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ques-unes de leurs imaginations; elles saccréditent, & fe répandent, groffies de plufieurs autres. Voilà quelle eft àpeu près l'hiftoire de ces cultes obfcuis, monumens de la ftupidité dont la foible humanité eft capable, lorfqu'elle n'eft pas éclairée. Le dogme de la métemplycose est établi dans une infinité de pays; les trois fectes dominantes de la Chine l'ont adopté; les Lettrés s'y font foumis extérieurement. » La diffé»rence de ces fectes ne produit point »de guerres inteftines chez les Chinois. Ils difent en proverbe qu'il y a trois » doctrines, niais qu'il n'y a qu'une » feule raifon qui doit unir les hom»mes». Le célébre Confucius dont on vante la morale avec tant de juftice, & qu'on peut regarder comme un des plus grands Philofophes, eft le père de la fecte des Lettrés. Il établit une verra

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qui renferme toutes les autres, c'eft » la modération; cette vertu fait l'hon»nête homme; & l'honnêre homme » eft celui qui ne defire aurre chofe que » ce qu'il a ou peut avoir; s'il jouit de la fortune & des honneurs, il ne » s'en fait point de mérite; il ne s'en

» fait pas non plus du mépris affecté » de ces chofes; l'indigence ne le » touche point, parce qu'il trouve tou

jours affez, en faisant tout ce que » les loix naturelles & divines ne lui » défendent pas de faire; dans l'état

humble il eft ferme, & ne fent point ›› de mortification, parce qu'il a plus d'élévation que d'orgueil ». Cette morale eft celle des Lettrés; le peuple eft abandonné à la fuperftition & a l'idolatrie. Le reste de l'Afie & l'Afrique entière fuivent la loi de Mahomet, ou des cultes peut-être plus méprifables

encore.

M. Maclot, avec une infinité de détails fur ce fujet, nous en rapporte quelques uns qu'il a lus dans Coreat. Les peuples foumis aux Efpagnols font plongés dans l'ignorance la plus profon de dont les Prêtres leur font une loi, & dont ils donnent le premier exenrple. Les peuples regardent comme hérétiques tous les livres François & Anglois. On trouve parmi eux, felon Coreal, beaucoup de gens qui ne fe réprefentent un Luthérien qu'avec un vifage noir, des ongles crochus, des

cornes fur la tête, &c.» Les Curés, loin de les défabufer, difent oui à toutes ces chofes. Un Habitant de Portobello trouva par hazard un exemplaire » latin des Métamorphofes d'Ovide, où » tous les fujets étoient repréfentés en »eftampes; quelque foit le livre, » n'importe; un grand fcrupule s'em» pare de lai; il va trouver un Moine » Francifcain à qui il le remet. Celui» ci qui n'entendoit rien au texte, ne » laiffe pas de tirer avantage des ef» tampes; il affemble quantité de gens » faciles à perfuader, & leur dit que » ce livre eft une Bible Angloife : Voyez - vous, ajoûtoit-il pour les » convaincre, de quelle manière ces infames hérétiques adorent le Diable? » Voyez-vous auffi de quelle manière » le Diable les change tous en bétes? » Ce ne fur pas tout; il fallut allumer » un grand feu, y jetter cette préten» due Bible, & rendre graces à Dieu » d'une fi heureuse découverte ».

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En général, cet ouvrage eft amufant; il feroit à fouhaiter que tous les Traités de cette efpèce qu'on met entre les mains des jeunes gens, fuffent remplis

de ces traits curieux qui foulagent l'at tention. Un trait faillant fur un endroit le fixe plus aifément dans la mémoire que le nom fimple de ce lieu & fa poition. Vous trouverez de la chaleur dans le ftyle de M. Maclot. M. Defnos a gravé une Mappe-Monde pour l'ufage de ce Livre. On la trouve avec le Livre même chez Robin Libraire rue des Cordeliers.

Lettre de M. le Paute, Horloger du Roi, à M. Fréron, 6 Janvier 1765.

MONSIEUR,

Lorfqu'on a établi des Communautés & des Maîtrifes pour l'art de l'Hor logerie, c'étoit pour préferver le Public des furprifes & de l'impéritie des ouvriers fubalternes. Tout le monde fçait qu'il eft difficile de bien juger d'un ouvrage d'Horlogerie; que les habiles Horlogers eux-mêmes ont fouvent befoin de toute leur attention pour ne pas s'y tromper; cependant la négligence des loix établies forme une poffeffion abufive des marchands, qui, fans

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s'y connoître, font ouvertement le commerce le plus étendu de montres & de pendules. Il m'en vient tous les jours, qui ont été achetées chez des Bijoutiers & des Merciers, & qui font fi défectueufes qu'elles font honte à l'Horlogerie Françoife.

Ces ouvrages portent fouvent le nom d'un Horloger célébre qui les défavoueroit, s'il en avoit connoiffance. Feu M. Julien le Roy, qui jouiffoit dans toute l'Europe d'une réputation fi méritée fe plaignoit fouvent du tort que cet abus lui faifoit dans les pays éloignés. Lorfqu'il fe faifoit à Genève des montres à la hâte & à la groffe, pour les Colonies, par des ouvriers inconnus, on ne manquoit pas d'y mettre le nom de Julien le Roy, & j'ai oui dire qu'en Amérique on ne vouloit plus des montres qui portcient fon nom. Quelquefois ces pièces font anonymes; c'eft une impofture de moins; mais le Public n'en eft pas mieux fervi; les mouvemens font les rebuts de Manufactures, que le fabriquane n'a pas jugé à propos de livrer à des Horlogers, ou qu'il n'a pas ofé vendre lui-même; on les fait

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