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histoire naturelle des quadrupèdes de ces contrées; et l'on trouve aussi assez avant dans l'intérieur quelques phoques ou loups marins.

Il paraît inutile d'observer qu'on ne trouve pas de grands poissons dans les endroits peu profonds, et que tous ne se rencontrent pas également par-tout. Par exemple, les vieilles, les tarariras et d'autres espèces encore n'existent, à ce que je sache, dans aucune des grandes rivières ; et comme on les rencontre dans tous les lacs, et dans toutes les moyennes et petites rivières, il est très-croyable qu'ils ont été créés séparément dans chaque endroit. Plusieurs personnes dignes de foi, et qui ont souvent pêché au-dessus et au-dessous des cascades ou cataractes des rivières, m'assurent également qu'on ne trouve dans la partie supérieure aucune des espèces qui existent dans l'inférieure, ce qui pourrait incliner à conclure que ces poissons sont d'une création différente, et que l'antiquité de ces cataractes remonte à la création du monde, ou à celle des poissons; car, dans le cas contraire, ces animaux auraient remonté ou descendu les cascades des rivières. Aucun de ces poissons ne se trouve dans la mer; par conséquent ils ont été créés dans les rivières

mêmes. Si l'on trouve ces mêmes espèces de poissons dans des rivières qui n'ont aucune communication avec celles que j'ai décrites, telles que celle des Amazones, on en conclura que leur origine est différente. Tel est le cas du yacaré ou crocodile, que je décrirai, chapitre VIII; car il paraît qu'on le trouve en différens endroits d'Amérique. J'en dis autant de l'anguille qu'on rencontre dans presque tous les lacs, quoiqu'ils n'aient aucune communication entr'eux, et qu'ils soient éloignés de plusieurs lieues. Il paraît que ce poisson est le produit d'une génération spontanée, puisqu'on en trouve dans des mares creusées de main d'homme, et même dans les puits des maisons; et on ne leur trouve jamais ni œufs ni petits dans le ventre ‘.

C'est une erreur bien ancienne que les observations modernes ont fait disparaître. L'anguille vient d'un véritable œuf, comme tous les poissons. L'œuf éclôt le plus souvent dans le ventre de la mère comme celui des rayes, des squales de plusieurs blennies, et de plu sieurs silures. Il paraît que, contre l'ordinaire des animaux de cette classe, il y a parmi les anguilles et tous les poissons du même genre un véritable accouplement (C. A. W.)

CHAPITRE V.

Des Végétaux sauvages.

COMME je ne suis pas botaniste, il ne faut pas me demander les caractères des végétaux, mais seulement quelques notices superficielles, telles qu'un simple voyageur peut les donner. Je dis donc que des pays comme ceux que je décris, en plaine, incultes, et où la qualité du sol est presque par-tout la même, ne peuvent pas offrir beaucoup de variétés dans leurs productions végétales: car la seule cause visible qui pourrait faire varier la végétation, serait la température qui dépend du plus ou moins de latitude, et le plus ou moins d'humidité ou de facilité pour l'écoulement des eaux. En effet, j'ai toujours observé dans les plaines une grande égalité dans la végétation. J'ai toujours vu dans les pâturages les mêmes plantes hautes de deux ou trois pieds, et peu variées dans leurs espèces; mais si touffues, que l'on n'aperçoit jamais la terre que dans les chemins,

ou dans les ruisseaux, on dans quelque ra vine creusée par les eaux. Vers la frontière du Brésil, par les 30° 30' de latitude, où le pays est entrecoupé de hauteurs, on trouve beaucoup de plantes qu'on ne rencontre pas ailleurs, et dont l'aspect est étrange, parce que leurs feuilles, leurs fleurs et leurs troncs semblent être couverts de givre. Sur ces

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mêmes hauteurs, je vis, au mois de juin, une petite plante à quatre feuilles larges collées sur terre, et poussant une tige lon gue comme celle de la renoncule, terminée par une fleur à-peu-près de la grosseur d'un œil, rude au toucher, d'un rouge orangé, et très belle. Elle ne perd jamais sa couleur, ni sa forme.

. Mais dans les lieux bas et sujets aux inondations, les plantes dominantes sont plus éle vées, et on les appelle paxonales, tels sont les pailles coupantes, les glayeux, les pites ( agave), et d'autres dont je ne saurais dire les noms. Dans les lieux trèshumides, il y a une infinité de pites ou caraguatás, et entr'elles il y a d'autres plantes dont la racine est une bulbe ou oignon gros comme le poing, qui pousse une tige terminée par plusieurs fleurs cramoisies en

forme de lys, et qui figurerait avec avantage dans les jardins. Dans quelques lagunes ou terrains inondés au nord du Paraguay, il y a aussi une espèce de riz sauvage, dont les indiens non civilisés font usage pour leur nourriture. Comme, depuis la rivière de la Plata jusqu'au sud, tout le terrain est extrêmement salé, on trouve dans les parties basses, plusieurs plantes qui ont le goût de sel; et passé 40 degrés de latitude, toutes les plantes paraissent être dans ce cas, et indiquer qu'on ne pourrait pas y cultiver du blé, etc.

Quand les plantes sont devenues fortes et dures, on y met le feu, pour qu'elles repoussent et qu'elles fournissent un pâturage plus tendre aux bestiaux. Mais cette opéra tion diminue peut-être le nombre des espèces, parce que les graines se brûlent, et qu'il est naturel que le feu fasse périr les plantes délicates. Il faut des précautions pour mettre le feu à ces plantes, parce que le vent propage l'incendie, qui n'est arrêté que par les ruisseaux ou par les chemins. J'ai fait plus de deux cents lieues au sud de BuenosAyres, toujours dans une plaine que l'on avoit brûlée d'un seul coup, et où l'herbe

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