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l'argent ». Quelque temps après, un Laboureur demanda Jeanne en mariage; celle-ci confulta le diable qui lui confeilla d'accepter, & qui prit des mefures avec elle pour continuer fon commerce. Un jour elle voulut effayer fi les fecrets de fon amant avoient les vertus qu'il lui attribuoit elle fut découverte & arrêtée. Sa mère qu'elle accufa de tout, fut brûlée, & elle fouettée. Cette correction ne la ramena point à fon devoir; elle alla s'établir dans le Laonnois. Elle voulut

fe venger cruellement d'un homme qui avoit maltraité fa fille; fon amant lui donna un fort qu'elle plaça fur le chemin où devoit paffer cet homme. Un ami de cette femme en fut la victime; elle en eut du regret, implora la pitié de fon diable qui lui dit que cela étoit inutile; elle le chaffa de chez elle; fon imprudence fit connoître fon crime; elle fut arrêtée; les Juges ne virent que de la foibleffe d'efprit & beaucoup de libertinage dans fa conduite, & vouIurent la condamner feulement à la corde. Le peuple qui la craignoit, & qui croyoit qu'un Sorcier pouvoit échap

per à ce fupplice, demanda qu'on fa brûlât; ce qui fut exécuté. Le Médecin Huvier écrivit fur ces prétendus crimes, prouva qu'ils n'exiftoient pas, & fit fentir adroitement l'ignorance des Juges qui les puniffoient comme s'ils étoient réels. Bodin y répondit avec l'emportement d'un enthoufiafte; fon livre ne prouve que fa fuperftition. M. l'Abbé Carlier rapporte les commencemens de ces illufions aux regnes de Charles VIII & de Louis XII. Elles furent occafionnées par les repréfentations des Myfières, des Moralités, des Farces, & fur-tout des Dia»bleries, les feuls fpectacles qu'on avit alors fur le Théâtre François. Ce

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font principalement les Diableries, » ajoute-t-il, qui ont mis les fabats à » la mode. Dès l'an 1507, il parut un » volume in-folio de Diableries; il avoit » pour auteur Eloi d'Amernal, Maître » des Enfans-de Chœur de Béthune.Les » acteurs de ces fortes de pièces pa» roiffoient fur le Théâtre, vêtus de » peaux noires & d'habillemens af» freux. On diftinguoit deux fortes de » Diableries, les petites & les grandes ;

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» les petites diableries étoient repré» fentées feulement par deux diables, » les grandes par quatre; d'où eft venu » le proverbe de diable à quatre, parce » que les quatre diables réunis fai» foient un vacarme effrayant; ils pouf» foient des hurlemens, jettoient des » feux par la bouche, tenoient de grands bâtons noirs d'où partoient » de la fumée & des flammes ; ils » avoient des peaux noires pour ha billemens; des mafques horribles » leur couvroient la face, &, dans l'agitation de leurs corps, ils jettoient feux & flammes de toutes parts. On prenoit un plaifir fingulier à ces fpec»tacles». Les deux Grebans, Poëtes du temps, connus par leurs pièces de théâtre, les apportèrent de Paris dans le Valois. Au commencement du règne de Henri II, le mystère de la Paffion fut joué dans la croifée de la grande Eglife de Verberie; les Diableries fe repréfentoient chez les particuliers. Les fabats en furent d'abord des imitations. Le peuple qui ne pouvoit pas toujours af fifter à ces repréfentations, en voulut avoir le plaifir en les jouant eux-mêmes

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leurs maisons étant trop refferrées, ils alloient dans les campagnes, dans les bois. Ils appellèrent ces aflemblées Sabat.On commença d'abord par de petites Diableries à un feul diable; bientôt la licence regna dans ces troupes qui fe livrèrent aux infamies les plus hontenfes & les plus dégoûtantes; les chefs, pour cacher leurs débauches, choifirent le temps de la nuit pour cé. lébrer leurs indignes jeux; le défordre augmenta tellement dans la fuite, qu'on y travailloit à des poifons. La Pharmacie, encore au berceau, n'avoit pas rendu publiques les drogues qu'on employoit à ces recettes; on n'eut pas de peine à penfer que ces compofitions venoient du diable; ceux qui compofoient ces affemblées étoient des libertins indigens, la plûpart voleurs, dont on avoit féduit les efprits par la crainte ou par l'efpérance; le secret en étoit l'ame. » On ne commen

çoit point les féances qu'on ne fe » fût affuré de tous les affiftans; "on a » vu plufieurs affemblées diffipées ou rompues par des fignes de Croix, » parce que cet acte de Religion mar

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quoit dans ceux qui s'armoient de » ce figne, ou un repentir de leur acquiefcement aux féductions des Sa»battiers, ou une oppofition décidée » contre toutes les actions qui pou» voient bleffer la Religion ou les » mœurs; on levoit alors la féance avec précipitation, afin d'ôter aux perfon»nes fufpectes la connoiffance des » myftères d'iniquité qu'on fe propefoit de confommer. Les féances com» mençoient à la nuit, & finiffoient » au chant du cocq. On fe rendoit » l'été dans les bois, & l'hyver dans » les fermes écartées; les chambres » destinées aux fabats d'hyver étoient » éclairées par une feule lampe, dont » la lumière foible & tremblante ne diffipoit qu'une partie des ténébres; on plaçoit cette lampe dans un coin » de la cheminée.... Le diable préfi»dent paroiffoit au milieu de la che» minée, élevé fur un tréteau de deux » ou trois pieds; fa gauche étoit éclai * rée par la lampe; il avoit à fa droite dans un enfoncement parallèle à la lampe, l'homme ou la femme dépofitaire des poudres & des graiffes.

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