Variétés férieufes & amufantes, deux volumes in-12 divifés en 4 Parties: à Paris chez Mufier père & fils Quai des Auguftins,

Voici, Monfieur, un Livre d'une

efpèce fingulière. Il paroît ques l'auteur eft un vieux Philofophe qui donne au Public les réfléxions qu'il a faites dans le cours de fa vie. Quoiqu'il ne s'écarte jamais des règles que pref-: crivent la Religion & la Probité, il égaie de temps en temps fon férieux par des traits que des efprits un peu trop févères ne lai pardonneront peutêtre La Préface achevera de vous pas. mettre au fait du genre & de la forme de cet ouvrage. PREFACE TRES-COURTE. AN. 1765. Tome I. SNI

P Un Payfan étoit à confeffe; il débi? » toit tout ce qu'il avoit fait en fa vie » de bien, de mal, d'indifférent. Ce » font vos péchés que je vous deman» de, lui dit le Curé. Eft-ce que je m'y » connois, moi, reprit le Manant? » Prenez tout ce qu'il faut. Ami Lec» teur, j'en dis autant. Sérieux, Morale, Littérature Hiftoire,Vers, Bagatelles, &c; voilà de quoi mon Livre eft compofé, Voyez ce qui vous con» vient; prenez ce qu'il vous faut

Que placeant, pofitis omnibus, ipfe lege. Peut-être voulez-vous fçavoir d'avan"ce, fi ce qui eft de votre goût eft en état de vous être préfenté. Je ne fçais point répondre à cette question. Vous êtes, mon juge décidez vous-mê» me,» Cette, Préface a un grand mérite; elle remplit fon titre.

Le premier Article qui fe présente eft celui de Conftantin, dont on ne fait rien moins qu'un Saint, quoiqu'il foit dans la légende des Grecs. L'auteur nous donne enfuite diverfes réfléxions hiftoriques & critiques. Il y a dans cet Article beaucoup de recherches, fur-tout par rapport à l'Hiftoire Ecclefiaftique.

Il faudroit copier le tout pour en donner une idée jufte, parce que ce font des traits détachés. Je me contente d'en rapporter quelques-uns.

Les Iconoclaftes ou Brifeurs d'Images ne s'entendirent jamais avec leurs adverfaires, ainfi qu'on le voit tous les jours dans les querelles de Religion. L'abus des images, à la vérité, étoir parvenu à un excès condamnable. Plufieurs des Catholiques enveloppoient les images de linges, & les faifoient marraines de leurs enfans; ils faifoient bruler fur elles les premiers cheveux qu'ils coupoient à ces enfans. Les Prêtres grattoient les couleurs des images,' les mêloient au Saint Sacrifice, & en donnoient à la Communion; il n'y avoit qu'à réprimer ces abus, & tout le monde eut été d'accord.

Loi très-fage de l'Empereur Majorien en 458, qui défend que les filles prennent le voile avant quarante ans & permet jufqu'à cet âge de fe marier à celles que leurs parens auroient confacrées à Dieu malgré elles.

Tout le monde a cru que Dom Carlos, fils de Philippe II, avoit été étranglé ou étouffé dans un bain. Philippe V

au commencement de fon regne, eur la curiofité de voir les tombeaux des Rois d'Espagne qui font à l'Efcurial; il les trouva divifés par tiroirs avec une infcription deffus, Il fit ouvrir celui de Dom Carlos à qui l'on trouva la tête coupée qu'on avoit mife à fes pieds.

Saint Romuald, qui vivoit fur la fin du dixième fiècle, étant en Catalogne les peuples, par dévotion, vouloient le tuer pour avoir fes reliques, parce qu'ils craignoient qu'il ne quittât leur pays. Vers ce même temps, pour éprouver les Reliques, on les mettoit au feu; celles qui fe confervoient étoient regar dées comme bonnes,

Un an avant la mort de Cromwel, fa femme fut follicitée par les émiffaires de Charles II qui étoit à Bruges, d'engager fon mari à remettre ce Prince fur le Trône, en lui propofant les conditions les plus honorables pour lui & pour fa famille. Un jour qu'ils étoient au lit enfemble, elle tâcha de le porter à acceptercette offre; mais, fans faire artention aux raifons de fa femme, il lui répondit qu'elle étoit une folle, & ajoûta ces mots: Si Charles Stuart peut me pardonner ce que j'ai fait contre lui

contre fa famille, il ne mérite pas de porter la Couronne d'Angleterre.

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Opinions des différens peuples fur ce qui s'eft paffe avant la création de l'hom me. L'auteur fait voir ici la folie des hommes qui ont voulu fçavoir à quoi pouvoit s'occuper la Divinité avant la création de notre monde. Il trace en peu de mots les diverfes extravagances de l'efprit humain, lorfqu'il veut s'élancer au-delà de la fphère de fa nature, qui eft l'ignorance & la foibleffe. Comme cet Article n'eft qu'un extrait d'un nombre infini de volumes, je ne vous ferai pas, Monfieur, l'extrait de cet extrait; je vous invite à lire l'original, qui eft très piquant.

Hiftoire des Livres de l'Ecriture Sainte & des Livres apocryphes, auxquels on a joint un Abrégé de l'Hiftoire d'Abdias, intitulée: DU COMBAT DES APÔTRES. Cet Article eft confacré à l'examen de ce que contient chaque Livre de l'Ancien & du Nouveau Teftament; on y trouve l'idée que les critiques en ont eue, le temps auquel on croit qu'ils ont été compofés, & les noms de ceux qui ont été décidés en être les auteurs. Cer Abrégé peut être utile à ceux qui