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cette femme meurt. Mylord d'Herford apprend que ce fils étoit un enfant fuppofé. Enfin, on eft inftruit que Sir Thomlay, par le confeil de Madame Hervins, étoit le raviffeur de Henriette, que c'étoit encore cette méchante femme qui avoit engagé Lady Walmer à fuivre Mylord d'Offémond. Ce monftre eft puni. Mylord d'Herford l'envoie dans les Colonies Angloifes.

Henriette raconte elle-même fon aventure dans une Lettre circonftanciée. Lettre de Mylord d'Offémond de retour de la Jamaïque. Il fe juftifie fur cette Lady Walmer qui n'eft plus. Sir Thomlay eft tué d'un coup de piftolet, D'Offemond revoir Mylord d'Herford; il en eft accueilli. Les deux amans enchantés fe marient, & voyagent en France pour voir Sophie; le Chevalier Holfold demeure leur plus fidèle ami.

Je reviens, Monfieur, à cette aimable & vertueufe Sophie, dont l'histoire fe trouve mêlée avec celle de Henriette, & que j'ai cru devoir féparer. Vous vous rappellez l'échange des deux fœurs. Ce jeu finit par deux mariages. Le frère de Sophie époufe Mlle de Valmire, &

le Vicomte de Valmire reçoit la main de Sophie. Les deux premiers fe retirent dans une terre en Gafcogne pour fe livrer entièrement au plaifir de s'aimer. Quelque temps après, ils en reviennent, s'aimant beaucoup moins que lorfqu'ils étoient partis. Le Vicomte de Valmire, en s'engageant àvec Sophie, avoit donné fon congé à une Danfeufe de l'Opéra qu'il entretenoit. Quinze jours après fon mariage, il reprend fa maîtreffe, fes plaifirs & tous fes vices. Sophie voit à l'Opéra fa rivale chargée de diamans, felon l'ufage; elle en a le cœur déchiré; mais elle prend le parti de diffimuler. Il quitte la petite Danfeufe pour une Madame de Berval, femme d'un Maître des Requêtes, & préfente à la fienne un Marquis à bonnes fortunes, nommé de Morfanne. Madame de Valmire croit réveiller la tendrefle de fon mari, en excitant fa jaloufie. Il devient furieux, fe bat avec Morfanne, lui porte un coup dangereux, eft bleffé lui-même. Il envoie chercher les parens de fa femme qui l'emmènent dans une terre. Son innocence ne peut guères fe juftifier qu'à fes yeux; toutes les apparences la

condamnent. Cette aventure est très-intéreffante.

Le Vicomte continue de vivre fcandaleufement avec Madame de Berval; il la fait même venir demeurer dans fa maison, après en avoir renvoyé la malheureufe Sophie, qui étoit groffe & qui bientôt accouche d'un fils. Le Marquis de Morfanne meurt de fa bleffure. Valmire eft mis à la Bastille pour le fouftraire aux pourfuites de la Juftice. Sophie vient folliciter elle-même fa liberté; au bout de trois semaines, il fort de prison. Il est abymé de dettes; Madame de Berval l'a ruiné. Par bonheur pour lui, le mari de cette femme, excédé de fa mauvaise condui-. te, la fait enlever & conduire pour route fa vie dans une maison de force, Madame de Valmire vend tous les diamans pour acquitter les dettes de fon mari; fes facultés ne répondent pas à fa générofité. Valmire eft mis au Fortl'Evêque, où il eft écroué pour des fommes confidérables. Sophie, qui n'ofe encore fe montrer à fes yeux, s'enferme dans la même prifon pour déterminer fon père & fa mère à payer les dettes du Vicomte. Elle est à côté de fa cham

bre,

bre; fans qu'il foupçonne qu'elle partage fa captivité.

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Que ne m'en coûte-t-il point pour ne m'en pas faire reconnoître , pour ne pas » voler à lui! Et combien, malgré » cela, il faudra prendre fur moi pour »ofer le voir, lui parler! Je le fouhaite & le crains également. C'est cependant mon projet, & j'y fuis » réfolue; mais je voudrois que le ha»zard en amenất l'occafion; qu'il fçût » auparavant que je fuis ici; qu'il » m'eût apperçue. Dans ce deffein, je » laiffe ma porte ouverte. » Ils fe voient dans ce féjour affreux; ce tableau eft rempli de fentiment. On fait venir leur enfant; la présence du père de Sophie qui fe montre à leurs regards, ajoûte à ces images touchantes; il a fatisfait les créanciers de fon gendre. Ils fortent tous de cette prifon, en verfant des larmes de tendreffe. Le Vicomte & fa femme s'aiment plus que jamais.

Ces Lettres font l'ouvrage de Me la Marquife de Champfery, que beaucoup d'efprit,de talent, de fcience du monde & du cœur diftinguent parmi fes femblables.Les deux jeunes perfonnes qu'elle a AN. 1765. Tome I. E.

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peintes dans ces Mémoires, refpirent la candeur, la vérité, le fentiment la délicateffe, la vertu. A quelques imprudences près, ce font deux modèles à propofer aux jeunes perfonnes de leur fèxe. Ces imprudences mêmes peuvent leur fervir de leçon pour n'en pas commettre de pareilles. L'auteur ne les déguife ni ne les excufe. Elle en fait voir le péril & les fuites funeftes; enforte que ce tiffu de fictions eft instructif autant qu'agréable, & que des Demoifelles que l'on fe propofe de bien élever, peuvent le lire, non- feulement fans danger, mais avec fruit. L'expofition eft un peu chargée dans la première Partie; les trois autres, fur-tout la dernière, font du plus grand intérêt. On pourra trouver encore que cette forme de Lettres coupe trop fouvent la narration, & que le Lecteur qui s'y laiffe entraîner eft fâché qu'un autre objet vienne le diftraire de celui qui l'oc cupe. C'eft un défaut de ce genre d'écrire que nous avons emprunté des Anglois. Au refte, le ftyle de Mde de Champfery eft élégant à la fois & naturel; enfin, Monfieur, de tous les Romans qu'on a faits dans le goût de l'im

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