans » une confternation, dont on ne vit ja » mais d'exemple. M. d'Argenfon, at » taché au lit du Roi, ne s'occupoit » que de lui, ne refpiroit que pour fa perfonne facrée. Les yeux fixés fur ce » lit, déja prefque funèbre, il y voyoit » la France entière. Ce fut alors le

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que

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» Roi, à la vûe du tombeau ouvert à » fes pieds, près d'y defcendre avec » courage, jettant encore un regard fur » fes peuples en pleurs, & fur fes Provinces en péril, ranima fa voix pour dépofer dans le fein de fon Miniftre » ces paroles héroïques: Mandez au » Maréchal de Noailles qu'il fe fou vienne que le Prince de Condé gagna » la bataille de Rocroy cinq jours après » la mort de Louis XIII. Un Monarque » fi tendre & fi tendrement aimé, fut enfin rendu aux vœux ardens de fes føjets; & le cœur de M. d'Argenfon, » qui avoit raffemblé toutes les allarmes » de la France, en recueillit auffi toute la joie. "

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M. d'Argenfon ne fe diftingua pas moins dans la paix que dans la guerre. "Les fervices militaires furent récom» penfés des plus honorables privilèges; les titres fuivirent le mérite; la nobleffe devint héréditaire avec la valeur; les traces du fang verfé pour la » patrie ne s'effacèrent plus; elles con» fervèrent leur éclat dans la poftérite, , & la France vit avec joie fes défen» feurs affociés à fes anciens guerriers,

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qui, par des travaux pareils, ont jette » les fondemens de fes plus illuftres fa» milles.

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"En préparant une nouvelle Noblef »fe, on eut foin de relever l'ancienne » & de lui donner du reffort. Les enfans » des Nobles, dont les talens demeuroient étouffés fous les difgraces de la » fortune, furent tirés d'une oifive obf»curité. On leur ouvrit le chemin de l'honneur, en ouvrant une Ecole de » vertu & de fcience Militaire, où ces jeunes 'élèves, deftinés à foutenir la gloire de nos armes, fe forment au "commandement par l'obéïffance, trouvent réunies les inftructions capables » de cultiver l'efprit & d'infpirer att cœur de magnanimes fentimens, & » fous des Officiers expérimentés fe » rendent familières les opérations des fièges & des batailles. M. d'Argenfon prenoit plaifir à préfider à leurs exer» cices; il veilloit fur leurs progrès; il » les animoit de fes regards, de fes louan"ges, & répandoit fur leurs études une » heureufe chaleur.

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» Dans les fiècles floriffans d'Athènes, le peuple étant affemblé pour l'a

" fête des Panathénées, le fpectacle » commençoit par une proclamation » vraiment héroïque. Sur le théâtre s'a

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vançoit un Chœur nombreux de jeu»nes orphelins, revêtus d'une armure » complette; c'étoient les enfans des citoyens morts en combattant pour la » patrie. Alors le Héraut élevant fa » voix : Ces orphelins, difoit-il, ons » retrouvé dans le peuple d'Athènes un père qui a pris foin de leur enfance ; » qu'ils partent maintenant fous d'heu

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reux aufpices; la Patrie leur donne »ces armes dont elle leur a montré l'ufa »ge; elle les invite à mériter chacun à » l'envi les premières places dans fes ar"mées. N'est-ce pas là ce que la recon» noiffance dicte à nos jeunes guerriers » au fortir de l'Ecole Militaire? N'en» tendent-ils pas au fond de leur cœur » la voix de ce Héraut, & le Prince,

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qui leur a tenu lieu de père, n'est-il » pas en droit d'attendre de leurs fervi» ces le fruit de fes foins généreux ? » Ce morceau est très-noble, Monfieur, & le trait de l'Hiftoire Ancienne que l'auteur a rapproché de notre Ecole Mi litaire, y produit un bel effet. C'est ainfi qu'il faut employer l'érudition

elle est toujours fûre de plaire, on la place à propos.

quand

"Tandis que l'Ecole Militaire s'éle» voit, l'Hôtel Royal des Invalides » s'embellifoit dans le voisinage & pre»noit de nouveaux accroiffemens. On partageoit, on plantoit d'arbres ces » belles allées, qui s'étendent jufqu'aux bords de la Seine, où nos vieux guer »riers s'entretenant des hazards de leur » vie & des victoires acquifes par leurs » bleffures, rappellent, felon la pen» fée d'un écrivain, l'image douce & » riante des Héros d'Homère & de Vir

gile errans dans l'Elifée: noble & pré»cieufe portion de terre, qui réunit » l'enfance & la vieilleffe de notre bra» ve Milice; où la valeur, d'un côté se prépare à fournir une glorieufe carriè »re, de l'autre fe repose après la course, » & montre dans une même perspective fon berceau & fon dernier afyle. »

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M. le Beau relève dans M. d'Argenfon l'amour qu'il portoit aux Lettres & aux Sciences; il partageoit fon crédit avec elles; il les appelloit auprès du Trône; il excitoit leurs progrès, plus encore par fon accueil & par fes éloges que par les récompenfes qu'il leur

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