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» des paffions, il y auroit bien, je penfe, quelque chofe de mieux à » faire pour l'un & pour l'autre, que » d'en faire un frère & une fœur ». L'échange projetté fe fait très-naturelle. ment; chaque frère paroît fatisfait de fa fœur; le Vicomte eft un homme des plus aimables; Sophie en fait l'éloge avec une complaifance qui feroit croire que ce jeune homme ne lui eft pas indifférent; mais elle fe hâte de dire à Henriette qu'elle ne l'aime point, & qu'elle ne l'aimera jamais.

L'oncle de Henriette vient de s'embarquer pour la Jamaïque, où l'appelloient des affaires importantes; fa nièce eft affligée de ce départ qui la laiffe fans fecours & fans appui. Arrivée de Mylady d'Helfeld à Londres; Henriette vole chez elle, dans l'efpérance de voir à fa fuite le Comte d'Offémond; il ne l'a point accompagnée. Lady Walmer fœur de Mylady d'Helfeld, avec qui le Comte d'Offémond étoit demeuré à la campagne, l'amène à Londres. Henriette ne fe diffimule pas la joye qu'elle a de le revoir. Le jeune homme fait l'aveu de fes fentimens; Henriette lui cache avec effort ce qui fe

palle dans fon cœur. Charlotte fent auffi du plaifir dans la compagnie d'un jeune homme nommé Carpenter. Le père de Henriette part pour une Terre avec Ma dame Hervins, & laiffe fa fille & Charlotte à Londres, fous la conduite d'une gouvernante & d'un vieux intendant attaché à fon maître. Tous les caractè res de l'amour font très-bien dépeints dans les Lettres de Henriette; elle a trop vû que cette Lady Walmer eft éperdûment amoureufe de d'Offémond. Celui-ci furprend une des Lettres de Henriette, écrites à Sophie, y faifit le fecret de la jeune Miff, & fçait enfin qu'il eft aimé. Elle foupe avec lui chez Mylord d'Herford; ce qui eft pour elle un fujet fingulier d'étonnement. Elle découvre que les vifites de Mylord d'Offémond chez fon père, font le fruit des foins de Madame Hervins, qui ayant vu fouvent le Comte & Mylady d'Helfeld chez les Carpenter, a pris pour eux la plus forte amitié; elle a jetté les yeux fur Mylord d'Offémond, pour lui faire époufer fa fille cadette, appellée Béti; en conféquence de ce mariage, elle preffe Mylord d'Herford de marier fa fille à Sir Thomlay. Mylady

d'Helfeld eft indignée que Madame Hervins propofe fa fille pour le Comte. Henriette fe jette aux genoux de fon père, & le conjure, les larmes aux yeux, de ne pas lui donner Sir Thomlay pour époux. Bétt eft inconfolable de voir d'Offémond réfilter à fes charmes & aux tentatives de fa mère; une maladie cruelle la met au tombeau. Henriette apprend que fon oncle eft mort à la Jamaïque; il a nommé fa nièce unique héritière d'une fucceffion très-considérable, aux conditions qu'un nommé James, Négociant à Londres, homme qui de tout temps avoit eu fa confiance, feroit confulté fur l'établiffement de Henriette, & que fon avis à cet égard feroit fuivi, faute de quoi fon oncle déclare Frédéric Will, autre Négociant à la Jamaïque, fon intime ami, héritier à la place de fa nièce.

Henriette inftruit fon amie d'une petite anecdote qui fait épifode. Miff Charlotte, cette fille aînée de Madame Hervins, cède aux follicitations du jeune Carpenter fon amant, a une foibleffe, en reffent des marques. Les deux jeunes gens font exposés à toute la fureur de leurs parens; ils font au défefpoir. My

lord d'Herford arrange cette affaire en donnant une dot honnête à Mill Charlotte qui époufe ce qu'elle aime.

Madame Hervins faifit une Lettre que Henriette écrivoit à Sophie, & où elle détailloit fa paffion pour Mylord d'Offémond. Henriette le trouve mal, tombe, & dans fa chute fe caffe la jambe; elle garde le lit près de trois femaines, ne voit point fon père qui lui fait donner un ordre de demeurer dans fon appartement; cependant elle en fort; on lui dit qu'elle doit la fin de fa prifon à Madame Hervins. Henriette n'ef'fuye du Lord qu'une réprimande fèche & froide. Quant à Madame Hervins, fa conduite avec moi ne fe ressemble plus; elle y met autant d'égards & d'attentious qu'elle y en mettoit peu » auparavant. Vous croyez bien que je ne m'en tiens avec elle que plus für »mes gardes. Sa haine, voilée & contrainte, ne m'en parcît que plus à re» douter; elle connoît ma façon de penfer pour elle; elle la mérite; elle ne me la pardonnera jamais. »

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& Henriette reçoit une vifite imprévûe de fon amie Charlotte & de Mylord d'Offémond; Mylady d'Helfeld follici

toit pour ce dernier un pofte conûdéras ble dans les Colonies Angloifes. On apprend que le Teftament de cet oncle de Henriette, mort à la Jamaïque, défignoit pour le véritable héritier Mylord d'Offémond, & non la jeune Milf. Ce bien monte à près de cinquante mille livres fterlings. Combat de générofité. Le jeune Lord refufe la fucceffion, ajoûtant qu'il ne l'accepteroit que pour la remettre à l'héritière natu relle. Henriette de fon côté déclare que rien ne pourra la déterminer à s'oppofer aux intentions de fon oncle. Situa tion touchante. Adieux de d'Offémond à Henriette. I eft près de partir pour l'Amérique. Il a reçu de la Cour un emploi qui le retiendra pour trois ans dans le Nouveau-Monde.

Mylord d'Herford veut actuellement faire époufer à fa fille le Chevalier Holfold; c'eft un homme bien différent de Sir Thomlay. Le Chevalier eft eftimable, modefte, plein d'efprit & de raifon. Henriette avone que» fi elle n'ai» moit pas Mylord d'Offémond, elle » auroit pu aimer Holfold. » Elle lui a dit qu'un engagement lui coûteroit à prendre. Il a parlé fans héfiter à Mylord

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