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leurs différentes Hernies. Le refpect qu'il doit à leur rang, ne lui permet pas de les appeller en témoignage. Ce qui vous infpirera peut-être, pour cet Artifte intelligent, encore plus de confiance, c'eft qu'il eft le parent & l'élève du fieur Sorraiz, qui s'eft acquis une jufte réputation dans ce genre. La demeure du fieur d'Hiribarren eft rue Galande, Quartier de la Place Manbert, vis-à-vis la rue du Fouarre, dans une maifon à porte cochère, entre un Chandelier & un Layetier, au fond de la cour. Il a l'humanité de travailler gra tis pour les pauvres.

Je fuis, &c.

A Paris, ce 7 Février 1765.

LETTRE XII.

Avertiffement qui fe trouve à la fuite de la Tragédie de Timoléon.

AP

Près la lecture d'une Tragédie auffi ennuyeufe que Timoléon, on fe croyoit quitte de M. de la Harpe. Point

du

du tout, Monfieur; il faut encore effuyer un Avertiffement, ou plutôt une juftification enfantine, dont le Public fe feroit très-bien paffé. Il s'agit de quelques couplets que l'on accufe M. de la Harpe d'avoir faits contre fes Maîtres & fes bienfaiteurs, à l'âge de dix-neuf ans. Il s'en défend avec beaucoup d'humeur, & paroît fort fcandalifé des bruits qui courent à ce fujet. Il nous donne la lifte intérelante des Profeffeurs fous lefquels il a fait fes études au Collège d'Harcourt. Ce font M. l'Hermite en Sixième, Brenet en Cinquième, Chéron en Quatrième, Dagomer en Troisième, Vieil en Seconde, Vallée en Rhrétorique, Baffet en Philofophie. Il les cite tous comme des témoins de fon innocence, excepté cependant Mrs Brenet & Vieil, attendu qu'ils étoient morts avant les couplets en queftion. Mais n'auroit-il pas dû poëtiquement évoquer leurs mânes, &, par la brillante magie d'une fublime profopopée, les faire parler en fa faveur ?

Je nai, Monfieur, ni le loifir ni l'odieufe curiofité de rechercher fi M. de la Harpe eft, en effet, innocent ou coupable des couplets dont on l'a chargé. Il est AN. 1765. Tome I. M

même plus agréable pour moi de penfer que c'est fans fondement qu'on a crû qu'il en étoit l'auteur. Mais, au milieu des ef forts qu'il fait pour sa justification, il lui échappe un aveu qui vous paroîtra fin gulier. Il est bien vrai, dit-il, que je fis quelques Couplets contre des particu liers du Collège d'Harcourt; mais dans ces Couplets il n'eft nullement question d'aucun homme envers qui j'euffe le moindre devoir à remplir....... Ce tort de jeuneffe confifte à avoir fait quelques épi grammes contre des particuliers obfcurs, à qui je ne devais rien. Quoi, parce qu'un homme, très eftimable d'ailleurs, le malheur ou plutôt le bonheur d'être obfcur, parce qu'on ne lui doit rien, il faut l'infulter, l'outrager, troubler par des épigrammes fa paifible obfcurité! Il n'y a que M. de la Harpe au monde qui foit de cette inhumanité là. Tout le monde n'eft pas affez heureux lai pour rendre fervice, ni pour avoir la grande célébrité dont il jouit ; & je lui demande grace pour les honnêtes gens auxquels il ne doit rien, & qui préfèrent le repos à l'éclat. Mais je vous entre, tiens trop long-temps, Monfieur, de toutes ces mifères collégiales. D'ail leurs, vous fçavez, & M, de la Har

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pe fçait encore mieux que perfonne, que des fatyres perfonnelles font une affaire de Police & non de Littérature.

Réfléxions Utiles.

L'Avertiffement dont je viens de vous rendre compte eft fuivi de Réfléxions qu'on nomme faftueufement Utiles, & qu'on a trouvées on ne peut pas plus inutiles. Vous allez en juger, Monfieur. Tandis qu'un petit nombre d'é»crivains illuftres honore & éclaire la » Nation, un bien plus grand nombre d'écrivains obfcurs, poffédés de la » manie d'être Littérateurs, fans titres » & fans études, ont fait une espèce

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de ligue pour fe venger du Public qui » les oublie, & des véritables gens de »Lettres qui ne les connaiffent pas. Ils »font convenus de fe trouver du gé» nie les uns aux autres, & de le répé ter jufqu'à ce qu'on le croie. Ils ont établi que l'honnêteté de l'ame confiftait à louer tout ce qui n'était pas » louable, à applaudir de toutes fes » forces, lorsqu'on s'ennuyait. Ils ont » décidé que celui qui aurait l'audace » de n'être pas tout-à-fait auffi épris de

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» leurs ouvrages qu'ils le font eux-mêmes, ferait un homme d'un caractère affreux, fans douceur, fans aménité, fans refpect pour les loix de la Société; » en un mot, fans honnêteté : c'est le » terme. » M. de la Harpe fe trompe. Celui que dans le Monde, même Littéraire, on appelle un homme d'un caractère affreux, fans douceur, fans aménité, fans refpect pour les loix de la Société, en un mot, fans honnêteté, c'est celui qui manque à la reconnoiffance, à l'amitié; celui qui choque avec férocité l'amour-propre des autres, qui tranche, qui décide & qui juge fouverainement; celui qui méprife ces égards indifpenfables dont les hommes font convenus entr'eux; enfin, celui qui n'a pas un ami & qui déclame fans celle contre l'humanité, parce qu'il méconnoît cette urbanité de mours & de fentimens qui la font aimer.

Suivons M. de la Harpe dans fes Réfléxions foit difant Utiles. » S'il arrive » un homme fimple & franc, qui, » ayant lu Racine le matin, & voyant leurs ouvrages le foir avec la meil» leure envie du monde d'avoir du plaifir, ait le malheur de s'ennuyer, &

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