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filles qui furent élevées chez Mylord fous les yeux de leur mère. Le Marchand avoit fait quelques voyages à Londres qui pouvoient faire croire qu'il étoit le père de ces enfans. Une maladie cruelle emporta Mylady d'Herford au tombeau. Quinze jours après, le Marchand lui-même perdit la vie d'un coup de fang. Il courut des bruits défavantageux fur cette Hervins à l'occafion de ces deux morts.

Le Comte d'Offemond, dont la mére de Henriette, dans les derniers inftans de fa vie, avoit confié le fort à une amie respectable, a demeuré quatre ans en Efpagne; il eft depuis quelques mois de retour en Angleterre. Ce que Henriette fçait de fes malheurs & de la tendreffe que fa mère avoit eue pour ce jeune homme, lui fait defirer de le connoître.

Portrait de deux Ladis, avec lefquelles fe trouve à la campagne Mill Henriette; l'aînée lui a iufpiré le plus tendre penchant. & la cadette l'antipathie la plus marquée. Mylady d'Helfeld eft le nom de la première; c'eft une femme belle encore à l'âge de quarante ans, vertueufe & raisonnable fans pédantisme. Lady Walmer fa fœur n'a que beau

coup de coquetterie & tous les vices qui tiennent à ce caractère. Peinture d'an jeune homme pour lequel cette femme a des attentions marquées. Ce jeune homme eft Mylord d'Offémond. Emo→ tion de Henriette à cette vûe. Mylady d'Helfeld eft cette amie à qui fa mère en mourant avoit recommandé le jeune Lord. Henriette rend compte de tous les foins que fa généreufe mère a pris de d'Offémond. Elle étoit près d'obtenir une révifion du procès du père de ce jeune infortuné, lorfqu'elle avoit cédé aux atteintes d'une maladie que tout l'art des Médecins n'avoit pu guérir.

Arrivée de Henriette avec fon oncle à Londres. Elle n'a point trouvé son père, qui étoit parti pour une de fes terres, dont il doit revenir dans peu de jours. Sophie n'a pas encore répon du à fon amie. Une maladie qui l'a conduite aux portes de la mort l'en a empêchée. Cette maladie étoit la petite vérole. On n'avoit rendu à Sophie les Lettres de Henriette que lorfqu'on l'avoit jugée hors de danger. Sophie reproche à fon amie fes foupçons portés trop loin fur le compte de cette Madame Hervins. Elle prend le parti de Sir Thomlay, qu'un Anglois, qui fe

trouve pour-lors à Paris, lui a peint fous des couleurs avantageufes. Elle fait auffi entendre à Henriette qu'elle croit entrevoir dans fon cœur un fentiment favorable au jeune d'Offémond. Le Chevalier Hyde ( c'eft le nom de cet Anglois ami de Sophie) lui a donné des détails fur Madame Hervins. Elle eft jalouse à l'excès de toutes les jolies perfonnes, & fa jaloufie s'étend jufques fur fes filles. Il en eft une cependant qu'elle femble aimer, & c'est la moins aimable. Le Chevalier repréfente l'autre fous des traits bien différens ; elle réunit tous les charmes.

Henriette rend compte à Sophie de fon entrevûe avec fon père. Ce morceau est touchant & d'une fimplicité qui le rend plus pathétique. Sir Thom lay étoit avec Mylord. Le père lui préfente fa fille. Henriette fait cette defcription du premier: » Sir Thomlay » eft de moyenne taille, & fort irrégulièrement fait; mais il a été en France long-temps; il y a eu de bons » Maîtres à danfer, & il ne fait pas » mal la révérence. J'avouerai même de plus qu'il n'eft pas dénué de graces, excepté cependant fa façon de fe préfen

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ter, que j'ai vu trouver par quelques perfonnes modefte & timide, que beaucoup d'autres trouvent embar» raffée, & ce dernier avis eft le mien. Au reste, je conviens encore qu'à l'examen il est très-bien; que fes traits » pour la plûpart, à les détailler, font réguliers; il a le front beau, les yeux grands, la bouche petite, les dents » belles, les cheveux & les fourcils » fort blonds, le teint d'un Anglois; 5 mais il a la phyfionomie fombre, le » regard faux,le rire niais: voilà comme »je vois fa figure. Pour fon efprit, ce » n'eft la peine d'en parler; pour fon » caractère il y a trop de chofe à en dire; &, fans entrer dans un détail » très-peu intéreffant pour vous, fort » excédant pour moi, je me tais fur fon

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» compte. »

Henriette a cru s'appercevoir que fon père gémiffoit dans le fond de fon ame de l'efclavage que lui faifoit fentir cette Madame Hervins; elle est très - réservée avec cette femme, & avec Sir Thomlay. Elle eft enchantée de Mill Charlotte, cette fille de Madame Hervins, dont le Chevalier Hyde a fait à Sophie un portrait avantageux. Sophie fait un voyage en Bourgo

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gne avec fon père & le Chevalier Hyde, elle attend chaque jour fon frère; il arrive d'Italie avec le fils d'un intime ami de fon père, qui a fait le voyage avec lui. Ma mère a imaginé une petite fupercherie qui fûrement nous » amufera: nous ne nous fommes point " vûs, mon frère & moi, depuis notre première enfance. Le Vicomte de Valmire (c'eft le nom de l'autre jeune » homme) a pareillement une four de » mon âge, qu'il ne connoît pas non plus, & que leur père doit nous » amener aujourd'hui. Le projet de ma » mére eft de faire paffer pour moi » Mademoiselle de Valmire, & de me préfenter à fon frère pour elle. On prétend, foit dit fans vanité, que » ce que l'échange pourroit me faire » gagner du côté de la figure, feroit

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payé un peu cher, par ce qu'il me » feroit perdre d'ailleurs; que Made"moifelle de Valmire est très belle, » mais qu'elle n'eft tout juste que cela; qu'en revanche, s'il eft poffible d'a» voir plus d'efprit, il ne l'eft pas d'ê» tre plus tendre. D'après ce que j'ex» tends dire de mon frère, qui eft auffi, » à ce qu'on affure, homme à très-gran

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