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CHAPITRE VII.

Des Insectes.

Je commencerai par observer que les insectes étant des animaux très-petits, dont les espèces sont innombrables, et dont les procédés se dérobent ordinairement à la vue, il n'est pas possible d'en donner une description exacte et complète. Cela serait encore plus difficile pour moi, qui n'ai rien lu de ce que les autres ont écrit sur cette matière, et qui étais occupé dans mes voyages de commissions importantes de la cour et des vicerois. Je ne ferai donc que ce que je pourrai, c'est-à-dire que je donnerai des observations sur quelques espèces; je me contenterai d'en nommer d'autres, et j'en oublierai en quelque façon le plus grand nombre.

Les naturels du pays distinguent les abeilles des guêpes, et en font deux familles différentes. Ils disent que les dernières piquent et ne font point de cire, et que les autres font

de la cire et ne piquent point'. Quant à moi, j'ai vu une espèce qui pique, et qui cependant fabrique de la cire: c'est ce qui arrive aussi à l'abeille d'Espagne; et, en adoptant les principes des habitans du Paraguay, ces deux espèces seraient intermédiaires entre les deux familles. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas assez de connaissances pour établir une bonne division entre elles, et je me bornerai à dire ce que je sais. Je regarderai donc comme abeilles celles qui, ne sachant ou ne pouvant pas construire les parois extérieures de leurs demeures, profitent de celles qu'elles trouvent toutes préparées dans le creux des arbres, où elles fabriquent leurs rayons ; et j'appellerai guêpes, celles qui construisent elles-mêmes leurs habitations à l'extérieur et

Les abeilles aussi bien que les guêpes ont un aiguillon; ces dernières ne font point de cire : la configuration des organes de la bouche, des antennes des ailes et des pattes diffère dans ces deux familles d'insectes, et c'est de ces parties que les entomologistes ont tiré les meilleurs caractères pour les distinguer. On les trouvera exposés en détail dans l'Histoire naturelle des insectes, par Latreille, qui fait suite au Buffon de Sonnini, dans le systema Piezatorum de Fabricius, et dans la Faune Parisienne que j'ai publiée. (C. A. W.)

à l'intérieur, et à la vue de tout le monde *♪

On dit que l'abeille, et je crois même la guêpe d'Europe, n'ont qu'une seule femelle par ruche, avec une multitude de måles pour la féconder; que cette femelle unique est la reine, la maîtresse, la directrice et la mère de toutes les autres; que le reste des individus et que les ruches se

est neutre ou sans sexe,

multiplient par les essaims qui en sortent 2. A dire vrai, je ne saurais parler de toutes ces choses, ni assurer si elles ont lieu ou non à l'égard de mes abeilles; mais je ne doute nullement que le contraire n'arrive à mes guêpes, dont les individus sont tous mâles ou

Cette distinction manque de précision, car il y a des guêpes, telle que la guêpe communė, ou vespa vulgaris, qui, comme les abeilles, ne construisent pas l'enveloppe extérieure de leur demeure, mais se creusent en terre une habitation; et il y a au contraire des abeilles qui construisent l'enveloppe extérieure de leur demeure telle est l'abeille amalthée décrite en premier Olivier. (C. A. W.)

par

:

2 Il y a parmi les abeilles une femelle, plusieurs mâles, et un très-grand nombre de neutres. J'ai donné, à la page 152 de la Faune Parisienne, l'abrégé de l'histoire naturelle de l'abeille d'Europe, d'après les observations les plus récentes. J'y renvoie le lecteur.

(C. A. W.)

femelles comme à l'ordinaire, et comme dans les autres insectes et les autres animaux. Je parle des guêpes qui travaillent et qui vivent en communauté, parce qu'il y en a beaucoup d'autres espèces dont les individus sont solitaires, et se fécondent peut-être eux-mêmes, comme nous le verrons 1.

On connaît au Paraguay jusqu'à sept espèces d'abeilles : la plus grande l'est du double de celle d'Espagne, et la taille de la plus pe

Il y y a parmi les guêpes proprement dites, et surtout celles qui vivent en société, trois sexes, des mâles, des femelles et des neutres, comme dans les abeilles. Il n'existe aucun insecte ni aucun animal connu qui puisse se reproduire lui-même, et sans l'accouplement ou du moins la participation du mâle et d'une femelle. Les femelles des poissons produisent des œufs sans accouplement; mais pour être fécondés, il faut que le mâle verse dessus sa liqueur séminale. Tous les insectes se reproduisent par accouplement. Bonnet a cependant ebservé qu'une femelle de puceron, après être accouplée avec le mâle, produisait des petits qui avaient la faculté d'engendrer sans accouplement, et ainsi de suite jusqu'à la neuvième génération. Une femelle d'araignée, après s'être accouplée avec le mâle, fait plusieurs pontes productives à plusieurs mois d'intervalle, sans avoir besoin de s'accoupler de nouveau. Je me suis assuré de ce fait curieux par des expériences trèsexactes. (C. A. W.)

tite n'égale pas le quart de celle de la mouche commune. Aucune d'elles ne pique', et toutes font de la cire et du miel. D'après ce que j'ai vu, ce miel a la consistance d'un sirop épais de sucre blanc. Il m'arrivait assez souvent d'en faire fondre un peu dans de l'eau, le soir, pour me servir de boisson, parce que, outre son bon goût, ce miel a la propriété de rafraîchir l'eau, du moins en apparence. Mais celui que produit la grande espèce n'est pas aussi bon, parce qu'il prend assez souvent le goût des pétales de fleurs que l'abeille enlève en le recueillant, et que même elle y mêle quelquefois. Le miel d'une autre espèce, appelée cabatatú, donne un violent mal de tête, et cause une ivresse au moins aussi forte que celle que produit l'eau-devie. Celui d'une autre occasione des con

• Probablement qu'aucune n'est féroce et ne cherche à piquer, ou pique faiblement; car toutes les abeilles, sans exception, sont pourvues d'aiguillon. Mais il faut bien que les abeilles du nouveau continent aient ce caractère particulier d'avoir un aiguillon peu offensif, ou dont elles font peu d'usage; car Pison parle aussi d'une abeille assez grande nommée eiricu, qui fait de bon miel, et ne pique pas. Barrère (dans sa France équinoxiale) dit aussi la même chose de son apis sylvestris. (C. A. W.)

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