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peine qu'il obtint un délai de trois jours de la part de fes compagnons réfolus de le jetter dans la mer. Il aborda enfin dans l'Ifle de Guanahani, l'une des Lucayes qu'il nomma Sa-Salvador.

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L'aventure qui procura la connoif fance & les richefles du Pérou aux Efpagnols, eft fingulière. Un jeune Indien, chargé d'or, l'offrit à quelques uns de leurs chefs. On le pefa pour le partager. Ils eurent des difputes fur ce partage, & furent fur le point d'en venir aux mains. Le jeune Indien fcandalifé renverfa la balance; » Vous vous querellez, leur dit-il, pour bien peu » de chofe. Seroit-ce donc ce vil métal qui vous auroit fait abandonner vo»tre patrie, pour lequel vous auriez effuyé tant de fatigues, couru tang »de dangers, & feriez venus troubler » le repos de tant de Nations, qui, » loin de vouloir vous faire aucun mal, ne penfoient feulement pas que vous » exiftaffiez? Puifque vous en êtes fi » avides, ajoûta-t-il, je veux vous faire connoître un pays où vous aurez de quoi vous contenter; mais, pour y pénétrer, il vous faut des forces bien

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différentes de celles que vous avez; des Nations nombreufes, des Rois puiffans auxquels il ne manque aucune deschofes néceffaires pourfaire une vigoureufe défenfe, feront les ennemis. que vous aurez à combattre. » Fran çois Pizarre & Diegue Almagro pren nent des inftructions, fe mettent en marche, réfiftent aux fatigues & aux difettes, combattent à chaque inftant des peuples qui s'oppofent à leur entrée chez eux, & qui leur difent qu'il falloit qu'ils fuffent de grands parelleux pour ne pas s'occuper à la culture de leurs terres, & aimer mieux venir ravager celles d'autrui. Ces vérités dures leur font répé tées par-tour; ils furmontent les obitan cles, arrivent au Pérou, font reçus ma, gnifiquement par l'Inca Athualipas comme des enfans du Soleil. Ce Prince eft récompenfé par des opprobres; on le condamne à la mort; on le baptife, & on l'étrangle. L'avidité de l'or caufa perre de ce malheureux Prince. La haine de Pizarre y contribua auffi. Aṭhya. lipa, gardé dans fa prison, avoit yû des foldats lire & écrire; il crut d'abord que c'étoit en eux l'effet d'un don ua

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turel. Pour s'éclaircir, il pria l'un de fes Gardes de lui écrire le nom de fon Dieu fur l'ongle du pouce. Il le fit lire par tous ceux qui étoient préfens, & par tous ceux qui vinrent le vifiter.

Pizarre arrive; le même nom lui est » présenté. Pizarre, élevé dans la con»dition de Villageois & inftruit com

me la plupart des gens de la campa»gne, ne fçavoit pas lire. L'embarras » où cet accident le mit fut remarqué par le Prince qui en conclut auffitôt

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que fçavoir écrire & lire étoit un » fruit de l'éducation, & qu'un hom» me à qui cette éducation manquoir, » ne pouvoit être que d'une naiffance » obfcure & fort inférieure à celle de » fes foldats. Pizarre s'apperçut que » cette circonftance altéroit confidéra»blement l'idée que le Prince s'étoit faite de fa perfonne; dès-lors il de» vint intérieurement fon ennemi; il » ne chercha pas directement les occa» fions de le perdre, mais il faifit avec » ardeur celles qui fe préfentèrent. » Tel étoit un des Conquérans du Pérou. Il ne falloit pas attendre beaucoup d'humanité de Héros de cette efpèce. Ceux

qui valoient un peu mieux pour l'éducation ne fongeoient qu'à s'enrichir.

Les mœurs de plufieurs peuples offrent dans cet ouvrage des articles précis & pleins d'intérêt. Les peuples que l'on nomme Albicios ou Mores Blancs, dont on trouve une plus grande quantité dans le Loango, Province du Congo, femblent être une efpèce particulière d'hommes, différente des Blancs & des Nègres. Ils ont des cheveux blonds, les yeux bleux, le corps trèsblanc; mais cette blancheur est une couleur pâle & livide comme celle d'un corps mort. Ils ont la vûe extrêmement forte. Les Nègres les regardent com»me des monftres; c'eft pourquoi ils » ne leur permettent pas de multiplier. » On conclut de-là que ces Mores Blancs » viennent de père & de mère Nègres. »Plufieurs attribuent cet effet fingulier » à l'imagination d'une femme Nègre qui fe trouble & fe fent vivement frappée à la vue d'un homme blanc, comme on dit qu'il y a des Européennes fur qui l'image ou la préfence » réelle d'une Nègre a produit un ef» fet femblable. » M. Maclot fe con

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tente de citer les faits. On defireroit que l'on nous donnât quelques explications de ces fingularités. A fuppofer les effets de l'imagination fur les femmes enceintes, eft-il bien certain que les enfans nés de cette manière, en produiroient d'abfolument semblables à eux? » Woffius, ajoûte l'auteur, prétend que » dans de certaines provinces de la Gui» née éloignées de la côte, il y a des Peuples entiers de cette couleur ; d'où il conclut que les Mores Blancs » font de vrais lépreux, & que leur » blancheur eft l'effet d'une maladie qui deffèche exceffivement la peau. » On prétend que tous les Négres feroient fujets à cette contagion, s'ils »ne la prévenoient par des frictions fréquentes d'huile, de graiffe & de fuif, qui, humectant la peau, con» fervent la fanté, & augmentent l'éclat & la noirceur de leur teint».

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Le Chapitre où l'auteur traite de quelques Religions payennes des différens peuples, n'eft pas moins intéreffant. Il prouve ce que peut l'homme livré à lui-même; des fourbes abusent de fon ignorance, & lui prêchent quel

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