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ou dans des tannières qu'il fe creufe lui-même fous terre; il eft d'un naturel féroce, &, quoique pris tout petit, if ne s'apprivoile jamais; il vit de proie comme le Loup; mais il eft plus fort & paroît plus hardi; quelquefois il attaque les hommes; il fe jette fur le bétail, fuit de près les troupeaux, & fouvent rompt dans la nuit les portes des étables & les clôtures des bergeries; fes yeux brillent dans l'obfcurité, & l'on prétend qu'il voit mieux la nuit que le jour. Son cri reffemble aux fanglors d'un homme qui vomiroit avec effort, ou plutôt au mugiffemement du veau. I fe défend du Lion & ne craint point la Panthère. Lorfque la proie lui manque, il creufe la terre avec fes pieds, & en tire par fambeaux les cadavres des animaux & des hommes, que, dans le pays qu'il habion enterre également dans les

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Il y a peu d'animaux, ajoûte M. de

*Il ne paroît pas jusqu'à préfent que l'Hyæne du Gévaudan (fi c'en eft une) ait attaqué le gros ou menu bétail.

Buffon, fur lefquels on ait fait autant de contes abfurdes que fur celui-ci. Les Anciens ont écrit gravement que l'Hyane étoit mâle & femelle alternativement; que, quand elle portoit, allaitoit & élevoit fes petits, elle demeuroit femelle pendant toute l'année ; mais que l'année fuivante elle reprenoit les fonctions du mâle, & faifoit fubir à fon compagnon le fort de la femelle. On a dit qu'elle fçavoit imi ter la voix humaine, retenir le nom des Bergers, les appeller, les charmer, les arrêter, les rendre immobiles, faire en même-temps courir les Bergères, leur faire oublier leurs troupeaux, les rendre folles d'amour, &c. Tout cela, dit agréablement M. de Buffon, peut arriver fans Hyane.

Je viens de lire, Monfieur, dans la Gazette de France, fur l'Hyæne du Gé vaudan, un petit détail que vous ferez peut être bien aife de trouver à la fuite de l'article précédent. " Le 12 » Janvier, elle attaqua cinq petits gar» çons du village de Villeret, Paroiffe de Chanaleilles; les trois plus âgés

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>> avoient environ onze ans, les deux » autres n'en avoient que huit, & ils » avoient avec eux deux petites filles à» peu près du même âge. Ces enfans: » gardoient du bétail au haut d'une » montagne ; ils s'étoient armés chacun» d'un bâton, au bout duquel ils avoient attaché une lame de fer pointue, de la longueur de quatre doigts. La bête s féroce vint les furprendre, & ils ne l'apperçurent que lorsqu'elle fut près » d'eux; ils fe rafflemblèrent au plus vite & fé mitent en défenfe. La bête les » tourna deux ou trois fois, & enfin s'élança fur un des plus petits garçons; les trois plus grands fondirent fur melle, la piquèrent à diverfes reprises fans pouvoit lui percer la peau. Cer » pendant, à force de la tourmenter, » ils parvinrent à lui faire lâcher prife; elle fe retira à deux pas après avoir arraché une partie de la joue droite » du petit garçon dont elle s'étoit faifie,. » & elle fe mit à manger devant eux ce » lambeau, de chair. Bientôt aptès elle » revint attaquer ces enfans avec une » nouvelle fureur; elle faifit par le bras » le plus petit de tous, & l'emporta

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» dans fa gueule; l'un d'eux épouvanté propofa aux autres de s'enfuir pen»dant qu'elle dévoreroit celui qu'elle » venoit de prendre; mais le plus. grand, nommé Portefaix, qui étoit toujours à la tête des autres, leur » cria qu'il falloit délivrer leur cama» rade ou périr avec lui. Ils fe mirent » donc à poursuivre la bête, & la pouffèrent dans un marais qui étoit à cin» quante pas, & où le terrein étoit fi » mou qu'elle y enfonçoit jufqu'au ven» tre; ce qui retarda fa courfe & donna

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à ces enfans le temps de la joindre.. » Comme ils s'étoient apperçus qu'ils » ne pouvoient lui percer la peau avec » leurs efpèces de piques, ils cherche » rent à la bleffer à la tête, & fur-tour » aux yeux; ils lui portèrent effective»ment plufieurs coups dans la guenle qu'elle avoit continuellement ouver te, mais ils ne purent jamais rencon » trer les yeux. Pendant ce combat elle tenoit toujours le petit garçon fous fa patte; mais elle n'ent pas le » temps de le mordre, parce qu'elle étoit trop occupée à efquiver les coups » qu'on lui portoit. Enfin, ces enfans la

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» harcelèrent avec tant de conftance & d'intrépidité qu'ils lui firent lâcher prife une feconde fois, & le petit » garçon qu'elle avoit emporté n'eut » d'autre mal qu'une bleffure au bras » par lequel elle l'avoit faifi & une lé

gère égratignure au vifage. Comme » la petite troupe ne ceffoit de crier de » toutes fes forces, un homme accou»rut & fe mit à crier de fon côté. La » bête entendant un nouvel ennemi fe dreffa fur fes pattes de derrière, & ayant » apperçu l'homme qui venoit à elle » elle prit la fuite & alla fe jetter dans » un ruiffeau à une demi-lieue de-là. » Trois hommes la virent s'y plonger

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en fortir & fe rouler enfuite quelque » temps fur l'herbe; après quoi elle 33 prit la route du Mazel où elle dévo»ra un jeune garçon de quinze ans. Le » 21, elle fe jetta fur une jeune fille du » même âge, qui heureufement fut fe» courue à temps, & dont les bleffu» res, quoique confidérables., ne font »pas mortelles. Le lendemain elle at

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taqua une femme à Jullianges fur la » frontière d'Auvergne, & Jui coupa » la tête. »

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